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LA MISSION de Paul Grengrass : la critique du film [Netflix]

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Carte d’identité :

Nom : News of the World
Père : Paul Greengrass
Date de naissance : 2020
Majorité : 10 février 2021
Type : Disponible sur Netflix
Nationalité : USA
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Western, drame, aventure, historique

Livret de Famille : Tom Hanks, Helena Zengel, Elizabeth Marvel…

Signes particuliers : Le 6 janvier au cinéma… à côté du logo Netflix. Une affiche qui résume la situation actuelle de l’industrie cinématographique.

 

 

VOYAGE SUR LES TERRES DE JOHN FORD

NOTRE AVIS SUR LA MISSION

Synopsis : Cinq ans après la fin de la Guerre de Sécession, le capitaine Jefferson Kyle Kidd, vétéran de trois guerres, sillonne le pays de ville en ville en qualité de rapporteur publique et tient les gens informés, grâce à ses lectures, des péripéties des grands de ce monde, des querelles du gratin, ainsi que des plus terribles catastrophes ou aventures du bout du monde. En traversant les plaines du Texas, il croise le chemin de Johanna, une enfant de 10 ans capturée 6 ans plus tôt par la tribu des Kiowa et élevée comme l’une des leurs. Rescapée et renvoyée contre son gré chez sa tante et son oncle par les autorités, Johanna est hostile à ce monde qu’elle va devoir rejoindre et ne connait pas. Kidd accepte de la ramener à ce domicile auquel la loi l’a assignée. Pendant des centaines de kilomètres, alors qu’ils traversent une nature hostile, ils vont devoir affronter les nombreux écueils, aussi bien humains que sauvages, qui jalonnent la route vers ce que chacun d’entre eux pourra enfin appeler son foyer.

Huit ans après le respectable Captain Phillips, Paul Greengrass retrouve Tom Hanks pour News of the World (banalement titré La Mission chez nous), un western mélancolique dans l’Amérique post-guerre de Sécession. Passé de main en main (il était propriété de la Fox avant d’être refilé à Universal après le rachat de la firme par Disney), News of the Word atterrit finalement chez nous sur Netflix faute de cinémas ouverts pour l’accueillir. Décidément, L’Incroyable Monsieur Rogers avait été expédié en VOD, USS Greyhound avait pris la tangente vers Apple TV+ et cette Mission termine son contrat sur Netflix, on n’a jamais autant vu Tom Hanks… ailleurs qu’au cinéma. Mais si l’acteur brille par la sobriété de son jeu, ce n’est pas lui principalement qui sublime ce News of the World. A n’en pas douter, Paul Greengrass est le grand architecte derrière la réussite de ce long-métrage qui désarme certains des codes hollywoodiens traditionnels.

Que les amateurs de grandes aventures trépidantes soient prévenus, on ne vient pas voir La Mission pour son programme en matière d’action. Ce n’est pas du tout ce qu’ambitionnait Greengrass avec cette adaptation d’un roman Paulette Jiles, et ça tombe bien, ce n’est d’ailleurs pas ce qu’il propose. Très influencé par l’œuvre fondatrice de John Ford (mais sans que Tom Hanks soit un copier-coller de son John Wayne), Paul Greengrass signe un western subtilement « à l’ancienne » porté par un fin mélange de mélancolie, d’aventures à échelle humaine et d’émotions juste caressées. La mélancolie est la résultante d’un contexte, cette Amérique chaotique « du lendemain », défigurée, perdue, encore traumatisée et sonnée par une guerre de Sécession qui lui aura tant coûté. Dans cet univers en pleine refonte et remodélisation identitaire, chacun se cherche et cherche son futur. Comme ce duo que l’on va suivre, un ancien capitaine devenu rapporteur public itinérant (en gros, il voyage de ville en ville pour lire les journaux aux assistances curieuses de savoir ce qu’il se passe à l’autre bout du pays) et une fillette manifestement d’origine allemande recueillie qui a grandi dans une tribu indienne (et qui de fait, ne parle pas anglais). L’aventure, ça va être leur voyage parsemé d’embûches, le premier ayant accepté de convoyer la seconde vers ce qu’il semble lui rester de famille. Sans jamais trop se conformer à un canevas construit selon une recette mathématique dictant les besoins de péripéties artificiellement placées mais tout en respectant une construction quand même assez classique dans le genre, Greengrass nous emporte dans une œuvre qui cherche avant tout à fondre le spectateur dans une ambiance, dans une atmosphère crépusculaire qui porte le film et qui va porter ceux qui le regardent. Enfin, l’émotion, ce sera ce beau récit « filial » improvisé entre deux êtres que tout oppose mais que leur voyage physique et personnel va logiquement rapprocher. Là aussi, Greengrass ne brusque rien, il filme avec sincérité des choses qui se nouent d’elles-mêmes, sans jamais chercher à « orchestrer ». Son talent de conteur va faire le reste, bien aidé par un formidable duo, un excellent Tom Hanks (comme d’habitude) d’une part et la jeune Helena Zengel (révélation du puissant Benni) face à lui.

Mélancolie, aventure, émotion, atmosphère, subtilité, sincérité… Tous ces éléments sont parfaitement combinés par un Paul Greengrass tout en maîtrise, qui navigue au-dessus de son récit avec intelligence et clairvoyance, mais surtout avec l’humilité d’un conteur discret. En cela, le cinéaste se met au diapason d’un des courants du western à l’ancienne, le courant plus John Ford que Sergio Leone, celui où le genre était un moyen d’exprimer une certaine vision crépusculaire de l’Amérique en suivant les traces d’une certaine authenticité opposée au clinquant spectaculaire.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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