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LA TAUPE (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Tinker, Taylor, Soldier, Spy
Parents : Tomas Alfredson
Livret de famille : Gary Oldman, John Hurt, Mark Strong, Ciaran Hinds, Toby Jones, Colin Firth, David Dencik, Kathy Burke, Stephen Graham, Tom Hardy…
Date de naissance : 2012
Nationalité : France, Angleterre, Allemagne
Taille/Poids : 2h07 – 25 millions $

Signes particuliers (+) : Une reconstitution exceptionnelle. Un scénario complexe qui rend justice aux romans de Le Carré. Un casting triple A. Une précision millimétrée remarquable.

Signes particuliers (-) : Peut-être un peu trop complexe à suivre.

 

ET C’EST MIGNON, MIGNON, MIGNON, GNON, GNON…

Résumé : Un agent du MI6 sort de sa retraite à la demande de ses anciens supérieurs, pour tenter de débusquer une taupe à la solde des soviétiques, infiltrée à l’intérieur du service. La liste des suspects est longue mais les soupçons sont essentiellement portés sur les principaux agents secrets du département…

Adapter John Le Carré n’est pas chose facile. Le romancier aime à plonger le lecteur dans des thrillers d’espionnage complexes, détaillés et archi-documentés multipliant les intrigues et les personnages, pour au final des pavés comme ce Tinker, Tailor, Soldier, Spy, bouquin de plus de 400 pages nécessitant une grande concentration pour suivre un récit épais et dense. Déjà adapté à la radio puis en mini-série produite par la BBC avec Alec Guinness, le célèbre best-seller se voit aujourd’hui porté à l’écran par le suédois Tomas Alfredson, auteur du lunaire chef d’œuvre horrifique Morse en 2009. Avec l’aide de ses deux scénaristes Bridget O’Connor et Peter Straughan, Alfredson va tenter le pari de retranscrire au mieux toute la richesse du matériau de base, taillant dedans pour le rendre cinématographique sans le dénaturer, le tout sous les yeux d’un John Le Carré producteur exécutif, supervisant l’adaptation.

La Taupe est une pure œuvre pour cinéphile par l’exigence qu’elle requiert toute comme par les souvenirs qu’elle amène. Renvoyant au cinéma des années 70 (l’époque à laquelle se situe le récit), le film d’Alfredson confère aux meilleurs Coppola ou Sidney Lumet par son intelligence narrative et sa complexité hallucinante. Récit alambiqué reposant sur pourtant une idée simple, celle du débusquage d’une taupe infiltrée au sein des services secrets britanniques, La Taupe n’a rien de simple, rien de facile. Multipliant les allers et retours dans le temps, entre les personnages, entre les intrigues annexes étayant systématiquement le fil conducteur directeur, La Taupe est un véritable thriller casse-tête plongeant dans les méandres les plus compliquées du milieu des espions entre relations tendues, complots organisés, intrigues millimétrées, ficelles nouées, toiles tissées et manipulations… Exigeant envers le spectateur, il l’est tout aussi envers lui-même par sa réalisation incroyable de précision chirurgicale. Simple mais sophistiquée, la mise en scène d’Alfredson est glaciale à l’image de l’ambiance planant sur un film traduisant toute la tension palpable et permanente animant un univers embrouillé dans un monde qui l’était tout autant en terme de stabilité politique mondiale. Le cinéaste met tout ce qu’il a au service de son film pour lui conférer l’atmosphère qu’il cherche à retrouver, celle des meilleurs thrillers des seventies. En invitant leur solidité et leur style épuré mais réglé comme de l’horlogerie fine, La Taupe force le respect et impose sa mécanique, avec au passage une brillante reconstitution historique.

Porté par un casting impressionnant emmené par un Gary Oldman crépusculaire, on retrouve pêle-mêle une pléiade de stars ou d’acteurs secondaires solides comme John Hurt, Colin Firth (que l’on ne présente plus), Mark Strong, Ciaràn Hinds (Rome, Munich, There Will Be Blood), Tom Hardy (Warrior), Toby Jones (éternel second rôle toujours bon), Stephen Graham (This is England, Gangs of NY, The Damned United), tout ce beau participant à ce grand moment de cinéma clinique, austère, ne s’offrant pas comme une œuvre palpitante mais plutôt comme un jeu d’échec filmique, disséquant l’espionnage comme aux grandes heures d’un cinéma à l’ancienne. Du cinéma posé, lent, calme et verbeux mais magistral, peut-être un poil trop justement, impliquant forcément une grosse concentration pour suivre au mieux sa brumeuse construction, requête qui pourrait bien décourager certains devant l’ampleur de la montagne à franchir.

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