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DOWNSIZING d’Alexander Payne : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Downsizing
Père : Alexander Payne
Date de naissance : 2017
Majorité : 10 janvier 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h15 / Poids : NC
Genre
: Comédie dramatique

Livret de famille : Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz, Hong Chau, Laura Dern, Neil Patrick Harris, Jason Sudeikis…

Signes particuliers : Inégal, Downsizing séduit dans un premier temps, puis ennuie sur la (conséquente) longueur.

Un film QUI VOIT GRAND !

LA CRITIQUE DE DOWNSIZING

Résumé : Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le « downsizing ». Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie. Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek et sa femme à abandonner le stress de leur quotidien à Omaha (Nebraska), pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie pour toujours. 

On avait quitté Alexander Payne il y a trois ans avec son magnifique Nebraska, probablement l’un des meilleurs films -si ce n’était le meilleur- de l’année 2014. Le cinéaste est aujourd’hui de retour avec Downsizing, fable au concept amusément loufoque imaginant un futur proche où, pour lutter contre la menace d’extinction de l’espèce humaine à cause des conséquences de la surpopulation et de la surconsommation, des scientifiques entreprennent de miniaturiser les humains, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère pour l’humanité. Enfin, sur le papier…

Le postulat de Downsizing était plein de possibilités, et d’ailleurs Alexander Payne semble avoir été conscient de la richesse de son matériau. Ainsi, pendant une heure et demi, le cinéaste joue à merveille avec ses idées, nous plongeant dans un univers délicieusement farfelu tout en ayant une certaine crédibilité, certes décalée, mais rendue plausible. C’est fou comme on y croit à cette entreprise aussi absurde dans l’idée que géniale dans les faits. Et ce mariage de mener le film de réflexion en réflexion, traversant des sujets divers et variés tels que l’urgence face à la menace écologique, les limites de l’idéalisme, le cynisme de la nature humaine, l’économie et la mondialisation, l’égoïsme, l’incapacité d’apprendre couplée à l’éternelle reproductibilité des mêmes erreurs… Étonnement, Payne brasse beaucoup de choses, y compris une formidable coup d’œil jeté sur le couple et les attentes de chacun, mais il parvient à les tenir avec cohérence et intelligence, en orchestrant tout son pamphlet autour de sa drôle d’idée de départ, sa vision futuriste devenant presque un prétexte à une remarquable analyse de nos sociétés actuelles. Malheureusement, le réalisateur va devenir trop gourmand, et c’est là que ses intentions vont finir par se retourner un peu contre lui.

Alors que l’on accepte volontiers la balade dans cet univers fascinant pour ce qu’il présente et pour ce qu’il nourrit comme réflexions, Downsizing va continuer à évoluer, va continuer à vouloir se charger en nouvelles thématiques abordées, au point de franchir le palier du « trop », au risque d’en devenir indigeste. Passée sa première heure et demi, Downsizing digresse, s’embourbe dans les nouvelles directions qu’emprunte son récit, et s’égare dans la cathédrale qu’il a bâti. D’un coup de génie original, audacieux et malin, le film tourne tristement vers l’exposé verbeux et ennuyeux, limite prétentieux, mais surtout brouillon et rébarbatif. Au final, Payne est coupable d’avoir voulu parler de trop de choses, de ne pas avoir su opter pour un angle et de s’y être tenu, comme s’il signait deux ou trois films en un, livrant une proposition interminable du haut de ses longues deux heures et quart. Sans parler des nombreux « trous » de scénario qui viennent petit à petit, fissurer un édifice jusqu’alors solide.

Emmené par un excellent Matt Damon, bien entouré de seconds rôles formidables dont un énorme Christoph Waltz et une épatante Hong Chau, et adossé à un imaginaire visuellement impressionnant, Downsizing est un pari aussi réussi que partiellement loupé, mais dans tous les cas un film qui a le mérite d’évoluer en dehors des clous du cinéma hollywoodien traditionnel. En somme, un succès en demi-teinte pour ce film qui a vu trop grand depuis son univers tout petit.

BANDE ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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