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LA SENTINELLE de Paul Schrader : la critique du film [Sortie DVD/Blu-ray]

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Spectateurs

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note 1.5 -10
Nom : Dying of the Light
Père : Paul Schrader
Date de naissance : 2015
Majorité : 15 juillet 2015
Type : Sortie vidéo
(Éditeur : Metropolitan Films)
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : 15 M$
Genre : Thriller

Livret de famille : Nicolas Cage (Evan Lake), Anton Yelchin (Milton), Alexander Karim (Muhammad Banir), Irène Jacob (Michelle)…

Signes particuliers : Fortement critiqué et renié par sa distribution, son producteur Nicolas Winding Refn et son réalisateur, Paul Schrader, dont les financiers ont trahi la vision en remontant le film sans son aval, La Sentinelle sort directement en vidéo. Le film est-il aussi mauvais que ça ?

CE PETIT FILM QUI A TANT FAIT PARLER

LA CRITIQUE

Résumé : Evan Lake est un agent de la CIA désormais affecté à des tâches administratives et souffrant de graves troubles neurologiques. Un faisceau d’indices lui laisse à penser que son ennemi juré, un jihadiste qui l’a retenu en otage plusieurs années avant, serait encore en vie. Contre l’avis de sa hiérarchie et avec l’aide d’un jeune agent, il va retourner sur le terrain afin de traquer le fantôme de son passé.dying-of-the-light-54d2409577fbcL’INTRO :

La Sentinelle… Ce film qui s’appelle en réalité Dying of the Light, en VO dans le texte. Pourquoi est-ce nécessaire de le préciser ? Tout simplement parce que si l’on n’a quasiment pas entendu parler de cette nouvelle bisserie DTV estampillée Nicolas Cage, c’est parce qu’il y a une bonne raison à cela. Et autant on n’aura peu ou pas entendu parler de La Sentinelle, autant on aura beaucoup entendu parler de Dying of the Light. Explications…TDOTL-Day2_154.NEFL’AVIS :

En 2010, le mythique Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver, Obsession, Raging Bull, Mishima et autre La Dernière Tentation du Christ, pour ne citer qu’eux, écrit un script jugé brillant par rien de moins que Nicolas Winding Refn (Pusher, Drive), qui décide de le mettre en scène. Mais le scénariste-réalisateur se montrant très désireux de le tourner lui-même, Refn acceptera alors d’en devenir seulement le producteur exécutif afin « d’aider Paul Schrader avec ses modestes moyens » dira t-il. Refn s’étant fâché avec Harrison Ford, premier choix pour le film, Nicolas Cage entre dans la danse. Le tournage se passe bien, le montage également. Les ennuis viendront ensuite. La mouture présentée aux nombreux co-financiers du film déplaît fortement. Malheureusement, la liste des requêtes de ces derniers s’avèrera totalement incompatible avec la vision de Paul Schrader. Le cinéaste tente alors un second montage mais qui reste somme toute assez proche du premier. Nouveau camouflet. Et voilà comment Schrader a entamé son voyage au bout de l’enfer. Forcé d’abandonner son film aux mains de ces producteurs du dimanche, il découvrira médusé, tout comme Refn, Nicolas Cage et Anton Yelchin, le nouveau montage à paraître, accompagné d’une bande-annonce tout aussi abominable. Bloqué par une clause contractuelle l’interdisant de médire sur le film, la joyeuse équipe rusera et exprimera son mécontentement via une photo qui fera le tour de la toile, en plus d’en boycotter la promo et de le renier sévèrement. Le quatuor Schrader, Winding Refn, Cage et Yelchin, y pose avec un t-shirt (un moyen détourné de ne pas « parler » sur le film) faisant mention de la fameuse clause contractuelle. Un moyen de tout dire sans rien dire, en faisant indirectement passer le message « Nous ne pouvons nous exprimer faute de droit, mais nous faisons savoir que nous ne cautionnons pas ce film qui dénature complètement la vision de l’artiste » (voir l’image en bas de la critique). Voilà. Un nouvel exemple de la guerre auteurs vs studios, dans un pays où le système n’accorde aucune suprématie à la propriété intellectuelle, écrasé par un final cut allant au(x) producteur(s).la sentinelleEt l’objet du délit, donc ? Comme on pouvait s’en douter au vu du contexte, La Sentinelle est bel et bien le navet redouté. La vision de Paul Schrader était-elle vraiment meilleure ? On aura peine à le dire car on ne peut juger sur pièce. Peut-être ressortira t-elle un jour des cartons. En attendant, il faudra se contenter de ce film là, qui ne correspondrait en rien à ce qu’il était censé être. Et de fait, à quoi bon le chroniquer ? Ce qui est sûr, c’est que montage différent ou pas, on ne peut qu’y voir un Nicolas Cage de plus en fatigué, en plus d’être complètement à côté de la plaque dans son « jeu ». Et même si l’on veut bien admettre que la vision de Schrader était très différente, l’était-elle assez pour transformer à ce point le film tout entier ? Car La Sentinelle n’est pas juste un long-métrage manqué ou passant à côté de son sujet, c’est une œuvre littéralement atroce, de son scénario repoussant très loin les limites de l’ennui et de la platitude, à sa mise en scène pataude et sous Prozac, en passant par une direction d’acteurs aux abois, une tension inexistante ou une vision artistique foireuse, montage comme photographie.CbeJMtzInsipide, prévisible, sans âme, apathique, mou, La Sentinelle n’exploite jamais correctement le face-à-face qu’il est censé proposer. Et si l’on entrevoit très vaguement ce qui aurait pu être l’essence de fond du projet, aucune intelligence n’a réussi à filtrer dans le chaos et reste un film d’une débilité sans bornes et armé d’un propos fallacieux. Probablement pas le propos que voulait déployer Schrader, d’ailleurs, alors que son film a été reconverti en arme de propagande pro-américaine à l’égard de la croisade yankee au Moyen-Orient. Mieux vaut que Paul Schrader parte et ne se retourne pas sur ce projet à oublier. Problème, le cinéaste signera pire derrière avec The Canyons.

LA BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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