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A BEAUTIFUL DAY de Lynne Ramsay : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : You were never really here
Mère : Lynne Ramsay
Date de naissance : 2017
Majorité : 08 novembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h25 / Poids : NC
Genre
: Thriller, Drame

Livret de famille : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola…

Signes particuliers : Une oeuvre en demi-teinte pour la réalisatrice de We Need to Talk about Kevin.

JOAQUIN PHOENIX HABITÉ

LA CRITIQUE DE A BEAUTIFUL DAY

Résumé : La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence… 

Après un coup d’éclat mémorable en 2011 avec la claque We need to talk about Kevin, la réalisatrice Lynne Ramsay avait connu quelques difficultés à embrayer, comme en témoigne son stand-by d’une poignée d’années et ses frasques puis son abandon sur le western Jane Got a Gun avec Natalie Portman. Mais cinq ans après son chef d’œuvre avec Tilda Swinton, elle signe enfin son quatrième long-métrage. Et quel long-métrage ! Prix du scénario et prix d’interprétation pour Joaquin Phœnix au festival de Cannes, A Beautiful Day est comme la rencontre entre Taxi Driver, Drive et Old Boy. Une comparaison facile et souvent faite depuis son passage électrique sur la Croisette, mais qui définit bien l’essence de ce polar sombre et violent porté par un Phoenix habité. L’acteur y incarne un vétéran de guerre souffrant de nombreuses névroses post-traumatiques, qui joue les justiciers dans un New-York malade. Lorsqu’il se lance dans une mission pour sauver la fille d’un sénateur prise dans un trafic pédophile, il va basculer dans une terrifiante spirale de violence.
Le cinéma de Lynne Ramsay n’a jamais été facile, conventionnel et confortable. La réalisatrice britannique a toujours eu un style singulier, poussant le spectateur dans ses plus profonds retranchements en le bousculant par son sens de la narration perturbant et une mise en scène brouillant les repères. Avec A Beautiful Day, Ramsay pousse son style à son paroxysme, livrant une œuvre entre la confusion sensorielle et l’expérience psychologique. Une oeuvre surtout froide et frontale, à l’image de son protagoniste. Refusant le didactisme classique en lui préférant un mystère diffus et dissonant, elle plonge le spectateur au cœur d’un chaos à y perdre pied. Plus le film progresse, plus il est étrange et insaisissable, à la lisière d’un certain hermétisme que l’on pourra juger artificiel.


Adapté d’un roman de Jonathan Ames, A Beautiful Day est une virée aussi sombre que violente, dans une sorte de cauchemar total. D’un côté le cauchemar de cette adolescente prise dans un réseau de prostitution, de l’autre le cauchemar de ce vétéran que l’on sent doublement névrosé, marqué par une enfance abusive et une guerre qui a lui a laissé des séquelles. De l’utilisation du son jusqu’aux expérimentations de l’image en passant par un récit sans cesse troublant, le film de Lynne Ramsay tente de piéger le spectateur dans une histoire à la frontière du tangible et de l’inconscient, misant grandement sur une atmosphère d’inquiétude déstabilisante. Elle tente beaucoup mais sans trouver la bonne recette. Car A Beautiful Day finit par prendre des airs d’œuvre schizophrène, sans cesse balancée entre son génie et les carences qu’il crée à trop vouloir se montrer. Ramsay semble tout faire pour orchestrer sa virtuosité mais cette démonstration de talent se fait au détriment d’une efficacité en berne. Les quelques intenses à-coups de violence ultra-graphique sonneront comme autant de pics destinés à réveiller un spectateur un brin lassé par cette plongée sans rythme dans un univers psychologique halluciné, chargé en répétitions et en faux mystères. Si A Beautiful Day est formellement de toute beauté, il ne parvient pas à hypnotiser et à viscéralement engager son audience dans la quête mystique et de rédemption qu’il propose. D’autant que la tension y est émaciée, se dilatant autour de scènes qui ne parviennent pas à la cristalliser avec une rage qui finit par se résumer à une poignée de secousses visuelles détachées de toute intensité d’atmosphère. Probablement parce qu’il a ce tort de s’embourber dans sa lourdeur chichiteuse au lieu d’accepter une certaine simplicité qui lui aurait pourtant fait le plus grand bien, A Beautiful Day finit par ironiquement manquer d’émotion alors qu’elle semblait être son argument premier. Court (1h25), A Beautiful Day finit par paraître long, et semble se vouloir plus étoffé et intelligent qu’il ne l’est réellement. Étrange.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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