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LE GÉANT ÉGOÏSTE de Clio Barnard
en salles – critique (drame)

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LE+GEANT+EGOISTEMondo-mètre :
note 6
Carte d’identité :
Nom : The Selfish Giant
Père : Clio Barnard
Livret de famille : Conner Chapman (Arbor), Shaun Thomas (Swifty), Sean Gilder (Kitten), Siobhan Finneran (Mme Swift), Steve Evets (Mr Swift), Rebecca Manley (Shelly Fenton), Elliott Tittensor (Martin Fenton)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 18 décembre 2013 (en salles)
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h31
Poids : Budget NC

Signes particuliers (+) : Sur la base d’une histoire forte prenant racine dans le sillon du cinéma social à l’anglaise, Clio Barnard signe un drame attachant au réalisme cruel et bouleversant. Ses deux jeunes pré-ados sont absolument fabuleux.

Signes particuliers (-) : Justement parce qu’il est l’héritier d’un cinéma social anglais de tradition, on ne peut s’empêcher de trouver dans ce joli effort, une forme de déjà-vu et de facilité thématique.

 

CERTIFIÉ CONFORME AU LABEL « CINÉMA ANGLAIS »

Résumé : Arbor, 13 ans, et son meilleur ami Swifty habitent un quartier populaire de Bradford, au Nord de l’Angleterre. Renvoyés de l’école, les deux adolescents rencontrent Kitten, un ferrailleur du coin. Ils commencent à travailler pour lui, collectant toutes sortes de métaux usagés. Kitten organise de temps à autre des courses de chevaux clandestines. Swifty éprouve une grande tendresse pour les chevaux et a un véritable don pour les diriger, ce qui n’échappe pas au ferrailleur. Arbor, en guerre contre la terre entière, se dispute les faveurs de Kitten, en lui rapportant toujours plus de métaux, au risque de se mettre en danger. L’amitié des deux garçons saura-t-elle résister au Géant Egoïste ?

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L’INTRO :

Pour son second long-métrage, la réalisatrice britannique Clio Barnard se réapproprie complètement un conte d’Oscar Wilde, tiré du recueil Le Fantôme de Canterville et autres nouvelles, nouvelle qu’elle transpose de l’époque victorienne dans l’Angleterre de nos jours. Son illustration contemporaine nous entraîne dans le sillage de deux jeunes pré-adolescents en difficulté scolaire et en rupture d’avec le système. Leur rencontre avec un « Géant Egoïste », le titre du film et du conte éponyme, va leur tracer un nouveau chemin qui va s’inscrire dans une destinée que l’on devine vite dramatique sourde et oppressante. Présenté et récompensé à Cannes, puis dans plusieurs festivals, Le Géant Egoïste repose presque entièrement sur les épaules d’un duo de jeunes comédiens non professionnels à peine adolescents, Connor Chapman et Shaun Thomas, véritables aimants magnétiques qui insufflent charme et caractère à cette histoire forte prenant place dans une Angleterre populaire et miséreuse où les difficultés de la vie contrarient nombre d’enfances au quotidien loin d’être idyllique…

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L’AVIS :

A en croire son cinéma qui n’en a visiblement pas fini avec ses douloureux drames sociaux maussades, l’Angleterre semble être la patrie où il fait le moins bon vivre sur notre chère planète. Témoin, ce Géant Egoïste qui vient croiser le style Dickens/Oliver Twist avec l’esprit de l’œuvre d’un Ken Loach. Des enfants, la grisaille, le misérabilisme social, la culture d’un malheur n’arrivant jamais seul, Le Géant Egoïste est un film magnifique sur la forme mais quand même un peu facile sur le fond, multipliant les artifices narratifs pour émouvoir et retourner à grands renforts de poncifs typiques d’un certain cinéma d’auteur ancré avec humanisme dans des thématiques sociales modernes sur la classe prolétaire. Le spectateur est prévenu et peut donc s’attendre à être pris en otage par un étau serré alliant poésie de l’enfance et noirceur contrecarrant son innocence, sur fond de portrait dur des classes d’en bas engoncées dans les dérives d’une société nourrissant la déchéance sociale, faute de solutions viables pour la combattre.

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Drame d’une banalité exemplaire viscéralement terrifiant de réalisme dans son approche formelle, Le Géant Egoïste est affaibli par les clichés de son cinéma composant inlassablement avec les mêmes motifs au risque d’une forme de répétition du fond. Toutefois, détaché de ses références pesantes, l’effort de Clio Banard est un rugueux constat social intense saisissant à vif par le prisme de l’histoire de deux enfants, des préoccupations contemporaines sur l’état d’un pays à deux vitesses où loin de la folie exaltée d’une citée londonienne, surnagent des classes éclaboussées par la boue et la douleur du quotidien. Avec son tandem attachant et son ambiance implacable reflétant des meurtrissures sociales criantes de vérité, ce modeste drame tire une forme de tendresse de son pessimisme atmosphérique qui parvient à nous embarquer par une beauté qui n’était pas évidente à déployer. Barnard, relève d’un Ken Loach vieillissant qui a annoncé il y a peu sa prochaine retraie ? Il faudrait pour cela s’affranchir de l’imitation, Le Géant Egoïste s’harnachant à un cinéma de tradition. Mais ce brûlot poétique parvient au-delà de sa prévisibilité, à trouver une force éprouvante et délicate qui, à défaut d’en faire une œuvre singulière, émeut par sa justesse, notamment au détour de quelques séquences tragiquement puissantes et déchirantes, à l’image d’un dernier quart d’heure de conclusion -un peu long car peinant à savoir quand s’arrêter- mais recelant quelques plans touchés par la grâce et la symbolique (sublime scène sous le lit). Un peu de caractère, pas mal de déjà-vu, mais néanmoins magnifique et bouleversant.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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