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LE MONDE DE CHARLIE (critique)

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Carte d’identité :
Nom : The Perks of Being a Wallflower
Père : Stephen Chbosky
Livret de famille : Logan Lerman (Charlie), Emma Watson (Sam), Ezra Miller (Patrick), Mae Whitman (Mary Elizabeth), Paul Rudd (le prof), Nina Dobrev (Candace), Dylan McDermott (le père), Melanie Lynskey (tante Hélène), Tom Savini (Mr Callahan)…
Date de naissance : 2012 / Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h43 – 13 millions $

Signes particuliers (+) : Une jolie comédie dramatique indépendante classique mais portée par d’excellents comédiens avec en tête de liste, le doué Ezra Miller.

Signes particuliers (-) : Le problème du Monde de Charlie n’est pas qu’il soit bien ou pas mais qu’il ait été déjà fait mille fois auparavant.

 

RENDEZ-VOUS EN TERRES BIEN CONNUES

Résumé : Charlie attaque le lycée et pas de la meilleure des manières. Bon élève très intelligent et cultivé, il est le perçu comme looser typique. Jusqu’au jour où deux terminales, le décomplexé Patrick et la jolie Sam s’intéressent à lui…

Produit par la même boîte que le Juno de Jason Reitman, Le Monde de Charlie est un nouveau film indépendant américain, à la lisière entre le drame et la comédie dramatique, se penchant sur les émois de l’adolescence, son mal-être, ses difficultés, par le biais d’un jeune protagoniste intelligent, un peu paumé, inadapté socialement et timide maladif. Stephen Chobsky, dont c’est le premier film, adapte son propre roman à succès (on n’est jamais mieux servi que par soi-même) paru en 1999 et se charge aussi bien du scénario que de la mise en scène après avoir œuvré pour la télévision sur la série flop Jericho, dont il était le créateur et sur un film, Rent de Chris Columbus, pour lequel il avait rédigé le script. Côté casting, le néophyte cinéaste fait appel à des visages connus avec de jeunes acteurs prometteurs et quelques-uns plus confirmés dans de petits rôles d’arrière-plan. Le trio principal de cette tentative de douceur est composé de Logan Lerman, le D’Artagnan des Trois Mousquetaires 3D de Paul Anderson ou le Percy Jackson du film éponyme de Chris Columbus, de la chou Emma Watson, l’Hermione de la saga successfull des Harry Potter et surtout d’Ezra Miller, révélation extraordinaire de We Need to Talk about Kevin et qui vole ouvertement ici la vedette à ses partenaires. Derrière eux, plus expérimentés, Dylan McDermott mais aussi Paul Rudd et Tom Savini (?!) en profs complètent la distribution.

On aurait aimé trouvé dans Le Monde de Charlie une jolie petite fable dissertant sur l’adolescence, le genre de sucrerie légèrement mélancolique que l’on retrouve souvent dans les festivals indépendants façon Juno, Submarine ou Adventureland. Mais constat d’échec pour Chobsky, son film ne fera pas date dans le genre. Son film arpente des sentiers aux sillons creusés et balisés par tant de passage avant lui, et avec plus de talent. Ca n’en fait pas pour autant un mauvais film mais simplement, une œuvre très mineure, trop pour qu’on la garde en mémoire passé le générique de fin. Le cinéaste ressort tous les codes usités du genre et montre qu’il les a bien assimilé avant de se lancer. Le Monde de Charlie ressemble ainsi à la plupart de ses prédécesseurs en intégrant tous les clichés qui ont jalonné l’histoire récente de la comédie dramatique indépendante américaine sur l’adolescence : un ton doux-amer candide (quoiqu’un peu plus tragique ici avec une dramatisation plus appuyée), une BO pop dont les morceaux de musique tombent de façon forcée et sans aucune finesse, une recherche de complicité avec le spectateur doublée d’un jeu de nostalgie essayant de rappeler des sentiments vécus, un récit à la première personne et une brumeuse psychologie sentimentaliste. Tout ça avec trop peu d’originalité et rien de nouveau d’apporter au moulin du registre dans lequel le film s’insère maladroitement. Le Monde de Charlie sonne malheureusement le déjà-vu et même s’il parvient à se rendre parfois attachant (encore une fois, Ezra Miller est tellement bluffant de talent), le cynisme de l’entreprise jouant sur la corde sensible et sur une recette qui a fait ses preuves, tend encore plus à auto-caricaturer un style dans lequel les clichés sont si forts, qu’ils en viendraient presque à annihiler toute identification, même pour ceux qui auraient vaguement pu s’y retrouver.

Malgré sa délicatesse et sa sensibilité, malgré sa belle interprétation, malgré quelques jolis plans imagés et quelques idées humoristiques mignonnes, Chobsky n’élève pas son film au-dessus du seuil d’une banalité confondante qui sent presque la fin d’un cycle pour le cinéma indépendant américain. Cette chronique teen movie n’a pas grand-chose de consistant pour la faire fonctionner si ce n’est son côté attachant qui lui donne un peu de vie et la fait marcher à moitié auprès de ceux qui n’ont pas encore été rassasié de ce genre d’histoire sur un cap de la vie. Le Monde de Charlie est une déception sympathique, faute de n’avoir su s’écarter au moins d’un pas de certains de ses modèles. Trop artificiel, trop forcé sur le plans stylistiquement comme narratif, reste un moment pas désagréable mais le récit initiatique proposé ne va pas bien loin, n’amène à rien, n’apporte rien et se regarde uniquement dans l’instantanéité de son moment entre bluette aléatoirement sobre et resucé convenu.

Bande-annonce :

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