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GHOST IN THE SHELL de Rupert Sanders : la critique du film

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ghost in the shell affiche 2017Mondomètre
note 3.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Ghost in the Shell
Père : Rupert Sanders
Date de naissance : 2016
Majorité : 29 mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Action, SF

Livret de famille : Scarlett Johansson, Pilou Asbæk, Michael Pitt, Juliette Binoche, Takeshi Kitano..

Signes particuliers : Un live-action qui simplifie les animés sans toutefois tomber dans le blockbuster facile.

LE FANTÔME DANS LA CARAPACE

LA CRITIQUE DE GHOST IN THE SHELL

Résumé : Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre. Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on la lui a volée. Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres. GHOST IN THE SHELLÉcartons d’emblée un débat inutile, histoire de prévenir et de couper court à des empoignades malvenues : il serait totalement vain de vouloir comparer cette adaptation live-action de Ghost in the Shell, et son modèle animé de 1995, classique de Mamoru Oshii admiré par une solide fanbase qui lui voue un culte indéfectible. Avec cette transposition hollywoodienne portée par l’atomique Scarlett Johansson, le cinéaste Rupert Sanders n’a pas cherché à proposer un remake, un reboot, ou une quelconque entreprise du genre bouffie de cynisme. Ce Ghost in the Shell version 2017 existe avant tout, par et pour lui-même, comme une œuvre dont la sincérité ne sera pas questionnable, au-delà des avis exprimés à son encontre. Concrètement, le film reprend plus ou moins la trame des deux animés (le premier et sa suite Innocence, sortie en 2004) et crée à partir d’eux, une nouvelle histoire antinomique, à la fois différente et respectueuse. La bonne démarche. De fait, pas étonnant de voir le résultat, adoubé par Oshii en personne.Scarlett Johansson plays Major in Ghost in the Shell from Paramount Pictures and DreamWorks Pictures in theaters March 31, 2017.De ses travaux précédents, quoiqu’on pense du dispensable Blanche-Neige et le Chasseur, on a pu voir que Rupert Sanders avait un talent certain pour trois choses. Un, maîtriser la pose des bases d’un conte, deux, savoir déployer un univers visuel créatif et ultra-léché, et trois, faire preuve d’une profonde humilité dans les matériaux qu’il manipule. Trois composantes que l’on retrouve au cœur de Ghost in the Shell, et qui l’aident considérablement à s’élever, en tout cas bien plus haut qu’il n’aurait pu l’être avec le premier tâcheron industriel venu. Car si les fans les plus hardcore portant les œuvres d’Oshii au rang de religion, pourront reprocher à cette adaptation, de simplifier un univers au départ très complexe, on préférera voir dans le travail de Sanders, une volonté de rendre accessible au plus grand nombre, l’histoire dense et tortueuse de Ghost in the Shell. Certes, le film est un blockbuster américain, avec les codes souvent imputables à ces grosses machines surgonflées, mais il a le mérite de ne jamais vouloir transformer de l’or en mélasse, de ne jamais viser une simplification si extrême, qu’elle donnerait lieu à une médiocre bouillie débilitante aussi fade qu’un bol de tofu. Certes, le côté divertissant de cette relecture vient grignoter un peu le ton très cérébral de ses modèles, mais cette adaptation puise sa réussite relative, justement dans l’équilibre qu’elle parvient à trouver entre intelligence et sens du spectacle, entre le conte philosophique sur l’identité et la distraction généreuse.GHOST IN THE SHELLPorté par une super-Scarlett dont les acrobaties homériques n’ont d’égale que la finesse de son jeu restituant toute la dualité de son personnage mi-humain mi-robot, et les émotions nuancés qui se devaient de l’accompagner, Ghost in the Shell est un défi miraculeusement relevé tant le challenge était à risque. De sa splendeur esthétique à sa flamboyante direction artistique imaginative et magnifiée par une hallucinante 3D qui laisse exploser toute la richesse de l’univers visuel déployé, en passant par un mélange adroit de personnalité affirmée et de soumission à de nobles références science-fictionnelles diverses (on pense à Robocop, Blade Runner, Le Cinquième Element, Matrix), Ghost in the Shell se révèle être un film pop corn se défaussant un peu du négativisme de la définition, ou un blockbuster intellectualisé sans l’être. Il se range en tout cas dans un registre toujours périlleux, celui d’une SF calibrée pour être efficace, mais qui ne prend pas son public pour des ânes. En somme, du cinéma hollywoodien de qualité comme on aimerait en voir plus souvent, avec une âme de fond et de forme autant américaine que japonaise (renforcée par la présence jouissive de Takeshi Kitano), et dans tous les cas, une âme passionnément science-fictionnelle alors que s’étalent à l’écran, les plus grandes thématiques récurrentes du cinéma d’anticipation, comme le pouvoir croissant de la technologie, le danger des grandes corporations incontrôlées, la fracture sociale dystopique, la peur de la perte de l’identité humaine…GHOST IN THE SHELLCertains verront le verre à moitié plein, d’autres préféreront le voir à moitié vide. Rentabilité commerciale oblige, l’entreprise de simplification du Ghost in the Shell de Rupert Sanders décevra probablement les fans de l’œuvre imposante d’Oshii. Dommage (mais compréhensible) car avec sa volonté de dépasser le degré zéro du blockbuster fade et sans âme, on se retrouve avec un objet qui a vraiment de la gueule, dirigé par un Sanders qui laisse éclater son amour pour les animés de son aîné, dont il n’oublie pas de reprendre quelques scènes emblématiques. On pourra avoir parfois un peu de mal à s’investir pleinement dans une histoire finalement assez linéaire et qui manque parfois d’émotions et d’étoffe au-delà du concept de base, mais l’effort, aussi imparfait soit-il, reste plus que louable. Et au pire, il donnera peut-être envie à ceux qui ne les connaissent pas, de se pencher sur les animés originel. Un mal pour un bien.

BANDE-ANNONCE :

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Par Nicolas Rieux

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