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AMERICAN PASTORAL : Entretien avec Ewan McGregor et Dakota Fanning

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Spectateurs

american_pastoral_afficheA l’occasion de leur venue à Paris il y a quelques mois, nous avions pu rencontrer Ewan McGregor et Dakota Fanning pour le compte de l’émission Mardi Cinéma sur France 2. Tous deux sont actuellement à l’affiche du film American Pastoral, première réalisation d’Ewan McGregor.

Synopsis : L’Amérique des années 60. Autrefois champion de sport de son lycée, Seymour Levov, dit « le Suédois », est devenu un riche homme d’affaires marié à Dawn, ancienne reine de beauté. Mais les bouleversements sociopolitiques de l’époque font bientôt irruption dans la vie bourgeoise, en apparence idyllique, de Seymour. Lorsque sa fille adorée, Merry, disparaît après avoir été accusée d’acte terroriste, il part à sa recherche pour que sa famille soit de nouveau unie. Profondément ébranlé par ce qu’il découvre, il doit affronter le chaos qui secoue la société américaine et jette les bases d’un nouveau monde. La vie de famille ne sera plus jamais la même… 

ENTRETIEN AVEC EWAN McGREGORewan-mcgregor

Pouvez-vous nous présenter ce premier film que vous venez de réaliser, et le rôle que vous y tenez ?

Ewan McGregor : American Pastoral est tiré d’un roman de Philip Roth qui s’appelle Pastorale Américaine, dans lequel Roth avait écrit sur une période particulière de l’Histoire américaine où la génération post-Deuxième Guerre Mondiale entrait en collision avec la génération de leurs enfants, nés dans les années 60’s. Le roman explorait cette période à travers l’histoire d’une famille, une mère et un père qui ont une fille, Mary, qui à l’adolescence devient très politisée, très radicalisée, et se fait entraîner à commettre des actes terroristes. L’histoire explore leur vie mais aussi la « perte » de leur fille et ce qu’il se passe après tout cela. Pour ma part, je joue du père, que l’on surnomme « le  Swede ». Vers la fin de son adolescence, il devient un sportif accompli. Il est Juif, étudie dans un lycée juif du New Jersey, et il est adulé car c’est un bon joueur de basket et de football. Il part rejoindre les Marines pendant la guerre et quand il revient, il se marie avec sa copine, une reine de beauté élue miss New Jersey. En un sens, il représente le « rêve américain » si vous voulez. Il reprend ensuite l’usine de son père et c’est un homme bien, Philip Roth parle de lui comme d’un homme bien. On va suivre comment il va gérer la perte de sa fille au profit des tactiques politiques de l’époque.

C’est votre première réalisation. Comment vous sentiez-vous sur le tournage ? Excité, stressé, terrifié ?

Ewan McGregor : (rires) Tout ce que vous venez de dire à la fois ! Je veux dire, j’avais des moments d’angoisse par rapport à ça mais surtout quand je me levais le matin et la nuit. Quand je travaillais sur le film, j’étais très concentré et j’avais avec moi des gens vraiment incroyables. J’avais de super collaborateurs, vous savez, le chef décorateur Dan Clancy, et nos artistes maquilleurs et coiffeurs Judy Chin, Jason Sica et Lindsay McKay qui ont fait nos costumes. J’ai aimé travailler avec ces gens incroyablement talentueux sur à quoi le film devrait ressembler. Il y a avait aussi mon directeur photo Martin Ruhe. J’aimais travailler avec lui sur le cadre, les mouvements de caméra… C’était vraiment excitant et quand vous étiez dans ce genre d’ambiance là, il n’y avait pas un seul moment d’inquiétude. Les vrais moments de stress venaient après, quand vous vous retrouvez seul tard la nuit dans votre chambre d’hôtel, et que vous vous mettez à penser à la journée de travail du lendemain !

Au final, c’était un tournage plaisant ?

Ewan McGregor : On a vraiment pris du plaisir à faire ce film et les acteurs étaient appelés à vraiment s’investir pour que les scènes fonctionnent. Je n’étais pas ce type de réalisateur qui impose sa vision aux comédiens, je voulais vraiment voir ce qu’ils avaient à offrir et construire les scènes avec eux. Donc c’était amusant pour nous et je pense que ça nous a rassemblé. J’espère que les autres acteurs vous diront que c’était créativement satisfaisant pour eux aussi.

