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MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols : la critique du film

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Midnight-Specialnote 5 -5
Nom : Midnight Special
Père : Jeff Nichols
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h51 / Poids : 18 M€
Genre : SF, Drame, Thriller

 

Livret de famille : Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver, Sam Shepard, Jaeden Lieberher…

Signes particuliers : Midnight Special est un chef-d’oeuvre instantanément culte. Et puis bon sang, mais quelle affiche somptueuse !!

LA SF A UN NOUVEAU NOM : MIDNIGHT SPECIAL

LA CRITIQUE

Résumé : Fuyant d’abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d’une chasse à l’homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d’accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.MIDNIGHT SPECIALL’INTRO :

Il a suffi de trois films à Jeff Nichols pour s’imposer comme l’un des cinéastes américains les plus intéressants de sa génération. Voire même l’un des plus talentueux. Shotgun Stories, Take Shelter puis Mud. En trois longs-métrages étalés sur cinq ans, le réalisateur s’est déjà fait un nom, bâti une réputation, et transcendé son art, à la jointure du cinéma d’auteur et du cinéma « traditionnel ». Pour son quatrième effort, d’ores et déjà très attendu, Jeff Nichols revient par la porte du genre avec Midnight Special, film de science-fiction à la distribution majestueuse : Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver, Sam Shepard, tous entourant le jeune Jaeden Lieberher. Produit par la Warner pour un budget modeste de 18 M$ (néanmoins le plus gros confié à ce jour au metteur en scène), Midnight Special intriguait follement sur la base de ses premières images et bandes-annonces, sur la base de sa sélection au festival de Berlin, sur l’idée que le réalisateur a obtenu du studio, carte blanche et final cut, ou encore par sa manière de cultiver le mystère, et ce dès son tournage effectué dans la discrétion la plus absolue. Aujourd’hui, on peut le dire, l’attente n’aura pas été vaine.midnight_special_nicholsL’AVIS :

Que retenir de Midnight Special ? Ces moments de thriller à l’intensité dévastatrice. Ces moments spectaculaires époustouflants distillés avec une extrême parcimonie renforçant leur impact. Ces moments de drame poignants liés à un fin travail d’écriture sur la psychologie des personnages. Ces moments de poésie subjuguante où la magie envahit l’écran. Ces moments où la science-fiction, le road movie et le drame familial se mélangent dans une aventure étourdissante de virtuosité. Ces moments où sa sublime partition enivre et envoûte l’oreille. Ces moments où les motifs science-fictionnels incroyablement maîtrisés transpercent l’écran. Ces moments où l’on a l’impression de voir le meilleur de l’héritage de Steven Spielberg sur la génération ayant grandi dans les années 80. Ces moments où la mise en scène offre des plans de cinéma fabuleux. Ces moments où la tension fait exploser la définition du terme. Ces moments où la puissance de l’amour parental bouleverse. Ces moments où le croire ou ne pas croire s’entrechoquent. Ces moments où la pureté du cinéma d’auteur rencontre frontalement le pouvoir haletant du genre. Ces moments de grâce illuminés par le jeu charismatique de Joel Edgerton et Michael Shannon. Ces moments de suspens à en arracher les accoudoirs de son fauteuil. Ces moments confectionnés dans l’inattendu laissant leurs effets de surprise aiguisés opérer pleinement sur le spectateur. Ces moments d’humanité ravageuse. Ce moment où Kirsten Dunst déchire l’écran au détour d’un plan d’exception… Et au final, on retient surtout que la somme de tout ça, donne lieu à un grand moment de septième art. Car oui, la science-fiction vient de s’enrichir d’un nouveau chef-d’œuvre fantastique. Il s’appelle Midnight Special, et il marquera autant l’année 2016 que le genre en général.MIDNIGHT SPECIALInspiré par ses aînés et un amour certain du cinéma à l’ancienne (Spielberg en premier lieu, mais aussi Joe Dante, Carpenter, James Cameron ou Chris Columbus), Jeff Nichols signe un petit monument utilisant son imagerie SF avec doigté et intelligence, pour créer des scènes de cinéma à la fois fortes et marquantes. Des moments de cinéma incroyables qui inondent l’écran à chaque minute qui passe. En un film, Jeff Nichols vient de rappeler avec génie, à quel point le cinéma de science-fiction moderne n’est finalement que de l’esbroufe, se reposant bien trop souvent sur un déluge d’effets spéciaux rutilants espérant asseoir le spectateur devant un étalage de technologie vrombissant, la plupart du temps adossé à du rien. Avec Midnight Special, Jeff Nichols transcende le genre uniquement à la force d’une mise en scène puissante illustrant un scénario simple dans l’idée mais travaillé dans ses plus infimes recoins. Il y a du Rencontres du Troisième là-dedans. Il y a du E.T., du Starman et plein d’autres références toutes aussi valeureuses. Mais n’allez pas croire que le cinéaste se repose justement sur ses références en pensant qu’elles assureront le job pour lui. Non, Nichols déploie une œuvre personnelle, une œuvre qui cultive perpétuellement, un amour inconditionnel du cinéma, en plus de s’en faire une haute opinion. Gravitant autour ses nombreux mystères, distillant pas à pas des éléments de réponses pour mieux créer de nouveaux enjeux et ainsi alimenter son histoire sur courant continu, Midnight Special nous maintient dans une atmosphère de fascination permanente. Et une fois pris dans les mailles de ses filets, il en devient alors impossible de décrocher, littéralement hypnotisé par la beauté permanente d’un effort total, qui ne se satisfait jamais de sa seule splendeur formelle, mais qui s’applique sans cesse à aller tutoyer la quintessence du grand cinéma.MIDNIGHT SPECIAL Midnight Special en déroutera probablement plus d’un, comme ce fut le cas du côté de la Berlinale, par sa manière de prendre à rebrousse-poil le genre dans lequel il s’inscrit, par sa manière de se parer d’énigmatisme, par sa manière de tourner le dos au superflu pour ne garder que sa substance importante, ou de privilégier l’humain dans l’action et non l’inverse. Mais les amoureux de cinéma ne s’y tromperont pas. Le dernier Jeff Nichols est tout simplement grandiose, et l’un des meilleurs films de science-fiction vu depuis un sacré bail !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

One thought on “MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols : la critique du film

  1. Ta critique et la bande annonce m’ont vraiment convaincus.
    J’ai adoré l’atmosphère de la B.A, avec un côté D.A.R.Y.L. au niveau de son histoire (tu confirme ?).
    Ce qui est sûr, c’est que je dois voir ce film !

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