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LE LIVRE DE LA JUNGLE : Rencontre avec Jon Favreau et Neel « Mowgli » Sethi

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le_livre_de_la_jungleA l’occasion de la sortie au cinéma mercredi 13 avril de l’adaptation live du Livre de la Jungle, nous avons pu rencontrer le réalisateur Jon Favreau (Iron Man, #Chef) et le jeune acteur Neel Sethi, qui incarne Mowgli dans le film.

Synopsis : Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un pyton à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu. Jon_Favreau Neel Sethi

Jon Favreau : « Bonjour »… Désolé, mon français s’arrête à ça !

Dans quel état d’esprit se trouve t-on lorsque l’on s’attaque non seulement à un classique de la littérature, mais en plus à un classique de Disney ?

Jon Favreau : Ils sont très différents l’un de l’autre. Vouloir rester fidèle était une gageure mais du coup, la gageure était double ici. L’histoire de Kippling était très intense, très sombre, parfois effrayante, l’enjeu réel était celui d’un enfant qui affrontait la jungle. Le dessin-animé de Disney, c’était une comédie « musicale » destinée aux enfants, beaucoup plus légère et amusante. Nous avons voulu combiner ces deux héritages, et au sommet de tout cela, nous avions en plus la possibilité, grâce à la technologie d’aujourd’hui, d’obtenir quelque-chose de très intense, d’obtenir une nature et des animaux qui soient photo-réalistes, avec une imagerie qui nous permettrait de nous plonger complètement dans cet univers assez sombre. Et en fait, ce résultat, nous y sommes parvenus en ayant recours au fameux « Big Five de Disney » (les cinq classiques fondateurs) qui sont Blanche-neige, Pinocchio, Fantasia, Dumbo et Bambi. Ces films sont ceux qui un ton plus sombre que les autres Disney. On peut ajouter Le Roi Lion aussi. Je pense que nous sommes parvenus à garder cet esprit tout en ayant une démarche nouvelle, à réunir tous ces éléments et à proposer quelque-chose d’intense, avec une aventure excitante.

Est-ce que vous avez cherché à développer la thématique de la nature humaine vs la nature sauvage, que l’on sent présente dans le film ?

Jon Favreau : Je pense que la thématique relève de mythes anciens qui remontent à bien avant Kippling ou Disney. C’est vraiment le mythe de l’enfant sauvage, un mythe fondateur présent dans toutes les cultures. C’est quelque-chose que je n’avais pas vraiment en tête de façon consciente au moment de commencer à travailler sur le film mais c’est apparu comme étant la spécificité de la génération à laquelle je m’adresse. Il se trouve que nous arrivons cent ans après Kippling et nos enfants ont encore un rapport différent à la nature. Aujourd’hui, on ne peut plus voir la nature comme un élément menaçant qui cherche à nous nuire, mais plutôt comme un élément auquel nous devons apporter tout notre respect et toute notre protection. C’est probablement le message qui m’est apparu à moi-même et que j’ai voulu transmettre au public du film.Jon_Favreau_3

On sent un message sur le besoin de rester soi, d’embrasser sa destinée, de devenir celui que l’on a envie d’être sans se trahir et en trouvant sa propre voie. C’était déjà une thématique que l’on retrouvait dans #Chef, votre film précédent. C’est un sujet que vous aimez creuser de film en film ?

Jon Favreau : Je pense que les réalisateurs sont les dernières personnes à qui poser une question à propos des « thématiques » parce que, quand vous faites un film, c’est avant tout intuitif. Ce n’est qu’après, quand on y regarde de plus près, que l’on remarque des traits communs. Il y a du vrai là-dedans en tout cas. En l’occurrence, je pense que oui, j’ai une croyance un peu de cet ordre là, comme s’il y avait un grand schéma, quelque-chose qui serait de l’ordre de la destinée, une façon qu’a l’univers de se déployer et l’on suit le courant et l’on s’ouvre à ce mouvement spirituel qui nous accompagne et qui nous porte. Quand on est dans le sens où les choses doivent se faire, on parvient à sa destinée et lorsqu’on est bloqué ou divisé, il faut avoir recours à la communauté, aux êtres qui nous sont proches, à la famille, pour que ça se débloque et qu’on puisse aller dans le sens de l’univers. Je pense que plus on s’approche de cette sensibilité là, plus on devient un meilleur conteur car on a recours à un mythe universel qui permet de parler autant de Mowgli que du « Chef ». Ce sont deux personnages très différents mais qui participent à cet élan là du mythe fondateur, du héros universel.

Pourriez-vous nous parler de la motion capture et de la façon dont vous l’avez utilisée ? Vous avez filmé des animaux pour ensuite utiliser des mouvements par exemple ?

Jon Favreau : Nous n’avons utilisé aucun animal sur le film. Des recherches ont été faites, notamment grâce à internet qui nous donne un fabuleux accès à des informations sur la faune et la flore. On a aussi envoyé des gens en Inde pour photographier des environnements. Ces images fixes nous ont donné une bonne base de données. Mais la motion capture n’a été utilisée que sur des êtres humains, on ne s’en est pas servi pour conceptualiser des animaux.

Vous l’avez utilisée sur les comédiens genre Bull Murray et les autres ?

Jon Favreau : Pas pour tous les personnages. Pour matérialiser le corps et les mouvements du serpent, utiliser la motion capture sur Scarlett Johansson… ça n’aidait pas des masses. C’est pas tout à fait le même physique ! (rires) En revanche, pour le Roi Louie, joué par Christopher Walken, on s’en est servi. Je ne voulais pas l’embêter avec des tonnes de capteurs sur la figure donc on s’est servi de trois caméras, c’était suffisamment pour emmagasiner toutes les informations d’un visage. Son visage a été utilisé, son corps moins. En fait, je vais vous faire une confidence… Pour le corps, c’est moi qui ai enfilé la combinaison pour jouer le gros gorille ! Il y avait donc la tête de Christopher Walken sur mon corps à moi ! Mais restez discret là-dessus, ma femme n’est pas au courant. (rires)Jon_Favreau_2

Une question pour Neel Sethi. Comment avez-vous joué la comédie en donnant la réplique à des animaux qui n’existaient pas physiquement devant vous ? Comment cela s’est passé ? Vous avez eu des balles de tennis comme repères ?

Neel Stehi : J’ai entendu dire que certains acteurs jouaient avec des balles de tennis comme repères mais je n’ai pas eu besoin de ça. J’ai joué face à des marionnettes qui se recouvraient d’un costume bleu que l’on remplaçait ensuite par ordinateur. Parfois, c’était Jon (Favreau) lui-même qui se cachait derrière la marionnette pour me donner la réplique. Ça m’a beaucoup aidé.

Vous en sortez très bien avec votre ours. Vous avez vu The Revenant, vous pourriez peut-être donner quelques conseils à Leonardo DiCaprio, parce qu’il s’en sort moins bien, lui.

Neel Sethi : Je n’ai pas vu le film, je ne crois pas que j’ai l’âge ! Mais mon ours est moins méchant et plus chantant. Baloo ne me ferait jamais des choses pareilles !Neel_sethi

Votre rôle est assez physique, vous courrez beaucoup, vous sautez beaucoup…

Neel Sethi : J’ai eu deux semaines d’entraînement intensif pour apprendre à être le plus souple et agile possible. Mais j’aime beaucoup le sport donc ça allait. Quand je jouais que j’étais poursuivi par Shere Khan, je ne pouvais pas m’arrêter au milieu pour dire « Attends Tigrou, il faut que je passe un obstacle« . Il fallait que je m’en sorte et que ça soit crédible. Et puis attention, vous avez l’impression que je cours tout le temps mais en fait, je ne cours pas tout le temps. J’ai couru deux ou trois fois sur un fond bleu et après, ils ont utilisé et répété ça avec des ordinateurs sur différents décors.

Vous avez tout tourné en studio, quel a été votre impression quand vous avez vu le résultat fini sur un écran ?

Neel Sethi : Déjà, c’était super car à la fin de chaque prise de vue, je pouvais aller voir sur un moniteur une première version, qui n’était finalisée bien sûr, mais où je pouvais voir autre chose que la marionnette que j’avais en face de moi. Déjà, ça avait l’air mieux. Après, je voyais plus tard la scène un peu achevée et ça avait l’air encore mieux, et quand j’ai vu le film fini, c’était carrément génial. A tel point que dès fois, je voyais des choses que je n’avais même pas eu l’impression de faire sur le tournage. Je voyais des scènes et je me disais: « Mais j’ai pas fait ça moi sur le tournage ?« 

LA BANDE-ANNONCE :

Merci à Jon Favreau, Neel Sethi et les équipes de Disney France pour cette rencontre.

Propos recueillis par Nicolas Rieux pour Mondociné

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