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MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras : la critique du film

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note 4.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Ma vie de courgette
Père : Claude Barras
Date de naissance : 2015
Majorité : 19 octobre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h06 / Poids : NC
Genre : Animation, Comédie dramatique

Livret de famille : Avec les voix de Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud…

Signes particuliers : L’un des beaux coups de cœur de l’année, côté « animation ». Magnifique !

DRÔLE, TENDRE ET BOULEVERSANT !

LA CRITIQUE DE MA VIE DE COURGETTE

Résumé : Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en a des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas même, être heureux.ma vie de courgetteAprès le séduisant La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit, voici un autre film d’animation qui a de quoi faire parler : Ma Vie de Courgette, ce petit film d’animation réalisé en stop-motion, véritable phénomène qui a fait sensation aux festivals de Cannes et d’Annecy. Une production franco-suisse adaptée d’un roman de Gilles Paris (Autobiographie d’une Courgette) par Claude Barras, et scénarisé par la réalisatrice Céline Sciamma (Tomboy, Bande de Filles). Attention, gros coup de cœur !ma-vie-de-courgette-11542820vahhgMa Vie de Courgette ne raconte pas l’aventure d’un légume dans une serre, pas plus qu’il n’est question d’escapade pour fuir un supermarché ou quelque chose du genre. Courgette n’est d’ailleurs pas un légume, mais un petit garçon mélancolique, triste bonhomme de neuf ans à l’enfance difficile, vivant seul avec sa mère alcoolique et mal-aimante. Le jour où elle meurt dans un accident dont il se sent responsable, Courgette est envoyé dans un orphelinat, où il rejoindra un petit groupe d’enfants aux vies compliquées. Sur le papier, le sujet est dur. Terrible même. Mais le duo Claude Barras et Céline Sciamma va faire des merveilles. Et le mot « merveille » est exactement ce qui conviendra le mieux pour définir Ma Vie de Courgette, court moment de cinéma (66 minutes seulement) dont la modeste durée n’a d’égale que le génie, la splendeur et le torrent d’émotions qui s’en dégagent.maxresdefaultMa Vie de Courgette brille de mille feux par sa capacité à tordre le cou à la philosophie de bien des œuvres d’animation d’hier et d’aujourd’hui, tout en adoptant pourtant, ce postulat éculé d’observer le monde des adultes par le prisme du regard des enfants. Refusant la niaiserie, le mielleux ou l’édulcoration, le tandem à l’ouvrage assume la noirceur de son histoire, et ne cherche jamais à l’occulter pour préserver une quelconque fibre enfantine intouchable, souvent exploitée avec cynisme et stupidité. Néanmoins et intelligemment, Barras et Sciamma ne s’empêtrent pas non plus dans le douloureusement pathos excluant d’emblée les enfants du public-cible. Ma Vie de Courgette parvient à s’adresser à tous, à raconter des choses vraies, profondes et sincères, même si elles peuvent attrister par moments, sans pour autant aller trop loin bien entendu. Reposant sur un équilibre à la fois gracieux et subtil, Ma Vie de Courgette fait rire et pleurer, bouleverse et communique de la joie, et en appelle finalement au cœur des plus grands contes classiques, qui savaient raconter des récits poignants et non délestés d’un fond passablement dramatique, tout en sachant user d’une forme adroite, pour cueillir les bambins émerveillés.ma-vie-de-courgette-06Ma Vie de Courgette est tour à tour grave ou léger, poignant ou amusant, poétique ou naturaliste, et son charme séduira non seulement les plus grands, séduits par sa magnifique histoire et son esprit, que les plus petits, captivés par son aventure pleine de valeurs fondatrices et éducatives, valorisant des notions de bonté envers les autres, de compassion et d’entraide. Et les cinéphiles (ou les autres) auront enfin de quoi se régaler eux aussi, par les prouesses techniques d’un film à la stop-motion magistrale, profondément cinématographique dans sa mise en scène riche en idées, et réussissant à injecter beaucoup d’expressivité dans ses personnages amusement imaginés entre grands yeux, longs bras, cheveux bleus ou nez colorés. Ma Vie de Courgette est tout simplement une flèche décochée en plein cœur, une mignardise portée par une approche enfantine forcée de s’arrêter de temps à autre, aux feux rouges du monde adulte. Tout cela est fabuleusement narré et exécuté dans cette pépite aux nombreux messages et leçons de vie, se jouant du fatalisme pour mieux lui griller la priorité. Sans doute LE film d’animation à voir cette année, Ma Vie de Courgette n’aura pas la force de frappe marketing d’un Disney et pourtant, il est tellement plus méritant, tellement plus beau, tellement plus juste, tellement plus fort, tellement plus sincère. Offrez à vos enfants ce beau cadeau tombé du septième art !

Ma-vie-de-courgette-film-de-Claude-Barras_image-gauche——

Candy, Rémi sans Famille… Deux exemples mémorables d’œuvres dont les histoires reposaient sur des bases très dures (des enfants orphelins) et pourtant, dont on garde des souvenirs épris de merveilleux. Le générique de Candy clamait qu’au « pays de Candy, comme dans tous les pays, on s’amuse, on pleure, on rit, il y a des méchants et des gentils. Et pour sortir des moments difficiles, avoir des amis c’est très utile. Un peu d’astuce, d’espièglerie, c’est la vie de Candy. » Quelque-part, Ma Vie de Courgette rappelle cela, et n’hésite pas à asséner que la vie n’est pas toujours rose, surtout pour les enfants. Faut-il écarter ces sujets pour ne pas traumatiser le très jeune public et le laisser enfermé dans une bulle déconnectée de toute réalité tangible ? On doute fort que des enfants aient été traumatisés à l’époque par la dureté des fondamentaux de Candy ou Rémi sans Famille, bien au contraire. Mais le cinéma moderne semble avoir accentué cet effet pervers de devoir surprotéger le public enfantin. Il serait grand temps de revenir à la véritable essence des contes, celle de divertir et amuser, tout en distillant en fond, des thématiques au pouvoir d’apprentissage fort, réaliste et crédible.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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