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PIG de Michael Sarnoski : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Pig
Mère : Michael Sarnoski
Date de naissance : 2020
Majorité : 27 octobre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Nicolas Cage, Alex Wolff, Cassandra Violet

Signes particuliers : A voir surtout pour la performance d’un grand Nicolas Cage.

 

NICOLAS CAGE REFAIT SURFACE

NOTRE AVIS SUR PIG

Synopsis : Un chasseur de truffes vit en ermite dans la nature sauvage de l’Oregon, quand l’enlèvement de sa truie truffière le pousse à retourner vers la civilisation à Portland où il devra faire face aux démons de son passé.

Nicolas Cage, c’est comme les éclipses solaires. Une fois tous les 36 de l’an, il décide d’apparaître et d’éblouir. Le reste du temps, il est fonctionnel. Entre 15 navets alimentaires à peine valables pour remplir les rayonnages à DTV, l’acteur iconique décide ponctuellement de nous faire profiter de son talent rangé au placard en tournant dans un vrai bon film. Joe, Mandy, Snowden, le dernier Sono Sion sont quelques-unes de ses bonnes sorties noyées dans la quarantaine de films où il a joué ces dix dernières années. Pig vient s’ajouter à la liste. Premier long-métrage du réalisateur Michael Sarnoski, le film passé en compétition à Deauville, offre un vrai beau rôle au comédien. En l’occurrence, celui d’ancien chef célèbre de Portland qui a tout plaqué du jour au lendemain pour aller vivre comme un ermite au fin fond des bois dans les forêts de l’Oregon avec son cochon truffier. Quand ce dernier lui est volé, Rob part à sa recherche.
A la lecture du pitch de Pig, on pourrait croire que le film va s’aventurer du côté d’un John Wick sauvage où le chien assassiné de Keanu est remplacé par le porc volé de Nicolas. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Car Pig n’a rien d’un thriller d’action revanchard, bien au contraire. Michael Sarnoski surprend en partant flirter sur les gammes du drame psychologique intimiste, loin de toute violence. Il y est surtout question d’amour, de philosophie de vie, de lumière, avec un parfum de poésie tragique voire parfois, d’onirisme mélancolique. Dans le sillage de ses intentions, Pig essaie d’emporter, d’émouvoir, de bouleverser en peignant le portrait de ce sauvage rustre dont le personnage de grizzly se fissure doucement pour dévoiler une personnalité de cabossé endolori par des épreuves qui ont changé sa vision du monde et de l’existence.
Le gros problème qui freine l’envolée de Pig et lui dénie le statut de « petite sensation indé », c’est que Michael Sarnoski ne fait rien pour que l’on croit à son histoire par moments bêtement ubuesque au-delà d’un postulat auquel on veut bien céder. Le film enchaîne les pires virages de scénario (toute la partie sous-urbaine dans les profondeurs souterraines de Portland est ridicule, au moins autant que la gestion ou la finalité des dessous de la quête du personnage). En termes de pure écriture narrative, Pig en serait presque médiocre, ou du moins alourdi par ses mauvaises idées à la lisière du grotesque. Et quand on ne croit pas à une histoire, difficile d’apprécier pleinement un film. C’est d’autant plus regrettable qu’au milieu de son absurdité, Pig parvient à créer des instants de cinéma magnifiques. Quand il filme les réflexions existentielles d’un Nicolas Cage d’exception qui vampirise l’écran avec son regard vide au milieu d’un visage tuméfié bouffé par une pilosité hirsute, Sarnoski provoque des instants en apesanteur. Des moments qui existent par eux et pour eux, des moments qui fascinent, des moments qui touchent, des moments qui confèrent au film une vraie profondeur et épaisseur, qui le rendent plus dense, plus beau, plus fort. Ils sont immortalisés par un Nicolas Cage immense, dont la magistrale sobriété n’a d’égale que la grandiloquence cabotine dont il peut être capable sur ses innombrables navets bisseux. Au final, Pig est un objet cinématographique étrange, une rareté dont on ne sait jamais trop si elle est précieuse ou éventée. On s’abandonne volontiers à ce voyage introspectif tour à tour déchirant ou drôlatique, autant que l’on se retient de trop y voir une œuvre balisée, utilisant tous les codes du cinéma indé jusqu’à être dans la posture.

 

Par Nicolas Rieux

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