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PENTAGON PAPERS de Steven Spielberg : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : The Post
Père : Steven Spielberg
Date de naissance : 2017
Majorité : 24 janvier 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson…

Signes particuliers : Un petit Spielberg.

SPIELBERG PARLE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

LA CRITIQUE DE PENTAGON PAPERS

Résumé : Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis… 

A quelques semaines de la sortie du très attendu Ready Player One, son grand retour à la science-fiction, Steven Spielberg s’offre une parenthèse « Oscar » avec Pentagon Papers, un long-métrage inspiré d’une histoire vraie qui prend place au début des années 70, dans une Amérique ébranlée par l’enlisement dans le conflit au Vietnam. Et justement, du Vietnam, il sera beaucoup question au cœur de ce thriller journalistique relatant le combat d’une directrice de publication du Washington Post et son rédacteur en chef, pour faire éclater un scandale impliquant plusieurs Présidents américains. A l’époque, le Washington Post n’était qu’un petit journal local et familial. Jusqu’au jour où des documents top secrets vont fuiter, révélant les mensonges à répétition et les agissements occultes des derniers Gouvernements dans la gestion de la guerre en Asie. Avec Meryl Streep et Tom Hanks en têtes d’affiche, Steven Spielberg tient là une machine à Oscars redoutable, à défaut d’être un grand film impérissable.

Car avec Pentagon Papers, l’intouchable cinéaste ne nous offre pas un monument très enthousiasmant à se mettre sous la dent. Le réalisateur passe en mode mineur, et se contente souvent d’illustrer factuellement son histoire, tel un faiseur au génie discret malgré quelques plans magistraux éparpillés aux quatre coins du film, et malgré une finesse imperceptible qui habite les recoins de son long-métrage. Le fait que l’action se déroule dans les années 70 ne justifiait pas forcément une telle approche académique au style un brin passéiste. Quoiqu’il a le mérite de bien capter l’époque dans laquelle il s’inscrit. Pentagon Papers n’est pas qu’un film dans les années 70, il en adopte le look, sorte de résurrection d’une esthétique oubliée depuis quarante ans. A défaut d’une créativité virtuose et d’une approche foncièrement moderne, Spielberg tombe parfois dans une certaine fadeur formelle, ou plutôt un certain manque d’audace alors que l’on ressent peu de passion dans un effort qui transpire la conduite fonctionnelle. Cherchant à ressusciter l’ambiance et la facture des classiques du film de journalisme façon Les Hommes du Président, son modèle premier et le « plus grand film de journalisme jamais fait » selon Spielberg, le cinéaste s’embourbe dans une pseudo-indolence, et la fausse paresse qui sous-tend ce nouveau long-métrage n’a d’égale que la lourdeur éléphantesque avec laquelle est assené son propos sur l’importance de la liberté de la presse comme fer de lance des libertés individuelles, et sur le féminisme, quoique le metteur en scène se montre plus à l’aise sur cette seconde thématique. On parle de « fausse paresse » car à y regarder de plus près, Pentagon Papers est parfois capable d’une étourdissante finesse dans sa manière d’approcher et de scruter ses personnages.

Devant la caméra d’un Spielberg que l’on espère voir plus inspiré pour son prochain Ready Player One (vers lequel il avait peut-être l’esprit encore tourné au moment de s’attaquer à Pentagon Papers), le classieux duo à Oscars Meryl Streep & Tom Hanks semble s’être lui-aussi mis au diapason de la facture mécanique de l’ensemble, livrant des prestations oscillant entre le grandiose et le surjoué, malgré des personnages passionnants à incarner, à l’image de katherine Graham jouée par Meryl Streep, une femme de pouvoir étouffée par les hommes et qui peine à imposer la voix que lui confère sa position. Même l’illustre Janusz Kamiński, pourtant l’un des plus grands chefs opérateur du monde, livre une photo au style surannée dès plus agaçant. A croire que tout le monde était en deça sur le plateau d’un film un brin ampoulé, qui essaie de dépasser son statut d’œuvre anecdotique sans toujours bien y parvenir. Reste que l’histoire se suit sans peine, parce que Spielberg est un conteur hors pair qui sait captiver son audience en la mystifiant par son sens de l’efficacité, et qu’il a assez de cinéma en lui pour transcender ce qu’il touche et ici, transcender certaines scènes. C’est déjà ça de pris mais Pentagon Papers fait un peu office de film de transition en attendant le prochain.

BANDE ANNONCE :


Par David Huxley

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