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LES BARBARES de Julie Delpy : la critique du film

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Nom : Les Barbares
Mère : Julie Delpy
Date de naissance : 18 septembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h41 / Poids : NC
Genre : Comédie satirique

Livret de Famille : Julie Delpy, Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Ziad Kabri, India Hair, Jean-Charles Clichet, Mathieu Demy, Albert Delpy…

Signes particuliers : La version comédie satirique du The Old Oak de Ken Loach.

Synopsis : A Paimpont, l’harmonie règne : parmi les habitants, il y a Joëlle – l’institutrice donneuse de leçons, Anne – la propriétaire de la supérette portée sur l’apéro, Hervé – le plombier alsacien plus breton que les Bretons, ou encore Johnny – le garde-champêtre fan de… Johnny. Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! Et certains, dans ce charmant petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. Alors, au bout du compte, c’est qui les barbares ?

UNE COMÉDIE PIQUANTE SUR LE VIVRE-ENSEMBLE

NOTRE AVIS SUR LES BARBARES

Quel est le point commun entre Ken Loach et Julie Delpy ? Ils sont tous les deux européens ok. Ils sont tous les deux anglophones, ok. Il y a un qui fait Looking for Eric et l’autre Looking for Jimmy. Mais si tout cela sont des broutilles tirées par les cheveux, maintenant ils en ont un vrai : ils ont fait plus ou moins le même film. L’an passé, Ken Loach siphonnait le réservoir émotionnel des festivaliers cannois avec son magnifique The Old Oak, drame engagé dans lequel il participait au débat sur les migrants en racontant l’histoire d’une famille syrienne accueillie dans une petite ville du nord de l’Angleterre, non sans une forte hostilité des locaux. Un an plus tard, Julie Delpy imagine la même histoire mais en France, dans un petit bled breton. Un remake ? Non. On parlera plutôt de variation. Car là où Ken Loach a signé un drame politique purement loachien, Julie Delpy en tire une comédie très acide roulant à l’ironie et à la satire.

Et franchement, qu’est-ce qu’on rit… jaune ! Les Barbares, c’est vraiment la version satirique de The Old Oak. En tout point ou presque. Outre la même histoire, Julie Delpy partage les mêmes thématiques, arguments et réflexions que Ken Loach avant elle. L’arrivée de réfugiés perdus face à une nouvelle culture qu’ils ne maîtrisent pas, les sourires de façade des autochtones sceptiques, les férocement contres qui font du bruit pour manifester leur mécontentement, les préjugés, les maladresses par envie de bien-faire, l’hostilité, les jaloux qui ne comprennent pas que d’autres sont aidés là où eux ne le sont pas, les politiciens qui veulent tirer profit du coup médiatique… Tout pareil. Avec aussi chez Delpy, beaucoup d’intelligence dans le regard et le portrait dressé. La nuance est uniquement dans le ton. Ken Loach explorait avec sérieux cette situation complexe, Julie Delpy donne dans l’humanisme outré en se moquant des médiocres et des inhumains bourrés de préjugés et craignant pour leur petit confort au lieu de tendre la main à des gens dans le besoin. Entre un maire couard, un plombier raciste, une institutrice donneuse de leçons dévouée mais dépassée, ceux qui suivent le mouvement ou les hostiles qui ne se l’avouent pas franchement, Les Barbares croque avec un regard aussi piquant qu’hilarant, une galerie de personnages très représentatifs de diverses réalités.

Sur le fond, le film est caustique à souhait mais surtout criant de vérité. Julie Delpy affirme n’avoir voulu qu’être honnête avec la situation actuelle. C’est ce qui se dégage de son film, elle ne victimise ni ne diabolise, elle montre juste que la peur aboutit souvent à une dérive protectionniste. Drôle et malin, Les Barbares est un petit régal auquel on reprochera seulement quelques facilités scenaristiques qui certes mènent à des idées mais sans grande finesse.

 

Par Nicolas Rieux

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