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QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT de Juan Antonio Bayona : la critique du film

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note 3.5 -5
Carte d’identité :
Nom : A Monster Calls
Père : Juan Antonio Bayona
Date de naissance : 2016
Majorité : 04 janvier 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre : Drame, Fantastique

Livret de famille : Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Liam Neeson, Geraldine Chaplin…

Signes particuliers : Un conte dramatique au fantastique métaphorique dès plus bouleversant.

LE BOULEVERSANT APPEL DE L’INCONSCIENT

LA CRITIQUE DE QUELQUES MINUTES APRES MINUIT

Résumé : Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Conor (Lewis MacDougall) und das Monster (Liam Neeson)

Après s’être confronté à l’horreur du tsunami thaïlandais de 2004 avec The Impossible, l’espagnol Juan Antonio Bayona quitte le monde du réalisme pour aller promener sa caméra du côté de celui de l’onirisme. Le cinéaste espagnol adapte à l’écran le célèbre roman de Patrick Ness, Quelques Minutes après Minuit, et signe un conte dramatique, lointain cousin du Bon Gros Géant de Spielberg, qu’il surclasse sans peine, en tout point.

Zu alt, um ein Kind zu sein: Conor (Lewis MacDougall)

Bayona est un metteur en scène talentueux, c’est indéniable et désormais communément admis. Il fallait au moins cela pour réussir à matérialiser toute la profondeur de l’histoire imaginée par Patrick Ness, entre la tragédie familiale et le fantastique symbolique. Bayona s’est illustré dans l’un comme l’autre par le passé. Avec L’Orphelinat, il avait montré son excellence dans le genre. Avec The Impossible, il avait montré sa capacité à rendre compte d’une tragédie en mettant sans cesse l’humain en avant. Aujourd’hui, le cinéaste concilie les deux. Quelques Minutes après Minuit est à la fois un conte fantastique s’échappant dans l’imaginaire, et un drame terriblement concret, coincé dans la triste étroitesse de la réalité de la vie. Un film qui navigue de l’un à l’autre, entre émotion terre à terre et merveilleux poétique, alors que les deux composantes se raccrochent sans cesse l’une à l’autre, se nourrissant mutuellement pour donner corps et cœur au vrai sujet de fond, celui d’un enfant confronté à la maladie incurable qui frappe sa mère. Un enfant pas encore en âge d’accepter la cruauté de la vie, pas encore en âge de comprendre son indicible injustice. Un enfant qui ne peut se résoudre à faire face à la perte, au deuil, incapable de pouvoir gérer ses peurs et contraint de se réfugier dans le magique pour essayer de combattre ce qu’il ne peut combattre et appréhender dans le réel.

Conor (Lewis MacDougall) muss bei seiner Großmutter (Sigourney Weaver) einziehen

La prouesse de Juan Antonio Bayona est d’avoir su conjuguer à l’écran, avec un formidable équilibre, les deux dialectiques qui composent le cœur de l’histoire du roman de Patrick Ness. D’un côté, l’horreur tangible du drame qui impacte la vie de ce jeune garçon désemparé. De l’autre, la poésie bouleversante de cet appel à un géant imaginaire pour l’aider à trouver une solution afin de parer à l’inéluctable. Avec Quelques Minutes après Minuit, le cinéaste s’immerge dans l’essence même du conte, il plonge dans sa plus pure définition. Ou comment avoir recours à un fantastique métaphorique, pour s’évader et adoucir la terrible noirceur d’une réalité contre laquelle on n’est pas armé pour lutter. Ainsi, Quelques Minutes après Minuit est tout simplement une intelligente illustration du fonctionnement de l’esprit d’un enfant, dépeint à travers les mécanismes du conte. Avec ce portrait émouvant d’un jeune garçon allant chercher dans un monde imaginaire, les solutions qu’il n’a pas dans le réel, pour se protéger des ravages de la tragédie qui le dépasse, Quelques Minutes après Minuit introduit la magie visuelle et poétique comme une réponse au désarroi. Droit dans ses bottes, Bayona balaie d’un revers de la main, toute forme de naïveté. La seule qui habite son long-métrage, est celle du regard de son jeune protagoniste, alors que Quelques Minutes après Minuit s’élève du côté du joli film basé sur une histoire dure et forte, traitée à travers le regard et l’imaginaire d’un enfant en route vers un processus d’acceptation douloureux. Le résultat fait mouche, tant le mariage entre ses deux visages est réussi. Seul reproche, les quelques longueurs qui habitent le film et qui pourront parfois le rendre difficile à apprécier à sa juste mesure, au-delà de sa belle idée et de sa chaleureuse mise en images.

Conor (Lewis MacDougall) bei der Direktorin seiner Schule (Geraldine Chaplin)

Brillamment interprété (formidable Lewis McDougall et excellentes Felicity Jones et Sigourney Weaver), Quelques Minutes après Minuit est un fable initiatique poignante, un drame sur l’expérience traumatisante mais formatrice d’un enfant forcé d’appréhender la mort plus tôt que prévu. Un jeune garçon fragile qui fera appel à un monstre d’écorce pour trouver la force de dépasser la montagne qui lui barre sa route. Une belle manière de montrer que le pouvoir de l’imaginaire peut nous permettre de surmonter toutes les épreuves. Oui, il y a bien quelque-chose de spielbergien chez Bayona. La relève est-elle là ? C’est en tout encourageant quand on pense que le cinéaste planche activement sur Jurassic World 2.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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