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LES KAÏRA (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Les Kaïra
Parents : Franck Gastambide
Livret de famille : Medi Sadoun (Abdelkrim), Franck Gastambide (Moustem), Jib Pocthier (Momo), Ramzy Bedia (Warner), Alice Belaïdi (Khadija), Pom Klementieff (Tia), François Damiens, Eric Cantona, Elie Semoun, Demon One, Rocco Siffredi, Katsuni…
Date de naissance : 2012
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h35 – 4 millions €

Signes particuliers (+) : Quelques bons gags et des guests à la pelle.

Signes particuliers (-) : Épuisant, bruyant, bordélique et indigeste. Un effort de scénario pour lier les gags eut été appréciable. Un humour spécial puisant de trop dans les clichés stupides.

 

WESH ! TA GUEULE.

Résumé : Trois pots d’enfance d’une citée de Melun sont des loosers caractérisés qui ne font rien de leur vie à part zoner comme des ados attardés. Quand ils découvrent une pub pour un géant casting pour entrer dans le circuit du film porno, les trois amis y voient une chance de devenir des stars pleine aux as et roulant en grosses bagnoles avec des dizaines de filles à leur pied. Ils décident de s’y rendre. C’est le début des galères.

Adaptation du web-programme court Kaïra Shopping qui avait tapé dans l’œil des dirigeants de Canal+ qui lui ont donné sa chance, Les Kaïra est l’évolution logique d’un concept qui fait fureur, sorte de parodie de télé-shopping version banlieusarde avec trois amis lascars loosers. Fan du programme, c’est le réalisateur Mathieu Kassovitz, qui avait participé à un épisode, qui souleva l’idée de l’adaptation au cinéma auprès de la petite équipe composé de Medi Sadoun, Franck Gastamide (acteur et réalisateur) et Jib Pocthier. Une idée qui fera son chemin et qui aboutira à ce long-métrage après la troisième saison.

Comme beaucoup de programmes courts (Un gars, Une Fille, Caméra Café, Kamelott ou Bref par exemple), la force est de Kaïra Shopping était sa brève durée permettant d’être efficace et concis en un laps de temps imparti limité ne laissant pas de place à l’inutile et au non-nécessaire. L’idée d’une transposition en format long était du coup périlleuse et le programme d’M6 évoqué, Caméra Café, en est un exemple parlant. Hilarant dans son concept initial aidé par son rythme direct et rapide, les deux adaptations cinématographiques furent deux purges navrantes de ridicule égrenant poussivement des gags qui ne fonctionnaient pas sur la durée. Franck Gastambide devait donc être prudent pour éviter le naufrage. L’idée était de garder l’essence de la web-série originelle parlant de la banlieue avec un humour légèrement caricatural, forçant le trait d’une culture et d’un style moderne venu des banlieues, celui des kaïra.

Et comme on pouvait s’y attendre, le franchissement du petit au grand écran est une catastrophe retentissante. Handicapé par les traditionnels défauts récurrents d’une grande majorité de comédies françaises, Les Kaïra se plante dans les grandes largeurs. Aucun sens du timing humoristique, aucun savoir-faire dans la gestion du rythme, le film adapté est un amoncellement de sketches liés par une vague intrigue à se taper la tête contre les murs d’indigence, prétexte à y placer tout et n’importe quoi. Le gros problème ici est que les gags ne sont pas issus de la narration mais que c’est la narration qui semble issue des gags ou comment avoir des idées marrantes et essayer de les regrouper en cherchant une histoire qui pourrait faire office de fourre-tout. Citant le ricain Judd Apatow comme référence, Gastambide ne semble pas une seule seconde avoir compris ce qui fait la force de ses films où comment se doter d’un sens du timing faisant que les vannes tombent à point, dans un rythme éclair qui fuse sans que jamais le moindre gag ne soit handicapé par du gras inutile cherchant à l’étirer en longueur. Dans Les Kaïra, le moindre moment drôle (et il y en a, c’est bien ça le drame) se doit absolument d’être toujours trop long, de dépasser la limite temporelle qui l’aurait rendu efficace.

Ce patchwork nonsensique et décousu mêlant peinture forcée indigestement caricaturale de la banlieue, gags potaches, vulgarité permanente artificielle, irrévérencieux et clins d’œil avec tout un tas de guest plus ou moins drôles (Cantona, Rocco Siffredi, Katsuni, Elie Semoun) donne lieu à un gigantesque assemblage de saynètes bordélique qui, posées bout-à-bout, fatiguent plus qu’elles ne font sourire malgré ses bons passages. On ressort de là saoulé par un trop plein, trop d’un coup, d’un film qui a voulu conserver un rythme frénétique mais qui s’y est terriblement mal pris poussant à l’overdose et dont l’authenticité du produit originel s’est évaporé au profit d’un comique forcé permanent. Même La Haine était plus drôle !

Bande-annonce :


Les Kaira le film, la bande annonce officielle par leskaira

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