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LA BELLE ET LA MEUTE de Kaouther Ben Hania : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Aala Kaf Ifrit
Père : Kaouther Ben Hania
Date de naissance : 2017
Majorité : 18 octobre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Tunisien
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda…

Signes particuliers : Un grand film, poignant et rageur.

A CORPS ET À CRIS

LA CRITIQUE DE LA BELLE ET LA MEUTE

Résumé : Lors d’une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?

Détournant le titre d’un célèbre conte populaire, La Belle et La Meute est un anti-conte de fée, transformant le beau en laid, le féerique en cauchemardesque, l’insouciance en douleur inguérissable. Ou comment une belle jeune fille pleine de vie et de fraîcheur va sombrer dans une cruelle descente aux enfers anxiogène. A Tunis, victime d’un viol par des policiers à la sortie d’une soirée, la jeune Mariam va tenter de faire valoir ses droits. Mais c’était sans compter sur une société patriarcale qui va transformer son parcours du combattant en chemin de croix.

Époustouflant. C’est un petit chef d’œuvre que signe ici la réalisatrice Kaouther Ben Hania avec cette adaptation d’une histoire vraie issue de l’ouvrage Coupable d’avoir été violée de Meriem Ben Mohamed. Poignante démonstration des égarements dramatiques d’une société tunisienne engluée dans son fonctionnement rétrograde qui nie aux femmes toute notion d’humanité même dans la tragédie, La Belle et la Meute est construit en neuf plan-séquences distincts, visant à reconstituer avec un fort pouvoir d’immersion, la nuit d’horreur de cette jeune femme écrasée de toute part par la domination des hommes dans une société corrompue jusqu’à la moelle. Porté à bout de bras par une sublime Mariam Al Fajani, formidable en jeune femme désemparée se heurtant à l’inconsidération, à la pression et aux viles moqueries, La Belle et la Meute accumule les éléments révoltants pour déployer une charge cruelle visant à orchestrer à la fois un brûlot virulent contre l’abject condition des femmes en Tunisie (et par extension, ailleurs) et dans le même temps, un drame pertinent au propos humaniste poignant.

Tourné comme un thriller âpre dont le réalisme de la plongée féroce dans l’effroyable ne fait que décupler son impact et la puissance de son discours alors même que sa Mariam n’est finalement qu’un emblème de toutes ces femmes brimées et sous considérées, La Belle et la Meute a l’intelligence de ne jamais verser dans le féminisme simpliste. C’est l’humanité qui l’intéresse, et la dénonciation d’une injustice crasse qui frappe encore trop de pays de nos jours. Un film choc, bâtie sur une démonstration efficace et brillante, de surcroît remarquablement mise en scène.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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