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COLOR OUT OF SPACE de Richard Stanley : la critique du film

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Spectateurs

Carte d’identité :
Nom : Color Out of Space
Père : Richard Stanley
Date de naissance : 2019
Majorité : Indéterminée
Type : Indéterminée
Nationalité : USA
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : SF, Horreur

Livret de famille : Nicolas Cage, Q’Orianka Kilcher, Joely Richardson

Signes particuliers : D’après Lovecraft. Le pauvre…

NICOLAS CAGE DÉCOUVRE LE POT AUX ROSES

NOTRE AVIS SUR COLOR OUT OF SPACE

Synopsis : Les Gardner ont à peine le temps de s’habituer à la vie de la campagne qu’une météorite explose dans leur jardin en pleine nuit, dans un halo d’une lumière qui n’existe pas. Peu à peu, la propriété familiale semble contaminée par un mal indicible, qui affecte la flore, la faune… et les Gardner. 

Une fois tous les 36 de l’an, comme si un miracle touchait le monde du cinéma, Nicolas Cage arrive à glisser sa trogne moumoutée par un coiffeur en plein délire schizophrène, dans un bon film. Aujourd’hui, le pourtant bon comédien qu’il est, tourne à plein régime dans un maximum de séries B afin de cachetonner jusqu’à l’épuisement pour payer son déluge d’impôts. Mais une fois de temps en temps, au milieu des nanardeux Code 211, Froide Vengeance, Kill Chain et autres The Watcher, l’ami Nic nous sort un Mandy, revenge movie hardboiled totalement halluciné via lequel George Pan Cosmatos rappelait que non, Nicolas Cage ne se résume pas qu’à ses daubes en sauce calibrées pour le marché du DTV. Allez savoir pourquoi, mais on le sentait plutôt bien son petit dernier, Color Out of Space (enfin « dernier », Cage le frénétique a réussi à tourner 8 films depuis). Réalisé par le vétéran Richard Stanley qui n’avait plus dirigé un long-métrage depuis son calvaire sur L’île du Docteur Moreau (sur lequel il avait démissionné, remplacé par John Frankenheimer), Color Out of Space est un thriller de science-fiction horrifique basé sur une célèbre nouvelle de Lovecraft, déjà plusieurs fois adaptée au cinéma -souvent très librement- comme en 1965 par Daniel Haller (Le Messager du Diable avec Boris Karloff) ou en 1987 par l’acteur Keith David (The Curse).

On y a cru jusqu’au bout. Parce que Richard Stanley est doué et que son talent est resté trop longtemps en jachère. Parce que le film avait fait l’ouverture en grandes pompes du PIFFF 2019. Mais aussi parce que Mandy date d’il y a déjà deux ans. Depuis, Nicolas Cage s’est (encore) compromis dans une pelletée de navets infinie et il était temps de le revoir dans un bon truc. Malheureusement, faudra repasser par la case départ sans toucher 20.000. Mixant plein de trucs divers et variés sur le spectrogramme allant de la SF à l’horreur, de Rencontres du Troisième Type à Poltergeist en passant par The Thing, mais en alignant le tout sur le niveau global d’un nullissime L’Invasion Vient de Mars (les connaisseurs comprendront), Color Out of Space patauge en-dessous du niveau de la mer, dans l’océan d’une médiocrité embêtante car on sent un potentiel fort mal exploité. Richard Stanley a fait le choix d’un univers visuel très affirmé voulant recréer l’esprit de Lovecraft pour illustrer un scénario plutôt fidèle à la nouvelle (chose rare car généralement, le cinéma aime triturer et torturer le célèbre auteur pour repenser ses œuvres). Mais non content d’être d’un ennui assommant la faute à un scénario aussi poussif qu’une blague de Laurent Ruquier, Color Out of Space se paye une direction artistique franchement douteuse, mélange de manque d’argent et de choix contestables, adjointe à des effets spéciaux supervisés par des sous-traitants estoniens sur leur PC portable. Côté acting, ça rivalise en cabotinage (Nicolas Cage croit-il vraiment à ce qu’il joue ?) et pour ce qui est de l’écriture, rien n’est fait pour polir une histoire qui évolue de manière trop mécanique, comptant de trop sur son jeu avec l’indicible pour tenir les rênes d’une entreprise qui se délite très vite.

Pourtant, il y a des intentions chez Richard Stanley. Comme souvent, les exercices ratés sont habités par des intentions, mais celles-ci peinent à produire du bien dans un film erratique, qui rappelle autant Jodorowsky ou Ken Russell dans ses expérimentations formelles quasi psychédéliques, que du mauvais cinéma bis. Un film qui témoigne d’un grand amour pour le fantastique et l’épouvante (avec des clins d’œil nombreux à plusieurs classiques du genre) mais qui peine à formuler une proposition à la hauteur de ses ambitions imaginant une angoisse oppressante tapie dans toutes les pores des images. Malheureusement, Richard Stanley a bien du mal à associer cette ambiance ténébreuse à ses envolées gores, créant un déséquilibre qui fait trébucher le film de l’entredeux sur lequel il était perché. Un défaut emblématique du plus gros problème de Color Out of Space, cet état de confusion dans lequel il baigne en tant qu’œuvre trop brouillonne, qui manque d’une direction et d’une vision claires et précises. L’ensemble paraît foutraque et navigue à vue sans trop savoir quoi faire ni choisir entre le sérieux envoûtant ou la gaudriole boursouflée. Espérons que Richard Stanley s’en sortira mieux avec L’abomination de Dunwich, autre récit Lovecraftien qu’il va prochainement adapter.

BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

One thought on “COLOR OUT OF SPACE de Richard Stanley : la critique du film

  1. Je vous trouve d’une dureté excessive avec ce film, tant avec les acteurs qu’avec la réal’.

    Pour ce qui est des effets spéciaux, certains effets comme la chimère auraient mérité un raffinement au niveau de l’éclairage, mais c’est en fait assez bien réalisé, surtout si on considère le budget ridicule du film: 3 millions, c’est tout simplement pas suffisant pour un rendu correct, et malgré ça le film parvient à être viscéral. Après, sans mentir, certaines scènes gores font plus penser à Braindead qu’à The Thing, mais de manière générale je trouve l’aspect body horror franchement plutôt convaincant. Surtout que ça arrive en fin de métrage, on a le temps de se laisser happer par le film et son ambiance.

    Vous trouvez le scénario poussif ? En quoi ? Personnellement je trouve que Nicolas Cage et son personnage portent le film, c’est au travers de son déni de réalité que l’horreur est magnifiée, qu’elle devient inévitable.

    Vous avez l’air de présenter le film comme un chaos anarchique sans grosse cohérence, est-ce que vous sauriez préciser votre pensée ? Pour moi le dernier acte est une réussite, un cauchemar qui en vient à envahir chaque millimètre carré de pellicule, rien n’est épargné par la corruption: les corps, la nature, la maison, les objets du quotidien, tout est distordu. Pour moi c’est la force du film, c’est comme si, durant tout le métrage, on rajoutait des filtres déformants sur une réalité sécurisante, la rendant d’abord étrange, puis méconnaissable, puis hostile, puis carrément cauchemardesque, et on s’en rend compte à travers les yeux des deux ados, dans la manière dont ils regardent ce qui les entoure. J’ai trouvé ça assez fin, si le film avait un thème ça serait le distorsion.

    Bref je vous trouve très dur avec ce film ! J’en ressors pas à genoux comme devant Hérédité, mais je le trouve très convaincant.
    Au plaisir de confronter nos points de vue, bien sûr !

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