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THE CROSSING de Bai Xue : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Guo Chun Tian
Mère : Bai Xue
Date de naissance : 2019
Majorité : 12 août 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : Chine
Taille : 1h39 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Huang Yao, Sunny Sun, Carmen Soup…

Signes particuliers : Entre le drame initiatique et le thriller criminel adolescent, un film qui pose un certain regard sur la Chine contemporaine.

 

UNE ADOLESCENTE ENTRE DEUX MONDES

NOTRE AVIS SUR THE CROSSING

Synopsis : Peipei est une lycéenne de 16 ans qui vit avec sa mère à Shenzen et étudie à Hong Kong. Avec sa meilleure amie Jo, elles rêvent de vivre un jour de Noël sous la neige au Japon. Alors que Peipei cherche du travail pour financer ce voyage, le petit ami de Jo lui propose de se faire de l’argent en passant illégalement des téléphones portables par la frontière. D’abord craintive, Peipei prend de l’assurance quand les entrées d’argent se font plus importantes…

Cela fait quelque temps que The Crossing se balade de festival en festival. Réalisé en 2018 par la jeune cinéaste Bai Xue (dont c’est le premier long-métrage), le film s’est fait remarquer à Toronto avant d’être acclamé à la Berlinale 2019. Profitant d’un contexte peu chargé en cette mi-août morose, ce drame chinois adolescent va tenter de se frayer un petit chemin pour aller à la rencontre des cinéphiles avec son histoire très éprise de modernité, livrant un certain regard sur la Chine contemporaine. The Crossing (aka « la traversée » en français) raconte l’histoire de Peipei, une adolescente bien sous tous rapports, qui rêve d’aller voir le Japon enneigé avec sa meilleure amie, Jo. Mais pour financer un tel voyage, il faut de l’argent. Peipei va alors intégrer une bande faisant dans le trafic illégal de téléphone. Profitant du fait qu’elle vit en Chine mais étudie à Hong-Kong, elle va se servir de ses voyages quotidiens pour passer clandestinement des Iphone à la frontière.
A boire et à manger, c’est tout ce que l’on trouve dans The Crossing, parfait exemple de film le fessier posé entre deux chaises brinquebalantes. D’un côté, il y a le visage d’un drame d’auteur qui tente d’émettre un commentaire sur la société chinoise actuelle, peignant subrepticement le portrait d’une jeunesse désenchantée qui rêve d’un autre futur mais évoquant surtout le fossé déstabilisant qui sépare la Chine continentale de la péninsule hongkongaise. Hong-Kong, c’est la modernité, la liberté, un certain occidentalisme qui fait miroiter une autre vie aux prisonniers des règles de la Chine communiste restrictive. La « frontière » est mince et pourtant, elle symbolise la séparation de deux cultures, deux façons de vivre. Le récit de The Crossing matérialise cette idée avec un objet simple, commun, banal : l’iPhone. Un objet courant à Hong-Kong, plus difficile à se procurer en Chine. Mais à l’heure de la mondialisation et de l’émergence d’un désir de progressisme, les chinois rêvent d’avoir le précieux objet d’Apple. C’est pourquoi un marché illégal s’est répandu. Simple adolescente discrète, Peipei va se lancer dans le passage clandestin de téléphones.
Mais à côté du drame d’auteur, il y a un autre visage, le thriller. Les deux tons essaient de coexister ensemble, comme Hong Kong essaie de coexister avec la Chine dominante. Pour donner un ton de thriller, la réalisatrice Bai Xue a recours à un récit qui progressivement se charge en suspens voulu haletant et à des motifs visuels qui lorgneraient presque du côté de Scorsese (comme des arrêts sur image avec une sorte de jingle musical soulignant ce même suspens). Et si les relations entre la Chine et Hong-Kong ont toujours été conflictuelles, celles entre le drame et le thriller vont l’être un peu aussi dans le film, les deux se mariant tantôt avec grâce tantôt plus maladroitement. Mais malgré ces imperfections et un récit finalement très prévisible, The Crossing n’en reste pas moins une œuvre séduisante, visuellement léchée, émotionnellement sensible et capable d’images marquantes. Comme ce plan panoramique nocturne sur Hong-Kong perçu comme une terre d’espoir et de promesses lointaines. Ou comme cette scène subtile de dissimulation de téléphones entre Peipei et un séduisant garçon de sa bande, qui se scotchent mutuellement les appareils sous leurs vêtements, un moyen détourné et très intelligent d’inviter un peu de sensualité dans une œuvre par ailleurs pudique.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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