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SICARIO : LA GUERRE DES CARTELS de Stefano Sollima : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Sicario, day of the soldado
Père : Stefano Sollima
Date de naissance : 2018
Majorité : 27 juin 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h02 / Poids : NC
Genre
: Thriller

Livret de famille : Benicio Del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner…

Signes particuliers : Une suite à l’intérêt très limité.

L’INVERSE DE SICARIO

LA CRITIQUE DE SICARIO : LA GUERRE DES CARTELS

Résumé : Les cartels mexicains font régner la terreur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Rien ni personne ne semble pouvoir les contrer. L’agent fédéral Matt Graver fait de nouveau appel au mystérieux Alejandro pour enlever la jeune Isabela Reyes, fille du baron d’un des plus gros cartels afin de déclencher une guerre fratricide entre les gangs. Mais la situation dégénère et la jeune fille devient un risque potentiel dont il faut se débarrasser. Face à ce choix infâme, Alejandro en vient à remettre en question tout ce pour quoi il se bat depuis des années…

Au lendemain du succès du Sicario de Denis Villeneuve, l’idée d’une suite a rapidement germé dans les esprits de ses producteurs. Le scénariste Taylor Sheridan (Wind River) s’est activé à l’écriture d’un sequel sans Emily Blunt, désormais concentré sur les deux autres personnages existants campés par Benicio del Toro et Josh Brolin. Trop accaparé par Blade Runner 2049, Denis Villeneuve n’a pu rempiler derrière la caméra et c’est l’italien Stefano Sollima qui s’est retrouvé parachuté à la tête du baptisé Sicario : La Guerre des Cartels. Pour rappel, Sollima c’est l’excellent cinéaste derrière les polars transalpins All Cops Are Basterds et Suburra. Deux films, deux claques. Mais malheureusement et en dépit de la solidité de son travail passé, n’est pas Denis Villeneuve qui veut, et Sollima va souffrir aux commandes de cette « suite » qui capitalise sur la renommée du premier film, pour construire une nouvelle histoire de violence toujours autour de l’univers des cartels, du trafic de clandestins et des agents de la DEA.

Honnête et désireux de bien faire, Stefano Sollima s’applique à signer un travail efficace sur ce Sicario 2, mais ses bonnes intentions sont plombées par un scénario troué comme un morceau de gruyère. Poussif et terriblement opportuniste, Sicario : Le Jour des Cartels donne le change dans son introduction, réussit à faire un peu illusion par la suite, puis finit par tourner en rond sur lui-même faute de raconter quelque chose de vraiment consistant au-delà de son histoire d’opération secrète qui se perd dans les méandres d’une intrigue vrillant en toupie au point que l’on s’y paume à la voir mélanger trop de choses, lancer trop de pistes abandonnées, et naviguer à vue sans trop savoir quoi faire. A l’image d’une entame parlant d’attentats terroristes, ressort narratif qui s’évapore pour ne jamais revenir puisque le film va partir sur complètement autre chose. Le premier Sicario, brillamment écrit par Taylor Sheridan, pouvait compter sur le personnage d’Emily Blunt pour construire un film intelligent sur l’initiation d’une jeune idéaliste à l’horreur du monde, laquelle va devoir réétudier son rapport à la morale une fois confrontée à la barbarie. Au passage, le film avait pu aussi compter sur la subtilité de Denis Villeneuve et sur une formidable gestion de la tension qui remplaçait allègrement le besoin de scènes d’action incessantes. Sur ce point, Sicario 2 est carrément l’inverse de son aîné. La recette « un peu d’action pour beaucoup de tension » devient « beaucoup d’action pour un peu de tension ». Et le résultat n’en ressort pas grandi.

Dans ce sequel à l’intérêt finalement assez nébuleux, il est toujours question de cartels, d’opération gouvernementale clandestine, de violence et de la mince frontière qui sépare le bien et le mal. Sauf que pas grand chose ne fonctionne sur la durée si ce n’est l’efficacité de l’action car heureusement, Sollima n’est pas un manche. Sicario 2 se sent obligé d’en faire des tonnes à tous les niveaux (musique, rebondissements, multiplication des personnages) pour masquer la pauvreté de ses intentions et l’incohérence de son script incompétent et peu compréhensible. Exemple, cette phrase prononcée à mi-parcours : « Mais vous êtes naïf, vous croyiez vraiment que c’était le véritable but de cette opération ? ». Ok, et donc quel était le véritable objectif ? On ne le saura jamais. Pas sûr que Taylor Sheridan le sache lui-même tant son scénario souffre du syndrome du bricolo-rafistolage. Haletant dans ses pics d’intensité (on ne lui enlèvera pas ça), Sicario 2 devient lourd et lassant à force de se répéter pendant deux heures, remuant de l’air pour animer le vide de sa proposition et surgonflant son rythme à des fins de cache-misère.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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