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ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Illusions Perdues
Père : Xavier Giannoli
Date de naissance : 2020
Majorité : 20 octobre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h30/ Poids : NC
Genre : Drame, Historique

Livret de Famille : Benjamin VoisinCécile de FranceVincent Lacoste, Gérard Depardieu, Xavier Dolan, Jeanne Balibar, Louis-Do de Lencquesaing, Salomé Dewaels, Jean-François Stévenin…

Signes particuliers : Magistral !

 

SATIRE DU CIRQUE MEDIATIQUE

NOTRE AVIS SUR ILLUSIONS PERDUES

Synopsis : Lucien est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Il a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice. Bientôt livré à lui-même dans la ville fabuleuse, le jeune homme va découvrir les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Une comédie humaine où tout s’achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes. Il va aimer, il va souffrir, et survivre à ses illusions.

Illusions Perdues est un film de cinéma basé sur un classique de la littérature française parlant du monde du journalisme. Ça tombe bien, Xavier Giannoli est un cinéaste qui a étudié la littérature française et qui a été journaliste. L’homme providentiel en somme pour porter à l’écran l’histoire d’Honoré de Balzac publiée en trois parties entre 1837 et 1843.

On prête souvent aux grands écrivains l’idée qu’ils se retourneraient dans leurs tombes s’ils voyaient certaines adaptations de leurs illustres travaux. Balzac, lui, peut continuer de dormir tranquille après l’exploit de Xavier Giannoli qui adaptation brillamment son Illusions Perdues, réputé inadaptable pour sa trop grande densité. D’un bout à l’autre de ses longues 2h30 que l’on ne sent jamais passer, le huitième long-métrage du réalisateur de A l’origine et L’apparition ruisselle d’une délicieuse mélodie littéraire sans pour autant que le film ne tombe dans le classicisme poussiéreux. Mariage parfait entre respect et modernisme, cette libre adaptation qui remodèle l’œuvre balzacienne sans vraiment la dénaturer s’impose comme l’un des meilleurs films de cette année 2021.
Le journalisme… Pire, la critique… Aaaaah la critique… Cette fameuse dont les artistes ont souvent bien besoin autant qu’il la déteste. Xavier Giannoli n’est pas le premier à s’en prendre à elle et aux médias mais rarement cela a été fait avec autant de finesse et d’intelligence. Illusions Perdues, c’est une peinture féroce et tragi-comique des dessous du monde du spectacle au XIXème entre soudoiement des journaux, conflits d’intérêts et liens de complaisances divers et variés. Giannoli sert un portrait terriblement critique de la critique et par extension, des médias en général. Oui mais bon, c’était au XIXème… Non, c’est justement là que son film est si malin et brillant. Son propos est plus d’actualité que l’on puisse s’en douter. Pressions sur les médias pour qu’ils disent ce que l’on souhaite qu’ils disent, réseau de corruption organisé, achat de la critique comme on achèterait un espace publicitaire, soudoiement, cadeaux et autres propositions peu refusables, menaces, collusions, conflits d’intérêts et autres stratagèmes impliquant de grands groupes reliés entre eux… Ce que raconte Illusions Perdues n’a rien d’une peinture de pratiques d’un autre temps. Bien au contraire. Le film de Giannoli est pertinent, fascinant, terrifiant de véracité aussi tant il dresse un portrait acerbe d’un monde qui a perdu sa superbe, sa vérité, sa crédibilité. Chaque ligne de dialogue, chaque recoin du scénario appelle à des choses qui résonnent avec l’état de la critique artistique et des médias aujourd’hui, dont la liberté a été victime de nombreuses tentatives d’assassinat. Pour beaucoup, cette liberté agonise aujourd’hui, elle n’est qu’illusions perdues, ce dont va se rendre compte amèrement un jeune poète débarquant à Paris avec des idéaux qui vont vite être balayés. Tout le cynisme du milieu se retrouve magistralement projeté au cœur d’une satire imparable que Giannoli traduit avec flamboyance. Et pas que lui puisque Illusions Perdues s’ouvre aussi en creux sur le monde en général, dirigé par l’argent et la cupidité (on n’aura pas loupé cette petite phrase discrète : « Vous verrez qu’un jour on aura un banquier comme Président de la République »).
Porté par d’excellents comédiens (Benjamin Voisin en tête mais aussi Vincent Lacoste et les autres) et sublimé par une mise en scène virtuose alliant grâce historique et souffle moderne, Illusions Perdues est rendu palpitant par son rythme, sa vivacité, sa sagacité. Xavier Giannoli signe là son plus le plus abouti à ce jour, indéniablement réussi sur tous les points. Un film-miroir sur une réalité d’hier encore très actuelle aujourd’hui.

 

Par Nicolas Rieux

One thought on “ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli : la critique du film

  1. Que d’éloges pour un film ennuyeux et mal joué. On aurait aimé se réconcilier avec Balzac mais ce n’était qu’illusions 🙁

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