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EVIL DEAD RISE de Lee Cronin : la critique du film

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Spectateurs


Nom : Evil Dead Rise
Père : Lee Cronin
Date de naissance : 2022
Majorité : 19 avril 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Horreur

Livret de Famille : Lily SullivanAlyssa SutherlandMorgan Davies

Signes particuliers : Moins bon que le film de 2013.

Synopsis : Alors que Beth n’a pas vu sa grande sœur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar, quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble, dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants…

GORE QUI TACHE

NOTRE AVIS SUR EVIL DEAD RISE

Le Livre des Morts refait surface du côté de Los Angeles, et avec lui toute la terrifiante mythologie d’Evil Dead, dix ans après le (bon) reboot de la saga culte de Sam Rami par l’Uruguayen Fede Alvarez. Cette fois, c’est l’irlandais Lee Cronin (The Hole in the ground) qui s’y colle, faisant resurgir le Necronomicon et ses démons dans un immeuble de la Cité des Anges. Une mère célibataire, sa sœur et ses trois enfants vont subir les foudres des esprits possesseurs dans la joie et la bonne horreur.
Paré pour un déluge de gore ? On l’espère pour vous car Evil Dead Rise envoie la purée rouge comme un italien généreux en bolognaise sur ses spaghetti. Néanmoins, tempérons quand même un peu les attentes. Si certains ont pu vanter le bain de sang XXL proposé le film de Lee Cronin, ce serait oublier les envolées sanguinolentes du précédent Evil Dead de Fédé Alvarez que d’en faire un monument de trash. S’il y avait match du kilotonne d’hémoglobine déversée, la victoire reviendrait sûrement au délire hardcore d’Alvarez, nettement plus mémorable en matière de gore qui tâche. Nettement plus généreux… et nettement « plus » tout court ? Disons que la comparaison des deux films ne rend pas forcément service à ce nouvel épisode.

Car au fond, le cas d’Evil Dead Rise semble être symptomatique du problème que connaît le cinéma de genre en salles à l’heure actuelle. Si l’horreur underground véhicule quelques délires bien tarés (les Terrifier ou les asiatiques The Sadness et Project Wolf Hunting), le cinéma de genre plus « luxueux » (comprenez par là, celui plus « marketé » qui se fraye un chemin en grandes pompes vers les salles obscures) est un peu plus à la peine, écrasé par une espèce de formatage aseptisant. Evil Dead Rise s’offrant quelques saillies bien craspec, le film est immédiatement porté aux nues mais suffisant pour parler d’un bon film d’horreur ? Pas vraiment. Son imagerie gore semble être son seul crédo et elle n’est associée à pas grand-chose de fondamentalement irrévérencieux exception faite du ressort de la mère possédée voulant charcuter ses gosses.

Le principal problème est là, en dehors de son imagerie gore, le film de Lee Cronin est quand même assez pauvre, comme un gros morceau de barbaque avec beaucoup d’os et finalement peu de chair à manger autour. On y retrouve les éléments fondateurs (le livre, les démons, les possédés et les misères subies) mais tout ça semble tellement déjà vu mille fois. Peu imaginatif, Evil Dead Rise recycle des motifs et une recette qui a certes fait ses preuves, mais sans y apporter une quelconque originalité, ni dans le ton ni sur la forme. Pour rester dans le domaine de la bouffe, comme une belle pièce de viande bien cuite mais avec une sauce trop fade pour sublimer le plat. Le film respecte son cahier des charges avec générosité mais ploie devant son incapacité à se trouver une personnalité distinguable le sortant du prolifique vivier horrifique. Sam Raimi avait opté pour un ton déjanté. Fede Alvarez pour un ton très sérieux. Lee Cronin s’inscrit un peu à mi-chemin entre les deux et le cul entre deux chaises, il ne satisfait jamais dans aucune des deux directions. Sans réelle vision affirmée, Evil Dead Rise passe alors en mode pilotage automatique, et déroule de manière très artificielle ses scènes de possession, ses petites références à la saga et son carnage gore sans jamais proposer quoique ce soit de très excitant. Efficace dans l’absolu, il sombre dans une forme de quelconque redondant et mécanique qui ne surprend guère et le condamne à l’anonymat horrifique.
Ce qui est rare se savoure. Un Evil Dead tous les dix ans, pourquoi pas. Le plan était idéal pour recharger la batterie à idées et éviter d’essorer l’univers. Mais voilà, comme du côté de la saga Scream, la course aux dollars contredit les intentions. Bruce Campbell, l’interprète du légendaire Ash et à la production de ce nouvel opus, annonce déjà une série de films « tous les 2-3 ans ». Le syndrome Scream est en marche à notre plus grand regret, et la franchise Evil Dead risque de subir les effets d’une sur-exploitation.

 

 

Par Nicolas Rieux

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