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GIRL de Lukas Dhont : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Girl
Père : Lukas Dhont
Date de naissance : 2017
Majorité : 10 octobre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Belgique
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Victor Polster, Arieh Worthalter, Oliver Bodart…

Signes particuliers : Un film fort pour un sujet fort.

LA CAMÉRA D’OR DU FESTIVAL DE CANNES

LA CRITIQUE DE GIRL

Synopsis : Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.

Présenté dans la sélection Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, Girl a su faire parler de lui après avoir été récompensé de la Caméra D’Or puis du Prix d’Interprétation pour son comédien Victor Polster. Un beau succès pour ce premier long-métrage du réalisateur flamand Lukas Dhont, qui aborde la délicate question de la transidentité à travers le portrait d’une adolescente née garçon puis devenue Laura, une jeune femme passionnée de danse.

Au cœur de Girl, Lukas Dhont voulait parler d’une « héroïne capable de mettre son corps en danger pour pouvoir devenir la personne qu’elle veut être ». Le réalisateur confie également avoir voulu aborder la question de la perception des genres à l’heure où il est encore parfois difficile de concevoir qu’une fille puisse aimer le football ou qu’un garçon puisse aimer la danse. Une thématique qui n’a rien de nouvelle -on se souvient tous du Billy Elliot de Stephen Daldry voire du Laurence Anyways de Xavier Dolan- mais que le cinéaste belge affronte d’une manière plus frontale, plus intimiste, et quelque part plus réaliste.

Girl déroute un peu de prime abord par son manque d’enjeux rythmant directement le récit. Mais très vite, il apparaît clair que contrairement à bien des films actuels, l’histoire du film est à lui-seul un enjeu suffisant pour en dicter la conduite et l’évolution. Girl, c’est le parcours du combattant d’une jeune adolescente qui va devoir braver des obstacles gigantesques non pas pour atteindre un objectif mais tout simplement pour devenir ce qu’elle est déjà au fond d’elle. Et c’est avec beaucoup de délicatesse et de pudeur que Lukas Dhont va filmer ce chemin physiquement, psychologiquement et émotionnellement difficile. Car sur la route de Laura, il y a le mal-être de l’attente que les changements se montrent, il y aura les petites humiliations du quotidien et le regard des autres, l’incompréhension aussi, les difficultés d’acceptation, la peur et les relations pas toujours simples avec les proches.A chaque instant, on sentira Lukas Dhont précis, documenté, respectueux de la gravité de son sujet mais jamais envieux de s’aventurer dans un pathos facile. Au contraire, c’est la lumière que le cinéaste vise, celle d’une transformation nécessaire avec ses beaux moments comme avec ses passages éprouvants. A l’image du film d’ailleurs, qui passera par tous les visages, du bouleversant à l’inconfort ou à l’horreur. Intelligent de bout en bout, Girl est au final brillant, répétant souvent les mêmes scènes pour mieux illustrer un cycle long nécessitant une excessive patience (médicale) alors que l’empressement (personnel) se fait tant sentir. D’une formidable humanité, Girl est aussi une réussite grâce à la performance immanquable de son jeune comédien, un Victor Polster exceptionnel d’abnégation et vecteur d’émotions palpables.


BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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