Mondociné

VOYAGES EN ITALIE de Sophie Letourneur : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs


Nom : Voyages en Italie
Mère : Sophie Letourneur
Date de naissance : 2022
Majorité : 29 mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Comédie

Livret de Famille :Philippe KaterineSophie Letourneur

Signes particuliers : Du pur Letourneur.

Synopsis : Une escapade romantique peut-elle raviver la flamme dans un couple ? Elle a réussi à le convaincre de partir quelques jours sans enfants. Ce sera où il a envie, sauf en Italie. Il y est déjà allé avec toutes ses ex… L’Espagne ? Les sentiers de l’Aubrac ? Ce sera finalement la Sicile – car selon lui, c’est pas tout à fait l’Italie.

 

 

VOYAGE A DEUX

NOTRE AVIS SUR VOYAGES EN ITALIE

Sophie Letourneur nous avait laissé au bord de la route il y a trois ans avec son Énorme, comédie dans laquelle Marina Foïs se faisait faire un enfant dans le dos par Jonathan Cohen. On y découvrait la franche affirmation du « style Letourneur », un mélange perturbant de techniques documentaires et de fiction brute très minimaliste. Déroutant, singulier, radical. Pour certains, le geste était unique, inscrivant le film à l’extrême opposé de la comédie mainstream et du cinéma mainstream en général. Pour d’autres, la forme était un repoussoir assassin. Que les uns se rassurent, que les autres se cabrent, avec Voyages en Italie, Sophie Letourneur ne change pas d’un iota sa manière de faire et son univers formel.

Cette fois, Sophie Letourneur ne se contente pas de réaliser, elle se met aussi en scène. Comme dans Les Coquillettes, son second long-métrage sorti en 2013. L’auteur et metteur en scène partage l’écran avec le doux-dingue Philippe Katerine dans cette comédie où tout est dans le titre. Enfin presque. Sophie et Jean-Philippe forme un couple en crise depuis qu’ils ont eu un enfant. Leur quotidien de parents n’a plus rien d’extraordinaire, il est désormais soumis à une morne routine tueuse. Pour raviver la flamme, ils vont faire un « voyage en Italie ». En Sicile précisément. Mais entre le stress du voyage, la fatigue et leurs angoisses de parents, pas évident de décrocher.

Les amateurs du cinéma très spécial de Sophie Letourneur seront sûrement autant séduits par ce nouvel effort, que ses détracteurs auront des convulsions oculaires devant l’anti-cinégénie assumée de son travail. En creux, Voyages en Italie a des choses à dire. Sur le couple, l’érosion de la passion, les difficultés amenées par la parentalité, le rapport entre l’ordinaire et l’extraordinaire dans le quotidien. Des thématiques qui draguent des réflexions certes un peu bateau, mais néanmoins pertinentes et intéressantes alors que Letourneur dresse un miroir sans fard ni joliesse de la routine d’une vie très établie. Là où le film est d’autant plus intéressant (et drôle), c’est dans l’authenticité qui emballe ce voyage dans une Sicile au charme berceur. Letourneur donne à voir ce que le cinéma féerique « d’appel au voyage » ne montre pas. Toutes ces micro-situations pas sexy pour un sou qui peuvent animer des vacances. Les règles qui tombent en plein séjour, l’inquiétude envers les enfants qu’on a laissé, quoi visiter, comment visiter, les imprévus des hôtels, les petites disputes, faire le plein avant de rendre la bagnole de location… Des détails qui font partie de la réalité d’un voyage. Letourneur ne propose pas un cinéma de strass et de paillettes mais un cinéma du vrai.
Problème, pour jouir de ce que la cinéaste a à proposer, il faut passer sur la forme. Et c’est là que les choses se compliquent. Sophie Letourneur n’a que faire du cinéma traditionnel (ou alors elle le cache bien). Dans sa démarche d’un cinéma brut et authentique en mode documentaire sans artifices, elle filme son histoire comme une amatrice armée d’une mini-DV. Elle filme comme elle voit, sans aucune considération pour le cadrage, le point, la lumière. Plus clairement, elle se débarrasse du filtre « cinéma » pour capter sur l’instant ce qu’elle montre. En somme, comme un documentaire écrit. Le choix peut se respecter mais il est franchement pénible à supporter car au final, Voyages en Italie est aussi intéressant sur le fond que moche sur la forme. Du pur Sophie Letourneur en somme.

 

 

Par Nicolas Rieux

One thought on “VOYAGES EN ITALIE de Sophie Letourneur : la critique du film

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux