COUP DE CHANCE de Woody Allen : la critique du film

Réelle envie de retrouver la France après Midnight in Paris ou Magic in the Moonlight ou déclassement d’un auteur qui, empêtré dans les polémiques, tourne où il peut et comme il peut ? Toujours est-il qu’avec Coup de Chance, son 50eme long-métrage (et possiblement son dernier tant il peine à trouver des financements désormais), Woody Allen réinvestit Paris douze ans après Minuit à Paris. Avec un casting 100% français et un tournage dans la langue de Molière. Lou de Laâge, Niels Schneider, Melvil Poupaud et Valerie Lemercier sont les visages principaux de ce nouveau film présenté comme « dans la lignée de Match Point » à savoir un mélange de romance et de thriller noir. Alors qu’elle se rend à son bureau, Fanny croise un ancien camarade de lycée. Elle s’est mariée à un riche financier qui l’aime jalousement, lui est devenu un écrivain à la vie plus bohème. Ils se revoient et tombent amoureux, éveillant les soupçons du mari cocu.

Ça fait maintenant un bon bout de temps que l’ami Woody semble en mode « pilotage automatique », livrant des saillies tièdes dans le meilleur des cas (Wonder Wheel), épouvantablement médiocres dans le pire (Magic in the Moonlight). Il faut remonter loin pour trouver trace du dernier bon film du célèbre misanthrope new-yorkais (les avis divergeront quant à sa dernière œuvre de valeur – on dira au moins dix ans et à la limite Blue Jasmine). Une chose est sûre, si jamais Coup de Chance devait être l’ultime film de sa longue carrière entamée dans les années 60, on pourra dire que ce sera bien regrettable de partir là-dessus. Sans atteindre les tréfonds de la nullité comme son précédent Rifkin’s Festival, ce 50eme opus est tout de même assez mauvais, pour ne pas dire médiocre. A cours de verve et de propos, Woody Allen signe un film faible, un film vieillot, un film où tout sonne faux. Si l’intrigue se suit sans réel déplaisir uniquement pour le plaisir sadique de vouloir savoir comment cette histoire va finir, reste que l’on s’ennuie poliment devant l’artificialité de tout ce qui nous est montré, de l’intrigue à la manière dont elle est jouée et mise en scène (si tant est que l’on puisse parler de « mise en scène »). Coup de chance, ça ne dure qu’une petite heure et demi. Mais c’est presque déjà trop pour un film qui s’éclate au sol de par sa mollesse constante, son effroyable paresse, sa théâtralité endimanchée et ses dialogues aussi croquants que du pain de mie. Ampoulé, tout cela manque cruellement de panache et sombre anonymement.