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LE DERNIER PIANO de Jimmy Keyrouz : la critique du film

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Nom : Broken Keys
Père : Jimmy Keyrouz
Date de naissance : 2021
Majorité : 13 avril 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Liban, USA
Taille : 1h50/ Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Tarek YaacoubRola BaksmatiMounir Maasri

Signes particuliers : Un beau drame proprement manufacturé. 

Synopsis : Karim, un pianiste de talent, a l’opportunité unique de passer une audition à Vienne. La guerre en Syrie et les restrictions imposées bouleversent ses projets et la survie devient un enjeu de tous les jours. Son piano constitue alors sa seule chance pour s’enfuir de cet enfer. Lorsque ce dernier est détruit par l’Etat Islamique, Karim n’a plus qu’une idée en tête, trouver les pièces pour réparer son instrument. Un long voyage commence pour retrouver sa liberté.

 

DES NOTES D’ESPOIR

NOTRE AVIS SUR LE DERNIER PIANO

L’art comme acte de résistance contre la guerre et l’obscurantisme. A l’heure où se profile la sortie du Dernier Piano, sa résonance est forte avec l’actualité en Ukraine qui occupe l’espace médiatique. A l’origine, il était un court-métrage de fin d’études à l’université américaine Columbia. Nocturne in Back était né de la découverte par Jimmy Keyrouz via la télévision, du fait que l’Etat islamique interdisait la musique dans les contrées qu’il contrôlait. Le néo-réalisateur s’était notamment inspiré d’une histoire vraie entendue alors, celle d’un jeune pianiste qui jouait du piano pour donner de l’espoir à ses voisins dans un village. Récompensé d’un BAFTA et d’un Oscar en 2017, le court a grandi pour devenir un long, plus fictif mais gardant l’essentiel, sa thématique puissante. Cette fois, ce sera Cannes qui le mettra en valeur en le sélectionnant en 2020. Production américano-libanaise (via la même société qui avait financé le brillant L’Insulte de Ziad Doueri), Le Dernier Piano suit le parcours de Karim, un jeune pianiste d’une petite ville syrienne imaginaire. La musique étant interdite par les islamistes radicaux tenant la région, il joue du piano dans l’abri qu’il partage avec quelques voisins afin de donner encore un peu de joie dans un quotidien ressemblant à un enfer à ciel ouvert. Son instrument détruit lors d’une descente, Karim décide de traverser une partie du pays pour trouver des pièces de rechange. Car en ces temps sombres, son art est une note de lumière.
Risquer sa vie et celles de proches pour trouver de quoi réparer un vieux piano dans un pays en ruines, le « combat » peut paraître dérisoire comme ça mais il est tellement chargé en symbolisme. L’adage dit que la musique est sacrée. Son pouvoir procure des sentiments capables de faire oublier, l’instant de quelques notes, un quotidien de souffrance. En cela, elle peut être un salut pour l’âme, pour le cœur, pour l’esprit, une balise d’espoir comme le dit Jimmy Keyrouz. A travers son histoire riche en émotions, Keyrouz dresse un beau portrait de la Syrie. Une Syrie résistante, une Syrie qui a peur, une Syrie résiliente, une Syrie qui veut croire en des jours meilleurs, une Syrie à terre mais une Syrie qui se bat, une Syrie en ruines mais une Syrie qui se débrouille et qui ne perd pas espoir. Et par extension, on peut voir à travers le film plus qu’un portrait de la seule Syrie. D’où la résonance avec l’actualité ukrainienne.
Avec d’une part ses images magnifiques sublimées par une mise en scène spectaculaire et une photographie extrêmement léchée, et d’autre part son récit puissant porté par un souffle de mélodrame flamboyant, Le Dernier Piano est une œuvre élégante, émouvante, très cinématographique. Un effet à double tranchant d’ailleurs puisque de facto, il n’a pas forcément la spontanéité d’un film tourné dans l’urgence et la difficulté. On sent qu’il a bénéficié d’un budget solide, qu’il a pu se faire dans des conditions sereines et que Jimmy Keyrouz a imaginé cette histoire à distance plus qu’il n’a pu s’y confronter. Cela débouche sur un effort très dramatisé, très orchestré, très romancé, parfois presque un poil trop propre sur lui dans le regard manufacturé. Certains diront misérabiliste et lourdement appuyé mais reste que l’œuvre fonctionne et emporte. C’est le plus important.

 

Par Nicolas Rieux

One thought on “LE DERNIER PIANO de Jimmy Keyrouz : la critique du film

  1. Il n’empêche, l’enfant Ziad sera sauvé tel un survivant qui témoignera, l’aïeul sera sacrifié il ne peut transmettre et le père œuvrera, combattra. Deuil du grand-père, deuil du
    père, deuil de la patrie. Que reste-t-il ? La tragédie est grande.
    Un beau film !

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