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LE DERNIER REMPART (critique)

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Mondo-mètre :

Carte d’identité :
Nom : The Last Stand
Père : Kim Jee-woon
Livret de famille : Arnold Schwarzenegger (Shériff Owens), Forest Whitaker (Bannister), Johnny Knoxville (Lewis), Genesis Rodriguez (Ellen Richards), Luis Guzman (Figuerola), Edouardo Noriega (Cortez), Peter Stormare (Burell), Zach Gilford (Jerry), Rodrigo Santoro (Frank)…
Date de naissance : 2012 / Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h47 – 45 millions $

Signes particuliers (+) : Un gros actionner régressif qui tâche, très eighties dans l’âme. Punchlines efficaces, humour déjanté et action bourrine, on connaît bien la chanson.

Signes particuliers (-) : Con comme ses pieds. Une mise en scène sans relief pour un film dont on attendait plus. Sans surprise.

 

HE SAID HE’LL BE BACK…

Résumé : Cortez, un puissant baron d’un cartel de la drogue, s’échappe lors de son transfert supervisé par le FBI. Il fonce à toute vitesse, avec un otage, vers la frontière mexicaine, son but étant de passer par un pont dans la petite bourgade de Sommerton. Le problème à Sommerton, et que Cortez n’avait pas prévu, c’est Ray Owens, son Shériff. Owens n’entend pas du tout de cette oreille que le criminel se serve de sa ville comme d’un tremplin vers la liberté…

Double débuts dans la genèse du Dernier Rempart qui marque à la fois les débuts de la seconde carrière ciné de la star Arnold Schwarzenegger qui est de retour aux affaires après sa parenthèse politique qui aura couru de 2003 à 2011. Le film marque également les grands débuts américains du talentueux Kim Jee-woon, fantastique metteur en scène coréen à qui l’on doit des baffes telles que Deux Sœurs, A Bittersweet Life, Le Bon La Brute et Le Cinglé ou le dernier et pas des moindres J’ai Rencontré le Diable. Au sortir de son anthologie sur la fin du monde, Doomsday Book, cosignée avec Pil-Sung Yim, le trublion tente donc un chemin que beaucoup de cinéastes asiatiques ont testé avant lui avec des fortunes diverses, souvent malheureusement ratées. John Woo, Tsui Hark, Ringo Lam, Hideo Nakata, Kitano, Ang Lee, Wong Kar-Wai, Bong Joon-ho (en train de réaliser Le Transperceneige), Park Chan-Wook (actuellement sur Stoker), autant de noms à avoir traversé les océans pour se rendre en terres hollywoodiennes, tenter leur chance. Certains s’en sont pas trop mal sortis (John Woo, Wong Kar-wai), d’autres auront à cœur d’oublier la mésaventure (Tsui Hark, Ringo Lam).

C’est par un film de commande (comprendre qu’il n’en a pas écrit le scénario déjà) que Kim Jee-woon attaque cette nouvelle expérience et pas n’importe lequel, un film calibré 100% action old school, film qui s’avèrera finalement (après le désistement de Liam Neeson qui devait en être initialement la vedette) être le digne retour au cinoche viril et musclé de l’un de ses plus illustres représentants, le Gouvernator Schwarzy, l’autrichien qui n’a plus porté de films sur ses épaules depuis Terminator 3 en 2003. Hormis quelques apparitions ça et là et notamment dans les Expandables de son pote Stallone, Schwarzenegger s’est retiré du cinéma pour se consacrer corps et âme à ses fonctions étatiques. Avec la fin de l’aventure politique, le colosse a soif de plateau et après un passage obligé par la case remise en forme, le voilà fin prêt et fringuant pour rejoindre le Nouveau-Mexique où a eu lieu le tournage de cette série B budgétée à 45 millions un poil rétro, très eighties/nineties dans l’âme.

Pour sa première en sol US, Kim Jee-woon a de la chance avec un projet de premier plan (certains n’ont pas eu autant de pot – voir Tsui Hark ou Ringo Lam) et se voit gâté par un casting « international » riche en talents divers, de l’ibérique Edouardo Noriega au toujours élégant Forest Whitaker, du suédois expert en rôle de méchants Peter Stormare à la néo-bombasse latina Genesis Rodriguez en passant par l’éternel et solide second-rôle portoricain Luis Guzman, l’excellent Zach Gilford (l’une des nombreuses jeunes révélations de la série Friday Night Lights) et même un contre-emploi avec l’ex-Jackass Johnny Knoxville. Côté script, l’histoire du Dernier Rempart sera l’œuvre de Jeffrey Nachmanoff (Le Jour d’après et plusieurs épisodes du TV show Homeland sur lequel il officie également comme réalisateur) qui aura retravaillé un premier jet présenté par un jeune nouveau venu, Andrew Knauer, qui proposait là son premier scénario à Hollywood.

