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PAR AMOUR de Giuseppe M. Gaudino : la critique du film

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par_amour_filmMondo-mètre
note 2 -5
Carte d’identité :
Nom : Per Amor Vostro
Père : Giuseppe M. Gaudino
Date de naissance : 2015
Majorité : 13 avril 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Italie
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Valeria Golino, Massimiliano Gallo, Adriano Giannini, Salvatore Cantalupo, Elisabetta Mirra, Edoardo Crò…

Signes particuliers : Un drame qui aurait pu déchirer l’écran s’il n’avait pas été tant alourdi par les trop nombreuses dérives formelles de son auteur.

ÉTERNELLE VALERIA GOLINO

LA CRITIQUE

Résumé : L’histoire d’Anna se déroule à Naples. Entre passé et présent, entre noir et blanc et couleurs. Anna est une femme fragile. Prisonnière des devoirs familiaux et du rapport fusionnel avec ses trois enfants, désormais grands, elle a laissé sa vitalité s’éteindre lentement. Mais dans son petit monde étriqué, elle rêve d’ailleurs, elle rêve d’amour… L’offre d’un travail stable en dehors de la maison et la possibilité de se sentir à nouveau aimée, lui donneront des ailes pour enfin voler d’elle même…par_amour_film_valeria_golinoL’INTRO :

Valeria Golino fait partie de ces comédiennes capables de déplacer plus d’un spectateur rien que sur la foi de leur présence dans un film. Il faut bien avouer que la belle italienne au charisme si insaisissable, affiche une filmographie qui parle pour elle, et qui n’aura eu de cesse de faire l’étalage de son talent infini, de ses débuts en Italie en passant par son ascension hollywoodienne et jusqu’à son retour en Europe, essentiellement du côté d’un cinéma d’auteur où elle fait souvent preuve de clairvoyance avec de temps à autre, quelques parenthèses plus légères. Un talent justement récompensé lors de la dernière Mostra de Venise, où l’actrice était venue défendre le drame transalpin Par Amour. Acclamée pour son intense prestation de mère-courage à la Anna Magnani, Valeria Golino aura raflé le prestigieux prix d’interprétation féminine. De quoi donner encore un peu plus de crédit à ce second long-métrage de fiction du documentariste Giuseppe M. Gaudino.

Foto di scena del film

L’AVIS :

Valeria Golino affectionne les défis, elle aime les expériences, elle aime donner sa chance à des projets fragiles, préférant se préoccuper davantage de l’enrichissement personnel qu’ils peuvent lui apporter en dépit de son statut d’actrice confirmée, et non du potentiel succès qu’ils pourraient éventuellement rencontrer. Par Amour en est une nouvelle démonstration. Ovni sans cloisons artistiques, mélangeant les arts (musique, peinture, dessin, cinéma) dans un véritable tourbillon créatif plein d’énergie et de folie, le drame signé Giuseppe M. Gaudino entre immanquablement dans la catégorie de ces œuvres déroutantes, que l’on ne sait trop comment appréhender, qui exerce une certain pouvoir de fascination par leur singularité revigorante, par leur façon d’aller jouer avec nos sens, préférant immerger le spectateur dans un idéal sensoriel plutôt que de raconter de manière classique, une histoire somme toute assez banale. Invitant une intrigue assez linéaire sur la forme dans un exercice quasi-expérimental, Par Amour surprend, désarçonne et nous éloigne des codes traditionnels d’un cinéma sans audace pour nous mener avec panache, du côté d’un…par_amour_film_2Arrêt sur un plan, dessins envahissant le cadre pour recréer une nouvelle image, trucages sur fonds verts volontairement visibles, chansons à vocation narratives, alternance entre le noir et blanc et la couleur, entre le silence et un mélange des sons cacophonique, alternance aussi entre la fantasmagorie ésotérico-onirique et le réalisme épuré… La rhétorique de Par Amour est frénétique, extravagante, parfois loufoque, riche en inspirations. Elle est malheureusement aussi, lourde, tantôt électrisante tantôt indigeste, et la volonté de confectionner un film radicalement différent, de finir par épuiser aussi bien le spectateur que le cœur d’une histoire que l’on peine à garder à portée de vue et de sensibilité.160405_....multimediaarticles160330PERAMORVOSTROfoto1Les nombreux délires expérimentalistes d’un Giuseppe M. Gaudino probablement sous acide durant le tournage/montage de Par Amour, traversent incessamment l’écran et même si l’on voudrait se réjouir de cette salve osant quelque-chose de fort et personnel, elles auront bien malgré elles, l’effet inverse, provoquant perpétuellement une surcharge visuelle annihilant leur visée première : rendre le film immersif et émotionnel. C’est comme tout, le bon dosage est la base de toute entreprise réussie. Et c’est sur ce point précis que Giuseppe Gaudino se savonne la planche, provoquant lassitude et exaspération là où un peu plus de retenue graphique aurait sans doute rendu un fier service à son film. Son histoire bouleversante, la performance fabuleuse de Valeria Golino ou encore la richesse de ses images chargées en symbolisme pertinent, tout finit par succomber au trop-plein d’idées déversées à l’écran dans un effort entre l’œuvre malade revendiquant sa singularité et le cafouillage artistique confus voire pompeux, souvent exténuant, redondant et parfois même incohérent.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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