Nom : Bang Gang
Père : Eva Husson
Date de naissance : 2015
Majorité : 17 mai 2016
Type : Sortie DVD
(Éditeur : Ad Vitam)
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Lorenzo Lefebvre, Daisy Broom, Fred Hotier…
Signes particuliers : Pour son premier long-métrage, le cinéaste Eva Husson fait mouche et livre un teen movie magnifique.
UNE HISTOIRE D’AMOUR, DE SEXE ET DE CINÉMA
LA CRITIQUE
Résumé : Les faubourgs aisés d’une ville sur la côte atlantique.George, jolie jeune fille de 16 ans, tombe amoureuse d’Alex. Pour attirer son attention, elle lance un jeu collectif où sa bande d’amis va découvrir, tester et repousser les limites de leur sexualité. Au milieu des scandales et de l’effondrement de leur système de valeurs, chacun gère cette période intense de manière radicalement différente.L’INTRO :
Quasiment passé inaperçu à sa sortie en salles en janvier dernier, Bang Gang, premier long-métrage de la réalisatrice Eva Husson, vient s’ajouter à la liste de ces œuvres jugées « provocantes » par leur approche crue de la sexualité. On pense à Love, à Nymphomaniac, à L’inconnu du Lac, à La Vie d’Adèle ou The Smell of Us. Mais comme bien souvent avec ces films faisant couler des litres d’encre, la volonté n’est pas tant de choquer mais d’asseoir cette illustration « choc » réaliste à quelque-chose de plus important et dominant. Primé au festival des Arcs, nommé au festival francophone d’Angoulême et montré aux prestigieux TIFF de Toronto ou au London Film festival, Bang Gang mérite qu’on s’y attarde car voilà un premier effort hautement séduisant, voire même envoûtant.L’AVIS :
Quand le cinéma moderne aborde la jeunesse sous un angle plus dramatique, il parle souvent de sa dérive, de sa tragique insouciance, de sa perte ou de son manque de repères… Mais par nature, ces formulations draguent bien souvent avec elles, une notion de jugement, parfois glissée de manière insidieuse, voire légèrement hypocrite quand des auteurs affirment s’en prévaloir alors que l’essence même de leurs démarches s’y réfèrent. Avec Bang Gang, la néo-cinéaste Eva Husson refuse cette approche, elle ne veut pas juger pas « ses jeunes », elle ne veut pas les voir pas comme des âmes paumées déconnectées de la réalité ou appartenant à une génération en proie à un effondrement moral. Surtout, elle ne veut pas chercher à les opposer à ces fameuses « valeurs » souvent évoquées, pas plus qu’elle ne veut chercher à les articuler à des repères qu’ils n’auraient plus. Eva Husson montre une néo-jeunesse telle qu’elle est, avec ses repères à elle, sa construction à elle, en adéquation avec son environnement, son monde, son époque. Dans Bang Gang, il n’est pas question d’illustrer une jeunesse abîmée par l’absence de repères, il est tout simplement question de montrer que ces dits repères ont évolué, que la jeunesse a changé, qu’elle vit cette période charnière différemment d’avant, sans notion de bien ou de mal dans le regard proposé. Et c’est sans doute ce qui rend ce premier long-métrage si beau, si fort, si pertinent, saisissant à merveille ce chapitre de la vie fait d’expérimentations, où tout est vécu intensément, passionnément.Comme si le Larry Clark de Kids rencontrait le Rohmer de Pauline à la plage dans un effort où la noirceur de l’un se cognerait contre la douceur de l’autre, où la radicalité de l’un affronterait la pudeur de l’autre, dans un big bang explosif voyant naître une œuvre pleine de vie et d’envie, Bang Gang est une virée magnifique, parfois dramatique, parfois drôle, souvent mélancolique et par petites touches, émouvante. Eva Husson capitalise énormément sur ses jeunes comédiens débutants et plein de fraîcheur, pour mieux livrer un portrait témoin à la sincérité indéniable et en prise directe avec son temps. Finnegan Odfield et son charisme animalo-brutal incarne une jeunesse bercée par les codes de la télévision et d’internet, Daisy Broom (dont le jeu rappelle les jeunes héroïnes rohmeriennes) témoigne de cette envie très actuelle d’appartenir à quelque-chose, Marilyn Lima trimballe son look de lolita aux allures de néo-Brigitte Bardot avec une sensualité qui n’est qu’un moyen d’attirer l’attention, Fred Hotier est de ces suiveurs prêt à se laisser entraîner par n’importe quoi et Lorenzo Lefebvre illustre ces rêveurs dont la naïveté idéaliste a quelque-chose de tellement touchant.Si Eva Husson se laisse parfois emporter dans des excès l’amenant à se frotter aux bordures d’images clichées, son Bang Gang est une réussite mésestimée, dont le pouvoir ensorceleur est décuplé par une mise en scène maîtrisée et une photographie à se damner de beauté. Reste le dénouement final, aussi fort que troublant, dans lequel on pourrait voir une petite montée moralisatrice en désaccord avec la philosophie jusqu’alors déployée.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux