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LE GUETTEUR (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Le Guetteur
Parents : Michele Placido
Livret de famille : Matthieu Kassovitz (Kaminski), Olivier Gourmet (Franck), Daniel Auteuil (Mattéi), Nicolas Briançon (Meyer), Francis Renaud (Eric), Violante Placido (Ana), Jérôme Pouly (David), Luca Argentero (Nico), Michele Placido (Giovanni), Fanny Ardant (la femme de Giovanni)…
Date de naissance : 2011
Nationalité : France, Belgique, Italie
Taille/Poids : 1h – Budget NC

Signes particuliers (+) : Une entame correcte.

Signes particuliers (-) : Se vautre dans le ridicule à cause d’un script qui dévisse complètement vers le grotesque. Interprétation très moyenne, violence gratuite et faux hard-boiled au programme.

 

UN POLAR MOUILLÉ

Résumé : Le commissaire Mattéi met en place une opération visant à capturer un gang de braqueurs notoires qui échappe à la police depuis toujours. Mais la scène est un échec et vire au carnage. Un tireur embusqué couvrait les arrières des gangsters et décime les hommes de Mattéi. C’est le début d’une chasse à l’homme qui devient presque personnelle…

Le grand banditisme a le vent en poupe ces temps-ci, peut-être à cause du regain d’activité qu’il connaît, alimentant régulièrement les rubriques faits divers des journaux, entre casses et règlements de compte mais certainement aussi (et surtout) parce que le polar a toujours été un genre à succès dans nos contrées. En France, Olivier Marchal fait presque figure d’expert en la matière depuis quelque temps, par son expérience d’ex-flic et ce depuis son brillant 36, Quai des Orfèvres (parce que la suite est quand même sacrément moins bonne). De l’autre côté des Alpes, en Italie, c’est Michele Placido, acteur/réalisateur œuvrant depuis le début des années 70 mais désormais célèbre pour avoir signé l’excellent et puissant Romanzo Criminale qui essaie de s’imposer comme la maître du genre. Lui-même descendant d’un célèbre brigand transalpin, lui-même ancien policier, Placido semble s’être spécialisé dans le genre mais la suite avait un peu déçu, notamment son dernier L’Ange du Mal, nouveau film investissant le milieu à travers la vie du criminel Renato Vallanzasca. Placido n’avait pas réussi à retrouver toute la fraicheur percutante de son classique de 2005 qui avait même débouché sur une série télé. On espérait donc le voir repartir de l’avant avec son petit nouveau, Le Guetteur, polar ultra-musclé, toujours sur le grand banditisme, emmené par un duo d’opposition que l’on espère charismatique, d’un côté Daniel Auteuil (le commissaire Mattéi) et de l’autre, Mathieu Kassovitz (Vincent Kaminski), celui qui chie sur le cinéma français mais qui est bien content de le trouver pour faire des films et jouer dedans.

Placido a un cahier des charges qu’il veut imposer comme une recette : brutal, violent, implacable, ambigu et sans concession. Explorant la frontière trouble entre le Bien et le Mal, entre la Police et les truands qu’elle pourchasse, Le Guetteur va lorgner à la fois du côté des polars des années 70 à la Melville, ces films solides à l’ancienne, avec une chasse à l’homme haletante et organisée, mais aussi du côté des films hard-boiled des années 80, brutaux, avec des scènes de combats dantesques à mains nues ou à l’arme blanche et enfin du côté des actionners modernes avec ses gunfights spectaculaires essayant de s’inspirer du cinéma de Michael Mann. Les ambitions affichées font saliver pour cette coproduction franco-italo-belge. Les premières images aussi, annonçant un film explosif, mettant les moyens pour convoquer lyrisme et impact, le tout dans un Paris secoué et ensanglanté.

Sauf que Placido se prend les pieds dans le tapis à trop vouloir bien faire. Ou en en faisant pas assez au contraire. D’abord parce que Le Guetteur ne propose rien de bien original qui n’aurait pas été vu ailleurs, soit chez Marchal, soit chez Placido même, soit chez d’autres. Peu inspiré, le cinéaste reprend tous les clichés usités du milieu, les emboîte dans un scénario grotesque qui multiplie les à-côtés et les digressions, souvent dans une rare bêtise où l’improbabilité rivalise avec la facilité. Plutôt que de se concentrer sur sa seule chasse à l’homme et d’en tirer un film rugueux, âpre et revanchard, Placido préfère faussement complexifier son script (qui finalement est quand même light question inspiration) et s’étaler, en partant dans tous les sens en venant y greffer des intrigues parallèles qui n’ont manifestement rien à ficher ici. D’une confrontation que l’on espérait dantesque entre flics et voyous, on débraye et tourne vers une fumeuse histoire de serial killer avant de revenir sur un passé explicatif qui vire au n’importe quoi à la limite du comique, censé pourtant donner corps à l’opposition du duo star. Comme si l’histoire était sortie de l’esprit d’un enfant de huit ans qui, après deux cours de français et un de cinéma, se lançait dans l’écriture d’un scénario en cherchant comment y assembler plusieurs idées qui n’ont rien à voir ensemble mais qu’il espèrerait pouvoir emboiter avec malice touchante de naïveté. Sauf que l’on pardonne moins à Placido qui n’a rien de mignon à l’image d’un film qui se mue tout entier en digression. Le cinéaste rate totalement sa tentative de fresque/polar criminel hard-boiled qui navre plus qu’elle ne passionne. Pour masquer la stupidité de sa mécanique d’écriture simpliste, Le Guetteur va alors mettre le paquet sur la violence brute et gratuite et sur l’action nerveuse espérant ainsi faire illusion. Peine perdue, on a décroché depuis longtemps devant ce n’importe quoi ni fait ni à faire, tout juste distrayant à condition de fermer les yeux sur ses innombrables défauts. Avec pas mal de prétention, Placido livre un beau gâchis doublé d’une énorme déception. On attendait beaucoup de ce que l’on espérait être un bon polar hargneux et viril. On se retrouve juste avec un hallucinant ratage au goût rance, plombé par scénario qui laisse pantois de stupidité. Un vrai pétard mouillé.

Bande-annonce :

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