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SAMI – UNE JEUNESSE EN LAPONIE d’Amanda Kernell : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Sameblod
Mère : Amanda Kernell
Date de naissance : 2018
Majorité : 14 novembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Suède
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Lene Cecilia Sparrok, Hanna Alström, Mia Erika Sparrok…

Signes particuliers : Un premier film sur un pan peu glorieux et méconnu de l’histoire suédoise.

LE COURAGE D’ABANDONNER

LA CRITIQUE DE SAMI, UNE JEUNESSE EN LAPONIE

Synopsis : Elle, 14 ans, est jeune fille d’origine Sâmi. Elève en internat, exposée au racisme des années 30 et à l’humiliation des évaluations ethniques, elle commence à rêver d’une autre vie. Pour s’émanciper et affirmer ce qu’elle souhaite devenir, elle n’a d’autres choix que rompre tous les liens avec sa famille et sa culture.

Pour son premier long-métrage, la jeune réalisatrice suédoise Amanda Kernell s’est inspirée de l’histoire de sa propre grand-mère pour explorer un pan méconnu de l’histoire de son propre pays. Présenté et récompensé à la dernière Mostra de Venise, Sami, Une Jeunesse en Laponie raconte le douloureux parcours d’une jeune adolescente sami (le nom plus respectable et moins péjoratif donné aux lapons) dans les années 30, qui choisit de renoncer à sa famille et à sa culture pour s’émanciper et s’extraire du racisme subi par son peuple. Pour un bref rappel des faits, à l’époque, les habitants de Laponie étaient un peuple de nomades dont le mode de vie quasi-sauvage tournait autour de l’élevage de rennes. Ils étaient considérés comme un peuple inférieur, victimes d’un profond racisme de la part des suédois qui les méprisaient, voyant en eux des arriérés sauvages et puants. C’est pour échapper à cela que la jeune Elle-Marja va fuir…

Sami, Une Jeunesse en Laponie ne nous plonge pas tout de suite dans les années 30 de la Suède profonde. Le film s’ouvre dans un premier temps sur une vieille dame, venue enterrer sa défunte sœur. Très vite, on sent l’inconfort, le malaise qui entoure ce retour chez les siens. Passé quelques minutes de mystère, on va comprendre que cette vieille dame est la sami du titre, qu’elle a fui cette région qu’elle semble détester viscéralement, et qu’y revenir est difficile. Après un certain temps d’exposition, un long flashback démarre et va raconter son passé douloureux, et ainsi expliquer sa situation psychologique actuelle, marquée par une plaie ouverte qui ne s’est jamais vraiment refermée. Ostracisme, moqueries, violences, humiliations ethniques, le film d’Amanda Kernell détaille le regard dont étaient victimes les « lapons » et relate un pan méconnu et peu glorieux de l’histoire suédoise. Avec beaucoup de pudeur et de simplicité du traitement, la cinéaste ne cherche pas à œuvrer dans le pathos facile, et s’efforce à travers une mise en scène classique, de raconter une histoire de courage face à l’adversité, qui parvient même à ouvrir une porte sur une certaine universalité du propos. Si le récit se veut un parcours initiatique à travers les ronces de la discrimination, l’idée finale est de rendre hommage à tous ceux qui ont été (ou sont) victimes du racisme et qui ont eu le mérite de réagir. Sauf que Elle-Marja a réagi par la fuite et le renoncement. A une époque où l’on a tendance à vanter le contraire, à savoir la résilience plutôt que l’abandon, Sami Une Jeunesse en Laponie cherche à montrer qu’il y a aussi du courage dans la fuite, pas seulement dans la résistance héroïque.


BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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