Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Secret Life of Walter Mitty
Père : Norman Z. McLeod
Livret de famille : Danny Kaye (Walter Mitty), Virginia Mayo (Rosalind Van Horn), Gordon Jones (Tubby Wadsworth), Boris Karloff (Dr Hollingshead), Ann Rutherford (Gertrude), Florence Bates (Mrs. Griswold), Konstantin Shayne (Peter van Hoorn), Fay Bainter (Eunice Mitty)…
Date de naissance : 1947
Majorité au : inédit
Nationalité : USA
Taille : 1h50 / Poids : Budget NC
Signes particuliers (+) : Une joyeuse comédie rondement menée avec amusement et panache, surfant entre romance, policier et comédie burlesque, à n’en pas douter son point fort et le terrain sur lequel elle joue le plus.
Signes particuliers (-) : Un peu trop figé dans son intrigue policière et sa facture qui a vieilli, cette première version de Walter Mitty qui jouait ouvertement la carte comédie, souffre de longueurs et d’un manque de fantaisie aventureuse qui contraint un potentiel ne s’exprime jamais pleinement. Plus une habile comédie efficace qu’un film intelligent exploitant un propos qui ne demandait qu’à l’être.
WALTER MITTY RÊVAIT DÉJÀ EN 1947
LA CRITIQUE
Résumé : Un Américain timide et sur le point de se marier, vit constamment des rêves éveillés dans lesquels ils se retrouvent dans d’étonnantes aventures. Mais l’aventure va venir s’inviter dans sa vie réelle…
Avant d’être le dernier Ben Stiller à la mode, The Secret Life of Walter Mitty était originellement une nouvelle de James Thurber, parue en 1941 dans le quotidien The New Yorker. Six après sa publication, cette nouvelle à l’histoire follement originale inspirait une première adaptation sous l’égide de Samuel Goldwyn et signée Norman Z. McLeod, spécialiste de la comédie, derrière notamment pas mal des classiques des Marx Brothers. C’était le polyvalent (ou plutôt poly-talents) Danny Kaye qui endossait le costume de Walter Mitty, brave homme loufoque dont les « rêves éveillés » les déconnectaient régulièrement de la réalité pour lui faire vivre toutes sortes d’aventures imaginaires. La plantureuse Virginia Mayo, le flippant Boris Karloff ou encore la belle Ann Rutherford complétaient la distribution de cette production « comique » inscrite au panthéon des grands chefs d’œuvre du cinéma américain, figurant par exemple dans le top 500 des plus grands films de tous les temps du très sérieux Empire Magazine’s. La sortie de la version 2013 réalisée par Ben Stiller était une bonne occasion de se replonger dans cette version « d’antan »…
Si chef d’œuvre la version de 1947 était, alors la question de l’utilité d’un remake se poserait, comme dans la plupart des cas similaires. Sa redécouverte à la lumière du film de Ben Stiller infirme la tendance de pensée selon laquelle les grands classiques devraient être laissés tranquilles dans leur aura lointaine. Non pas que La Vie Secrète de Walter Mitty version 1947 soit mauvaise, loin de là, mais force est de constater qu’il y avait là la place à une nouvelle relecture de cette étonnante et fabuleuse histoire en exploitant toutes les voies laissées de côté par cette version qui se jouait essentiellement sur le terrain de la comédie débridée à l’ancienne.
Mignonne fable doux-dingue et enjouée mêlant ambiance fantastique, esprit surréaliste, comique burlesque, intrigue policière et romance gentiment naïve, La Vie Secrète de Walter Mitty était une plaisante distraction menée tambour battant par un Norman McLeod qui mettait à profit tout son savoir-faire en matière de comique visuel et de vaudeville. L’idée originale de la nouvelle éponyme nourrissait un film un brin farfelu et décalé, porté par un Danny Kaye dans l’un de ses meilleurs rôles avec cet amusant personnage de gaffeur imprévisible déclenchant sans cesse un humour clownesque renvoyant à de nombreuses reprises aux grandes stars du muet tels que Max Linder ou Buster Keaton. Entre ses songes éveillés et la palpitante aventure bien réelle qui va le conduire à devoir se confronter à de dangereux méchants hollandais pour une histoire de carnet noir contenant des informations très précieuses, La Vie Secrète de Walter Mitty proposait une aventure trépidante et pleine de vie, façonnée à la drôlerie permanente renforcée notamment par une délicieuse galerie de personnages secondaires. Gaieté, rythme, situations délirantes, bonne humeur et esprit farceur offraient au film une image agréable et endiablée.
Sauf qu’au-delà du plaisir immédiat de son divertissement rocambolesque, La Vie Secrète de Walter Mitty version 1947 ne menait à pas grand-chose de plus qu’un joyeux et entraînant récit, faute de savoir -ou de vouloir- vraiment transcender son histoire traitée avec gouaille populaire, pour lui conférer une dimension plus élevée que la douce plaisanterie réjouissante. Là où le sujet se prêtait bien à un traitement fin et intelligent avec la possibilité d’un beau récit initiatique, La Vie Secrète de Walter Mitty ne joue pas vraiment la subtilité de ton et recherche essentiellement le comique dans un film typique des grandes comédies de l’époque. Autant de portes fermées qu’il était dès lors possible d’ouvrir. Si l’on ajoute à cela le fait que le film est trop engoncé dans son intrigue policière, qu’il a quand même vieilli (ne soyons pas dogmatiques au point de se cacher une vérité malheureusement bien réelle… Oui, certains anciens films peuvent vieillir, ce sont des choses qui arrivent) et que certains passages s’étirent en longueur, notamment les délirantes mais interminables séquences « musicales » (et ce malgré son illustre moment de bravoure où Kaye parodie avec génie un professeur de musique)… Walter Mitty méritait bien une relecture rafraichie à condition de l’aborder avec respect et malice en lui allant chercher avec intelligence du côté des sentiers encore vierges que son histoire recèle…
Voir la critique de la version réalisée par Ben Stiller ici.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux