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WHITE BIRD de Greg Araki
Critique – Sortie Ciné

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note 6 -10
Carte d’identité :
Nom : White Bird in the Blizzard
Père : Gregg Araki
Date de naissance : 2014
Majorité : 15 octobre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h31
Poids : Budget NC
Livret de famille : Shailene Woodley (Kat), Eva Green (Eve), Shiloh Fernandez (Phil), Christopher Meloni (Brock), Gabourey Sidibe (Beth), Angela Basset (Dr Thaler), Mark Indelicato (Mickey), Thomas Jane (Scieziesciez), Dale Dickey (Mme Hillman)…

Signes particuliers : Greg Araki aurait-il fait le tour de se thématique favorite : l’adolescence et ses angoisses ? Ce nouvel effort paraît un cran en-dessous de ses précédentes réussites. Mais parce que c’est Araki et parce qu’il est plein de talent, on y trouve toujours des qualités évidentes.

 

GREGG ARAKI ET (TOUJOURS) L’ADOLESCENCE

LA CRITIQUE

Résumé : Kat Connor a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité,  Kat semble  à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère…UN OISEAU BLANC L’INTRO :

Gregg Araki n’en a pas terminé avec son perpétuel approfondissement des affres du passage de l’adolescence à l’âge adulte, sa thématique favorite qui jalonne tout son brillant cinéma depuis des années. Après sa superbe trilogie artistiquement cohérente composée de Totally F***ed Up, The Doom Generation et Nowhere, après les fabuleux Mysterious Skin et Kaboom, le metteur en scène signe Un Oiseau Blanc dans le Blizzard, drame aux allures de teen movie indépendant porté par l’étoile montante Shailene Woodley. L’histoire d’une ado de 17 ans dont la mère disparaît du jour au lendemain sans laisser de traces. Prise dans sa vie marquée par les découvertes de son âge, sexuelles, affectives et existentielles, Kat Connor ne semble pas affectée par ce bouleversement et compose avec lui et un père mélancoliquement effacé. Jusqu’à ce que des rêves l’amènent à s’interroger à la fois sur elle-même et sur ce drame.416446.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

L’AVIS :

Gregg Araki nous avait habitué à un cinéma d’exception aussi personnel qu’envoûtant et singulier dès qu’il s’agissait de toucher à l’âge de l’adolescence, période charnière qu’il paraissait mieux comprendre que personne dans toutes ses nuances et ses difficultés. Aujourd’hui cinquantenaire, le réalisateur semble avoir retourné cette thématique dans tous les sens. A t-il encore quelque-chose de pertinent à ajouter ? C’est la question que pose Un Oiseau Blanc dans le Blizzard, adaptation du roman éponyme de Laura Kasischke. Par petites touches disséminées et balisant le parcours émotionnel et psychologique de son personnage, Araki tend à montrer qu’il n’a rien perdu de sa propension à mettre en exergue les interrogations existentielles de l’adolescence. Mais ce constat n’est que façade. Car derrière lui, cette dernière œuvre apparaît dans le même temps, comme la moins aboutie de son cinéma. La plus creuse aussi malgré un arc narratif formidable dans le champ des possibles qu’il s’ouvre. D’un côté une femme en pleine extinction (Eva Green), mère et épouse frustrée passant à côté de sa vie, et de l’autre, une jeune adolescente en pleine construction, avec l’éternelle volonté filiale de ne pas vouloir ressembler à nos parents, de ne pas reproduire leurs erreurs. Le parallèle est fort entre l’évolution psychologique de cette mère et sa fille, mettant conjointement la peinture d’une naissance forte et d’une mort lente, la première servant d’appui au portrait fait de la seconde et parfois vice et versa.420196.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

L’heure serait-elle venue pour Araki de changer de sujet ? De s’essayer à autre chose ? Peut-être. Avec Un Oiseau Blanc dans le Blizzard, on dirait bien qu’il ait jeté ses dernières banderilles dans un nouveau film plus poussif qu’à l’accoutumée, moins gracieux et avec lequel il a maille à partir, comme à bout de souffle. Un Oiseau Blanc dans le Blizzard est le film de l’intermittence, partagé entre les dernières fulgurances narratives de son auteur et l’échec du « film de trop ». Mais parce que c’est Araki, le négatif ne l’emporte jamais, au contraire, le film parvenant une trouver une forme de justesse inscrite en filigrane. Il faut bien avouer que le metteur en scène est bien aidé dans sa tâche par une Shailene Woodley qui livre là, l’une de ses toutes meilleures prestations. La jeune actrice semble justement en pleine résonance avec le sujet, quittant elle-même cette adolescente ingrate et commençant à migrer vers le statut de femme, avec la maturité de jeu qui va de pair. Elle se met totalement à nue pour les besoins de l’artiste (y compris physiquement, ce qui ne manquera pas de provoquer un choc auprès de la gente masculine) et livre une prestation étourdissante, aux côtés d’Eva Green et du trop rarement employé Christopher Meloni. 402539.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Un Oiseau Blanc dans le Blizzard, ses thématiques, son mélange doux-amer empreint de mélancolie et sa construction dé-chronologique, ne séduisent peut-être pas autant que les dernières fulgurances arakiennes mais il reste une expérience émouvante et enrichissante, à la justesse permanente mais aux qualités sporadiques.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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