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DETECTIVE DEE : LA LÉGENDE DES ROIS CÉLESTES de Tsui Hark : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Detective Dee: The 4 Heavenly Kings
Père : Tsui Hark
Date de naissance : 2018
Majorité : 08 août 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Chine
Taille : 2h15 / Poids : NC
Genre
: Action, Fantastique

Livret de famille : Mark Chao, Carina Lau, Gengxin Lin…

Signes particuliers : Tsui Hark propose un grand spectacle fou et jubilatoire, à découvrir en 2D, 3D ou 4DX ! (et dès le 27 juillet avec des avant-premières dans toute la France).

LE SHERLOCK HOLMES CHINOIS EST DE RETOUR

LA CRITIQUE DE DETECTIVE DEE III

Résumé : Une vague de crimes perpétrée par des guerriers masqués terrifie l’Empire de la dynastie des Tang. Alors que l’impératrice Wu est placée sous protection, le Detective Dee part sur les traces de ces mystérieux criminels. Sur le point de découvrir une conspiration sans précédent, Dee et ses compagnons vont se retrouver au cœur d’un conflit mortel où magie et complots s’allient pour faire tomber l’Empire…

Il y a huit ans, le génial Tsui Hark essayait de se relever de quelques échecs en série et d’une carrière prenant le chemin du déclin, en inaugurant une nouvelle saga à grand spectacle pensée comme un alliage de deux voies d’inspiration qu’il a toujours affectionné particulièrement, d’un coté l’histoire de son pays et ses illustres figures, de l’autre les légendes du folklore chinois. Ainsi naquît Detective Dee, film historique mêlant intrigue policière, histoire et touches de fantastique. Lointainement inspiré de la vie du véritable Di Renjie, célèbre juge et homme politique de l’histoire chinoise réputé pour ses talents d’enquêteur, Le Mystère de la Flamme Fantôme s’offrait comme une sorte de Sherlock Holmes asiatique, jouant autant avec les codes du film policier à enquête et rebondissements qu’avec ceux des contes surnaturels de tradition chinoise. Cinq ans après La Légende du Dragon des Mers, un second opus en demi-teinte et moins maîtrisé que son aîné, Tsui Hark retrouve son Détective Dee à la sagacité inégalable, pour un troisième volet encore plus fou que les précédents.

La folie, ça le connaît Tsui Hark, c’est même ce qui le caractérise. Pas la folie au sens maladif du terme, mais la folie au sens créatif de l’expression. Cinématographiquement parlant, le travail de Tsui Hark a toujours été marqué par un pied de nez à la raison, comme si le metteur en scène était une sorte de bête enragée à laquelle on venait d’ôter ses chaînes. Rien ne l’arrête, rien ne lui fait peur, rien n’est calculé par cynisme. La marque de fabrique de Tsui Hark, c’est l’exubérance du show, la générosité du spectacle, l’envie de toucher du doigt la chimère d’un cinéma de divertissement total repoussant sans cesse les limites en essayant, en proposant, en innovant, en s’abandonnant à la fantaisie frénétique et fanatique. Avec ce troisième chapitre de la franchise Detective Dee, le réalisateur comble une nouvelle fois ses fans jamais rassasiés de ses démences gargantuesques. Dans La Légende des Rois Célestes, il y a bien sûr le détective le plus intelligent de l’Empire entourés de ses sidekicks drôles ou chevaleresques, mais aussi une impératrice machiavélique, des sorciers maniant la magie, un moine des forêts surpuissant, des dragons, des poissons qui volent, de la voltige aérienne, des combats délirants, une femme à fort caractère, des histoires de poison et de conspiration, des armes innovantes, une épée construite à partir d’une météorite, un King Kong blanc, un monstre gluant plein de yeux, des hallucinations, des méchants masqués et on en passe. Tout ça dans un énorme film d’action et d’aventure qui n’a de cesse d’inventer des choses pour s’auto-densifier jusqu’à plus soif. La magie Tsui Hark opère et l’on tombe instantanément sous le charme de cette nouvelle extravagance à la générosité débordante, voire infinie ! Et aux commandes, un metteur en scène qui enchaîne les moments de bravoure timbrées dont lui seul a le secret.

Par rapport aux deux opus précédents ? Disons que ce troisième volet a du bon comme du un peu moins bon. Le bon, c’est que Tsui Hark n’a de cesse de proposer un cinéma à la joyeuse démesure, riche en action épique, fascinant d’inventivité et agrémenté d’effets spéciaux saisissants. Le metteur en scène hongkongais s’est souvent plaint du niveau très moyen des SFX made in Hong-Kong. Cette fois, il s’est associé à des sociétés à la pointe dont les talents sont aussi bien chinois que coréens ou japonais. Le résultat est épatant et donne du corps à sa vision artistique déjantée. Sans parler d’une 3D impressionnante d’efficacité tridimensionnelle. Dans le film et technique mise à part, on notera la volonté d’injecter un peu plus d’humour et de second degré, par des personnages truculents, quelques ressorts comiques gérés sans verser dans le grotesque et par le jeu hyper-exagéré de certains comédiens à la lisière de la caricature parodique afin de créer une véritable tonalité amusante reflétant la saveur amusée d’une œuvre qui refuse de se prendre au sérieux.

Au rayon du moins bon, cet éternel petit défaut de Tsui Hark qui se laisse parfois emporter par son emphase quand il est aux manettes de ce genre d’œuvres volontairement boursouflée, au risque de tomber dans la confusion bordélique. Dans l’écriture, La Légende des Rois Célestes est par moments un poil trop indigeste, dépassé par sa démesure avec le danger de l’overdose qui guette pas loin. D’autant que le film est long, sans doute trop long, alourdi par des éléments et tergiversations narratives qui le surchargent au point d’entraver sa fluidité. Mais on pardonne bien volontiers à Tsui Hark ces imperfections qui pourront en fatiguer certains, mais qui sont souvent compensées par les incessantes fulgurances galvanisées qu’offre ce délire fantasmagorique. Sans être au niveau du premier, qui était bien plus maîtrisé, ce Detective Dee III tient la dragée haute à son prédécesseur. Autant dire que les fans en auront pour leur argent. Pour les autres, poussez la porte de votre cinéma et laissez-vous tenter par ce blockbuster aussi singulier que réjouissant (d’autant qu’il n’est pas impératif d’avoir vu les deux premiers pour suivre agréablement cette Légende des Rois Célestes) !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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