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PRÉSIDENTS d’Anne Fontaine : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Présidents
Mère : Anne Fontaine
Date de naissance : 2020
Majorité : 30 juin 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Comédie

Livret de Famille : Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Doria Tillier, Pascale Arbillot…

Signes particuliers : Une farce politique savoureusement drôle.

 

 

LES DEUX FONT LA PAIRE

NOTRE AVIS SUR PRÉSIDENTS

Synopsis : Nicolas, un ancien Président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien Président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait… Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie.

Dans le paysage cinématographique français, rares sont ceux qui tournent à l’allure d’Anne Fontaine. Plus rares encore sont ceux qui parviennent à maintenir un tel niveau de qualité d’un film à l’autre, ces dernières œuvres ayant toutes été très méritantes. A peine sortie de son excellent (et malchanceux) Police dont la carrière avait été très contrariée par la pandémie, que la cinéaste enchaînait déjà avec Présidents, son 18eme long-métrage. Ecrit pendant le premier confinement qui lui a offert un temps libre imprévu, Présidents est une farce cocasse dans laquelle Anne Fontaine imagine avec beaucoup d’humour et de dérision, le présent des deux deniers présidents de la république. D’un côté, Nicolas Sarkozy, qui tourne en rond dans son chez lui du XVIème arrondissement et qui s’est passionné pour les marques d’aspirateur car « passer l’aspirateur, ça le défoule ». De l’autre, François Hollande, qui s’est réfugié dans sa Creuse profonde et passe ses journées entre promenade, lecture et l’apiculture. Deux anciens chefs de l’Etat qui ont tiré un trait sur la vie politique… avec une rancœur à peine dissimulée.

Comme elle se plaît à le définir, Anne Fontaine signe avec Présidents une simple fantaisie. Pas un film engagé qui veut émettre un commentaire dans cette période pré-électorale, juste une simple comédie rieuse qui s’amuse d’une situation imaginaire avec un esprit complétement absurde. Car on ne va pas se mentir, ce n’est pas d’ici demain la veille que l’on verra Sarkozy et Hollande s’associer pour tenter de gagner la Présidentielle afin de battre Marine Le Pen. Fantaisie ou comédie, appelez ça comme le vous voudrez, Anne Fontaine, elle, parle juste d’un film léger, drôle, déconnecté du contexte et juste désireux de s’amuser un peu avec les thématiques du pouvoir et surtout de l’après-pouvoir. Et si le souhait de la cinéaste était juste de nous divertir et de nous faire rire, c’est réussi.

Présidents est extrêmement drôle et ce n’est pas tous les quatre matins que l’on rit autant devant une comédie française. Deux comédiens fantastiques au service d’une idée désopilante illustrée par des dialogues savoureusement caustiques et hop, le tour est joué. Le risque était que passée l’originalité de l’idée, le film s’essouffle et s’embourbant dans une histoire. Il n’en est rien, au contraire. Tordant au début, Présidents le reste jusqu’au bout. Plus fort, Anne Fontaine parvient à ne jamais en faire une simple distraction bête et méchante. Le sujet n’était pas de vitrioler les deux figures présidentielles qu’étaient Sarkozy et Hollande, ce qui explique pourquoi la réalisatrice les rend aussi attachants derrière leurs défauts. Néanmoins, si Anne Fontaine se moque un peu, c’est plus de ce que le pouvoir provoque chez les êtres humains. Et quand on parle de « pouvoir », quoi de mieux qu’un Président, le sommet de l’Etat. Ainsi, sous ses airs de comédie loufoque, Présidents de se draper d’un côté « farce politique » tout en restant dans un ton très bon enfant. Le jeu de la parodie fonctionne à merveille grâce aux performances de Jean Dujardin (aussi savoureusement cabotin que Sarko lui-même) et de Grégory Gadebois tout en rondeur impayable et en fausse mollesse.

Les vannes et répliques fusent, les références drolatiques sont légion, les gags sont nombreux (et jamais lourdingues) et bien sûr, « toute ressemblance n’est purement pas fortuite » ! Quoiqu’un peu puisque Présidents prévient d’emblée, son Nicolas Sarkozy fait 1m82… ce n’est donc pas la réalité ! Petit régal de cinéma populaire comme on en fait plus vraiment avec juste ce qu’il faut d’intelligence, de regard et de cinéma pour ne pas en faire une ânerie téléfilmée comme on en voit que trop, Présidents est assurément l’une des comédies de cette année 2021, une parenthèse comique, incisive et même parfois poétique avec un vrai propos subtilement niché en creux. Et Anne Fontaine de prouver son talent fascinant en passant d’un genre à l’autre avec bonheur. Après le drame historique avec Les Innocentes, le récit initiatique avec Marvin ou la Belle Éducation, le conte revisité avec Blanche Comme Neige ou le polar engagé avec Police, la réalisatrice poursuit son exploration fascinante d’un « autre cinéma populaire » et réussit cette fois dans la comédie, là où elle avait échoué en 2011 avec Mon Pire Cauchemar. Jouissif !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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