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SHOWGIRLS de Paul Verhoeven : la critique du film [Blu-ray – version restaurée]

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note 4 -5
Carte d’identité :
Nom : Showgirls
Père : Paul Verhoeven
Date de naissance : 1995
Majorité : 14 septembre 2016
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA, France
Taille : 2h11 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Elizabeth Berkley, Kyle MacLachlan, Gina Gershon…

Signes particuliers : Redécouvrez le chef d’oeuvre de Paul Verhoeven en version restaurée !

LE CHEF D’ŒUVRE MAUDIT DE PAUL VERHOEVEN

LA CRITIQUE DE SHOWGIRLS

Résumé : Sans famille, sans amis et sans argent, Nomi Malone débarque à Las Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. A peine arrivée, elle se fait voler sa valise par l’homme qui l’a prise en stop. Perdue dans la ville, Nomi doit son salut à Molly Abrams, costumière au «Cheetah», un cabaret réputé de la ville. Molly lui trouve un job de stripteaseuse dans une boîte où elle fait elle-même quelques extras. Cristal Connors, la vedette du «Cheetah», très attirée par Nomi, la fait engager dans son show où elle gravit rapidement les échelons. Dans les coulisses impitoyables de Vegas, Nomi devient très vite une rivale gênante.showgirls_a_1995_-_path_productionCurieux destin que celui de Showgirls, film mésestimé en son temps et réhabilité depuis après un revirement dès plus étonnant. Il y a 20 ans, ce thriller érotique sulfureux avait été attribué à un Paul Verhoeven jugé « en méforme ». Avec un flop à la clé. Aujourd’hui, celui qui avait été injustement décrié jadis (13 nominations aux Razzie Awards) est rétroactivement considéré comme un grand film sans doute incompris à l’époque. Tant mieux pour l’immense cinéaste néerlandais qui n’avait certainement pas mérité pareille vindicte en 1995 et dont on n’oubliera jamais l’humour et la classe, d’être allé chercher sa récompense aux impitoyables Razzie !pho-n-3050-23_showgirls_a_1995_-_path_productionLes boulets rouges qui avaient plu sur Showgirls en 1995, visaient sa nature outrancière, son caractère kitsch, sa musique atroce, son ambiance répugnante ou encore sa vulgarité permanente. Le rejet avait été quasi-total aux Etats-Unis comme ailleurs (et on s’inclut faiblement dans le lot, n’ayant pas aimé le film à l’époque). Quand on y repense avec le recul, c’est presque avec un soupçon de honte que l’on se rend compte à quel point on a pu passer, comme beaucoup, à côté d’un film à l’audace hallucinante. Oui, Showgirls est un film extrême, dans ce qu’il propose, dans ce qu’il montre, dans ce qu’il dit, et dans la façon dont il le dit. Peignant un Las Vegas dégoûtant où le sexe est une affaire de fric, où tout n’est que toc et ridicule, où les lumières et les paillettes ne sont que des cache-misères recouvrant la médiocrité des lieux, Showgirls va loin dans ce sens qu’il reprend les codes de l’univers qu’il prend pour cible, pour les injecter à l’image. La musique est abominable ? Oui, comme la musique criarde que l’on entend à Las Vegas. Tout le film baigne dans le kitsch ? Comme l’esthétique qui imprime la rétine à Las Vegas. Tout est outrancier et vulgaire ? Comme l’esprit qui règne à Las Vegas. Finalement, l’audace de Verhoeven aura été de faire un film dénonçant un endroit de perdition en affichant ce qu’il est, sans fard, sans poudre embellissante. Et au sommet de tout cela, il y a l’ouverture sur un pays. Et c’est peut-être ça au final, qui explique le surpuissant rejet américain et la vindicte à l’encontre du film il y a vingt ans.pho-n-3050-21_showgirls_a_1995_-_path_productionA travers ce portrait immonde dressé de Las Vegas, Verhoeven entendait faire une métaphore. Une métaphore de l’Amérique où tout est superficiel, où le fric peut tout acheter, où la vulgarité répond à l’exagération permanente. Une Amérique déliquescente, dépravée, qui n’a honte de rien, y compris de sa propension à repousser toutes les limites de l’écœurement parce que le « show must go on » et que « le pognon prévaut sur tout ». Finalement, Showgirls est quelque part, l’une des plus furieuses agressions cinématographiques contre le système capitalisme. Certains avaient eu du discernement à l’époque et avaient défendu le film. On ne peut que les féliciter. Pour beaucoup d’autres, il aura fallu du temps pour comprendre la portée de Showgirls. Mais mieux vaut tard que jamais, dit-on. En tout cas, le film est aujourd’hui à redécouvrir en Haute-Définition et c’est une excellente occasion de le revoir sous un autre œil, avec un regard plus éclairé.pho-n-3050-27_showgirls_a_1995_-_path_production

LE TEST BLU-RAY DE SHOWGIRLS

Compte tenu des efforts entrepris pour restaurer l’image et le son d’un Showgirls qui vient de fêter ses 20 ans, on s’attendait à trouver une édition Blu-ray presque « définitive », dans le sens où l’on aurait aimé s’enflammer pour son exhaustivité. Malheureusement, petite déception devant la maigreur des suppléments proposés. Outre une passionnante interview de Paul Verhoeven (21 min.) réalisée spécialement pour les besoins de cette ressortie, on ne trouve que la vidéo de son passage aux Razzie Awards, lorsque dans un immense moment d’humilité et d’humour, le cinéaste est allé récupérer son prix du Pire Réalisateur de l’année. On se contentera donc de ce nouvel entretien où Verhoeven revient sur la genèse du film, ses intentions et sa réception. Heureusement, l’essentiel reste le film et la qualité d’image est séduisante avec tout ce qu’il faut de netteté (4k oblige) et de piqué. La restauration, supervisée par Verhoeven en personne, permet au film de jouir d’une nouvelle jeunesse. Côté son, on est dans du très honorable (avec notamment une belle spatialisation) mais on devra avouer que l’on a connu mieux question profondeur.

Par Nicolas Rieux

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