Il y a une chose vraiment formidable dans le film, on a l’impression que vous servez de l’Amérique d’hier comme d’un miroir pour parler en creux, de l’Amérique d’aujourd’hui…

Ewan McGregor : Je pense qu’on avait décidé de faire un film d’autrefois, et mon but n’a jamais été de raconter une histoire « d’aujourd’hui ». Mais évidemment, je vis aujourd’hui et nos films reflètent nos expériences de vie. Il y a des choses qui se passent dans ce film qui se passent encore actuellement. Nous avons encore des scènes d’émeutes, des émeutes communautaires comme à Newark en 1967, qui ressemblent beaucoup aux émeutes d’aujourd’hui où les communautés afro-américaines sont dans les rues aux Etats-Unis à cause des violences policières et parce que leurs droits ne sont pas entendus. Il y a quelque chose de similaire aussi dans le sens où notre fille dans le film se radicalise et place une bombe pour faire sauter un immeuble. C’est un acte terroriste, un acte de terreur politique, et ça reste malheureusement très familier avec certaines choses d’aujourd’hui. Donc vous ne pouvez vous empêcher de voir des similarités, mais ce n’était pas mon intention première en tout cas.

Vous venez de tourner dans la suite de Trainspotting, qui sortira en 2017. Comment étaient les retrouvailles ?

Ewan McGregor : Le tournage était génial, on a tourné cet été à Edinbourg et ensuite en studio, entre Edinbourg et Glasgow. Le tournage a duré 10 semaines environ. C’était extraordinaire de revenir sur le plateau et de revoir ces gars là, Johnny Lee Miller, Ewen Bremner ou Bobby Carlisle. Et c’est vraiment sympa de rejouer Renton. J’ai vraiment adoré et rien n’était plus satisfaisant que de retrouver Danny Boyle sur un plateau, avec lequel je n’ai pas travaillé depuis beaucoup plus longtemps que je ne l’aurai voulu.

ENTRETIEN AVEC DAKOTA FANNINGdakota-fanning

Pourriez-vous nous présenter votre personnage dans American Pastoral ?

Dakota Fanning : Bien sûr, je joue le rôle de Mary, qui est la fille d’Ewan McGregor et de Jennifer Connelly dans le film. L’histoire suit Mary à différents stades de sa vie. C’est un personnage très difficile à décrire et à comprendre. On la voit surtout à un moment de sa vie où elle grandit dans une époque qui connaît des changements très radicaux. Et elle va vouloir faire entendre sa voix au milieu de sa génération. Elle est dans cette période délicate où l’on aime ses parents mais on veut se séparer d’eux et s’affirmer. Elle n’a pas de limites, elle veut faire ce qui lui semble juste et on va voir les conséquences que cela aura pour elle.

Votre rôle est extrêmement fort, très poignant. Comment s’est passé le tournage de votre point de vue ?

Dakota Fanning : Quand vous faites un film, parfois, peu importe le sujet dans lequel vous plongez, vous vous amusez. Et je me suis amusé. J’étais dans un environnement chaleureux et Ewan McGregor est quelqu’un de très chaleureux. Il a créé un environnement très solidaire, très participatif pour tout le monde. Je ne pouvais pas rêver de mieux. C’était encore plus facile d’aller loin dans l’émotion car c’était un tournage formidable et agréable.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle si exigeant émotionnellement ?

Dakota Fanning : Je n’ai pas eu de préparation particulière. On a surtout beaucoup parlé avec Ewan et j’ai regardé beaucoup de vidéos sur cette époque. J’ai essayé de faire quelques recherches de mon côté pour me documenter. J’étais assez nerveuse au départ car je voulais être « authentique » dans le film, je ne voulais pas être risible. C’était un beau challenge.

Quel est votre meilleur souvenir de cette expérience ?

Dakota Fanning : Mon meilleur souvenir reste Ewan. J’ai travaillé avec beaucoup de monde dans ma carrière mais Ewan a été quelqu’un de confiance, un ami, et je suis fière d’avoir pu faire partie de sa première réalisation.

Vous l’avez senti stressé d’ailleurs pour cette première ?

Dakota Fanning : Il avait l’air serein. Il avait cette balance qu’ont les grands cinéastes. Il savait ce qu’il voulait mais il était ouvert aux idées, il était très collaboratif. En dehors du tournage, je ne sais pas, mais sur le plateau, il était sûr de lui et c’était agréable.

Par Nicolas Rieux

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