Joyeuse plantade sur le sol ricain ainsi que dans les différents pays où il est sorti (et la France ne fait pas exception), Le Dernier Rampart est comme un produit formaté pour sa star, du cinéma à l’ancienne qui joue des épaules. Traduction, du gros cinoche qui dépote et qui tâche, officiant dans le registre de l’actionner sans complexe, un brin bas du front mais privilégiant le fun, le spectacle et le sympathique avec un petit quelque chose de jouissif aidé par la violence toute naturelle (les gunfights s’achève dans des gerbes de sang) d’un projet qui se couvre derrière son statut de série B qui vous emmerde et puis basta ! On pouvait s’attendre à mieux de la part du talentueux Kim Jee-woon mais au vu de la chose, il n’y avait certainement pas grand-chose à faire de plus si ce n’est mieux choisir son projet pour une première américaine. Mais attention, non pas que le cinéaste s’en tire avec les honneurs par rapport au potentiel de son entreprise non plus, car on le sait tellement capable de mieux que l’on reste un peu frustré et sur notre faim, même en prenant Le Dernier Rempart comme du pur pop corn movie, ce qu’il est par ailleurs. Avec en poche un script manichéen au possible et recyclant tous les clichés imaginables, Jee-woon Kim fait le minimum syndical pour assurer à son film ce que l’on en attend : de l’efficacité, du rythme et du divertissant. Clairement, il aurait pu davantage se casser la tête pour élever sa mise en scène mais le coréen a préféré assurer son rôle de technicien en signant un film propre et bien troussé sur les contours. Après, quand on plonge le nez dedans, Le Dernier Rempart n’est pas du grand ni vraiment du bon cinéma. C’est juste de l’entertainment classique, plutôt correct pour la catégorie dans laquelle il boxe qui nous aura offert bien pire et emballé dans une honnête facture.

Mais surtout, Le Dernier Rempart marque un premier galop d’essai pour un Schwarzenegger qui remet doucement la machine en route. Punchlines directes à l’ancienne, action rentre-dedans, humour un peu con mais efficace, le film ne s’embarrasse pas de créativité et ressert une recette vieille comme le monde dans un vieux pot qui a fait ses preuves. Bourrin et buriné comme son acteur principal, cette petite virée près de la frontière mexicano-américaine ne fera pas date, ça c’est sûr, mais fonctionne sur le moment en nous offrant ce que l’on est venu y chercher même si la satisfaction n’est pas optimale et le menu pas aux petits oignons. Acteurs secondaires pas toujours bien traités, clichés usités, trame convenue courte sur patte, double intrigue un peu foireuse sur les bords, scène d’action sympas mais auxquelles il manque le plus qui les rendrait démentes, on a instantanément conscience des défauts d’un film que l’on espérait plus savoureux, plus ingénieux, mieux affiné dans ses finitions. Car Le Dernier Rempart est tout juste bâti assez grossièrement pour fonctionner comme un plaisir coupable régressif totalement idiot mais divertissant, rendant hommage au cinéma des 80’s. D’ailleurs, on se croirait presque un instant dans un Commando à la Mark Lester tellement ! Sur sa forme globale, l’exercice de Jee-woon tient la route. L’apparence extérieure du Dernier Rempart fait illusion avec un Schwarzy qui fait du Schwarzy en durcissant le front et en balançant ses textes comico-efficaces avec son vieil rugueux à l’autrichienne entre deux coups de tatane ou rafale de pétoire. « Un seul homme se dressera contre eux » (à lire avec la grosse voix qui faisait les bandes-annonces des films d’action des eighties). Un seul ou presque. Avec sa petite bande de fortune montée en catastrophe et un arsenal d’armes pour résister, Le Dernier Rempart c’est le style des 80’s couché sur pellicule dans du ciné hommage. Avec la qualité en plus et on aurait été bon car même si c’est pas terrible, c’est fou que c’est attachant.

Bande-annonce :

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