Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Louder than Bombs
Père : Joachim Trier
Date de naissance : 2014
Majorité : 09 décembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Allemagne, France
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Isabelle Huppert (Isabelle), Jesse Eisenberg (Jonah), Gabriel Byrne (Gene), Amy Ryan (Hannah), David Strathairn (Richard), Devin Druid (Conrad)…
Signes particuliers : Un drame familial sur le deuil porté par un casting international. Anciennement titré Plus Fort que les Bombes, Back Home a été ainsi retitré en urgence après les récents attentats parisiens.
PLUS LOURD QUE LES BOMBES
LA CRITIQUE
Résumé : La préparation d’une exposition consacrée à la célèbre photographe Isabelle Reed trois ans après sa mort inattendue amène son mari et ses deux fils à se réunir dans la maison familiale. Refait alors surface un secret qui plonge leurs vies apparemment calmes dans le chaos…L’INTRO :
On était très impatient de voir le retour à Cannes du cinéaste Joachim Trier, quatre ans après son excellent Olso, 31 Août. Pour sa nouvelle venue sur la Croisette, le norvégien passe de la catégorie « Un Certain Regard » à la prestigieuse compétition officielle avec Louder than Bombs, un drame familial porté par un casting étoilé composé de Jesse Eisenberg, Gabriel Byrne et Isabelle Huppert. Sur fond de deuil d’une mère photographe-reporter, tragiquement disparue dans un accident de voiture, le film s’attache au regard des différents membres de cette famille meurtrie, face à un événement qui resurgit trois ans plus tard à la faveur d’une exposition et d’un article dans le New York Times qui promet de raviver certaines blessures et secrets. Et le cinéaste d’observer comment ses protagonistes ont pu évoluer avec la douleur accablante.L’AVIS :
L’excitation de renouer avec le cinéma profondément existentialiste de Joachim Trier aura vite fait place à un amer sentiment de déception devant ce troisième long-métrage passablement manqué. Film introspectif sur le processus de deuil et l’incommunicabilité père-fils, Louder than Bombs cherche à illustrer le chaos d’une cellule familiale mais c’est finalement lui qui bascule dans les abîmes de ce même chaos. Impacté par une construction désordonnée et une narration aussi brouillonne que confuse, ce nouvel effort sans la moindre originalité et labourant un sujet sucé jusqu’à la moelle par des années de cinéma dramatique, s’avère d’une platitude déconcertante où jaillit nullement la moindre émotion malgré la conviction déployée par sa distribution magnifique. Le sujet était pourtant passionnant, au moins autant que n’est mauvais le traitement plat et convenu que lui accorde Joachim Trier.Tunnel d’ennui se perdant dans ses turpitudes existentielles au point de passer à côté de son propos et de ses intentions, on ne pourra même pas se contenter d’une mise en scène de haut vol, Trier sombrant dans une lourdeur qu’on n’attendait pas de sa part. Lourdeur du langage cinématographique, lourdeur de la dialectique, lourdeur des motifs symboliques répétés à outrance jusqu’à la surcharge pompeuse pour incarner une fable dramatique qui se serait bien satisfaite de davantage de pudeur et de finesse. Accumulant les tares et les ramifications grotesques dans un scénario qui navigue à vue en racontant tout et n’importe quoi, Louder than Bombs filtre ses bonnes idées noyées dans un déluge de maladresses. Les concernant, on ne pourra pas passer à côté du lointain rapport qu’entretien le film avec le récent L’Épreuve d’Erik Pope, même si les deux œuvres défendent des sujets très différents. En tout cas, sur le portrait dessiné en arrière-plan d’une photographe-reporter (Isabelle Huppert), on relèvera que Joachim Trier creuse discrètement mieux les questionnements moraux et éthiques du métier, clairement moins bien les enjeux personnels. Mais encore une fois, il ne s’agit là presque que d’un détail dans un film visant à illustrer et raconter autre chose. Dommage, ce qu’il raconte, il le raconte bien mal.
EXTRAIT :
Par Nicolas Rieux