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DONJONS & DRAGONS : L’HONNEUR DES VOLEURS de Jonathan Goldstein et John F. Daley : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves
PèreJonathan Goldstein, John Francis Daley
Date de naissance : 2022
Majorité : 12 avril 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h14 / Poids : 150 M$
Genre : Action, Aventure, Fantasy

Livret de famille : Chris PineMichelle Rodriguez, Regé-Jean Page, Justice Smith, Sophia Lillis, Hugh Grant, Chloe Coleman, Daisy Head…

Signes particuliers : Une sacrée bonne surprise.

Synopsis : Un voleur beau gosse et une bande d’aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu’ils s’attirent les foudres des mauvaises personnes. Donjons & Dragons : L’honneur des voleurs transpose sur grand écran l’univers riche et l’esprit ludique du légendaire jeu de rôle à travers une aventure hilarante et pleine d’action.

 

UNE PETITE PARTIE ?

NOTRE AVIS SUR DONJONS & DRAGONS : L’HONNEUR DES VOLEURS

C’est aussi improbable que vrai. Le sous-genre le plus casse-gueule du cinéma vient d’accoucher de deux réussites coup sur coup. Adapter un jeu ou un jeu vidéo à l’écran a toujours été une gageure compliquée pour les auteurs, et souvent une plaie pour les spectateurs. Les exceptions se comptent comme les mini-Twix dans une boîte de Célébration. Peu. Mais récemment, l’animé Super Mario Bros a redonné un peu foi en la possibilité d’y parvenir, grâce à sa chouette adaptation de l’univers des jeux vidéo du super-plombier de Nintendo. Dans la foulée, débarquait un plus périlleux Donjons et Dragons, création autour du célébrissime jeu de rôle culte. Problèmes… Au pluriel dans le texte car ils étaient nombreux. D’abord, beaucoup ont encore en tête la purge atomique signée Courtney Solomon en 2000 et ses suites aux allures d’eczémas oculaires. Ensuite, dans un registre assez similaire, on a encore plus en tête le naufrage du film Warcraft de 2016, navet toujours pas digéré ni par les fans ni par les autres. Et enfin, il y avait les réticences après les premiers visuels puis les bandes-annonces. Donjons et Dragons fleurait (pas) bon le blockbuster nanardesque entre un univers exploité à la truelle, une imagerie bisseuse, des acteurs cabotins, des effets spéciaux douteux, une affiche de DTV et on en passe. L’entame du film confirme un peu les craintes… avant que l’affaire ne soit rattrapée dans sa chute et tirée par la main vers les cieux de la profonde sympathie.
Comment un film dont on n’attendait franchement rien (un euphémisme) a pu ainsi se sortir du bourbier dans lequel il était parti pour s’empêtrer ? Plein de raisons. D’abord, parce que ce Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs a su plus que bien respecter son matériau originel, à la fois dans sa manière de retranscrire l’univers étendu à l’écran, mais aussi dans sa capacité à y projeter le spectateur en lui donnant l’impression de réellement plonger dans un vrai jeu de rôle cinématographique. Aux côtés des personnages, on a vraiment la sensation de voyager dans le « DDverse », dans ses mondes, ses territoires, dans ses univers, on a vraiment la sensation d’aller à la rencontre de ses personnages et autres créatures, magiciens, guerriers, on a vraiment la sensation de mener une vraie quête pleine de niveaux, de péripéties, de challenges et d’interactions. Très vite, Donjons et Dragons devient un amusement hyper ludique et véritablement fun, mené de mains de maîtres par le duo Jonathan Goldstein et John Francis Daley (les scénaristes de Comment tuer son Boss ? ou Spider-Man : Homecoming et réalisateurs de Game Night).
S’il ne se déleste jamais de ce petit côté « superproduction bisseuse », la force du film est de parvenir à intégrer un vrai second degré en son cœur sans pour autant basculer dans la parodie cynique et irrespectueuse envers les fans du jeu. Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs réunit tous les ingrédients nécessaires pour se façonner un combustible puissant, lui permettant de décoller et de traverser les obstacles qui se dressent sur sa route. La caractérisation des personnages est sommaire… mais ils sont tellement attachants. Le production design est parfois à la limite… mais on s’y plaît par la variété visuelle de ce qu’il propose. La trame est simple… mais le scénario l’étoffe en remplissant les à-côtés, en jouant intelligemment avec son autodérision et surtout en maniant avec malice le principe de l’épopée aventureuse menée par un groupe hétéroclite.
Mais la cerise sur le gâteau, probablement ce qui sublime l’édifice branlant pour lui conférer tout son charme, c’est la décomplexion avec laquelle le film avance, façon relecture loufoque du Seigneur des Anneaux teintée de Willow et Jumanji (les récents). Donjons et Dragons est drôle, très drôle, mais sans jamais que le rire qu’il procure ne vienne transformer l’aventure en gaudriole ringarde et grasse. Au contraire, l’humour est toujours bien imbriqué aux mécanismes de l’aventure elle-même. On pourra parler de réelle qualité d’écriture et de bon sens du tempo de la part du tandem Goldstein et Daley qui, par ce ton comique, contourne le ridicule qui aurait pu dévorer leur film et ses intentions, pour mieux le prendre à leur compte et en produire quelque chose.

A l’arrivée, on ne peut que saluer la réussite de l’entreprise qui se veut légère mais bien plus maligne qu’il n’y paraît dans son approche et sa comprhension de matériau originel. Une entreprise qui se veut franchement généreuse, dynamique, fendarde, portée par des comédiens qui s’éclatent autant que ceux qui les dirigent. Entre moments hilarants, scènes d’action épiques (bien filmées de surcroît, avec hardiesse et inspiration) et exploitation savante des possibilités infinies du jeu originel, le résultat s’avère très divertissant et a tout pour plaire aux fans comme aux néophytes, car sa sincérité est indiscutable. On y retrouve au final l’essence du jeu  (des personnages aux talents divers qui coopèrent pour mener à bien une quête en se battant contre des obstacles, maléfices et autres monstres et pièges) comme les ingrédients d’un blockbuster animé par sa propre personnalité. Suivant le sillage imposé par James Gunn et ses Gardiens de la Galaxie, Donjons et Dragons est un vrai plaisir franc, à la fois efficace, distrayant, tendre et désopilant. Validé !

 

Par Nicolas Rieux

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