Mondociné

ITALIA, LE FEU, LA CENDRE de Céline Gailleurd et Olivier Bohler : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs


Nom : Italia. Il fuoco, la cenere
Parents : Céline Gailleurd, Olivier Bohler
Date de naissance : 2022
Majorité : 15 mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : Italie, France
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Documentaire

Livret de Famille : Avec la voix de Fanny Ardant.

Signes particuliers : Une approche différente des documentaires historiques traditionnels, plus immersive, plus sensorielle, plus poétique. 

Synopsis : Italia, Le Feu, La Cendre est un film entièrement composé d’images d’archives tournées en Italie entre 1896 et 1930, dont la plupart n’ont jamais été montées depuis leur sortie en salles, au début du XXe siècle. Conçu sous la forme d’un essai lyrique et onirique, ce documentaire retrace la naissance du septième art dans une Italie à peine unifiée, de ses premières images jusqu’au parlant et la chute dans le précipice du fascisme. Cette industrie cinématographique florissante a donné naissance au péplum, fait éclore les premières stars, que l’on nommait alors des dive et révélé des cinéastes qui se sont forgés un style en s’inspirant des oeuvres les plus en vogues de l’époque, que ce soit en peinture, en littérature, au théâtre ou à l’opéra. Dans ses fastes, ses délires romantiques, son goût pour l’excès, pour la littérature decadentiste de D’Annunzio, pour le symbolisme et la musique de Verdi, ce cinéma a bénéficié d’une renommée internationale, fascinant les foules et les artistes dans toute l’Europe, et bien au-delà, jusqu’aux États-Unis et en Amérique Latine.

 

FAIRE REVIVRE LE CINEMA MUET ITALIEN

NOTRE AVIS SUR ITALIE, LE FEU, LA CENDRE

On parle beaucoup du cinéma muet français des frères Lumière, Georges Mélies et autre Louis Feuillade. On parle beaucoup du cinéma muet américain des Chaplin, Keaton et autre Griffith. En Europe, un autre cinéma muet avait pourtant une valeur inestimable : le cinéma muet italien. Quand il est évoqué, c’est souvent pour parler du célèbre Cabiria de Giovanni Pastrone, monument précurseur ayant considérablement fait avancer le cinéma en tant qu’art. Mais dans son ombre mémorielle, l’industrie cinématographique italienne balbutiante recelait de nombreux trésors. Beaucoup n’ont pas survécu à la guerre ou au fascisme et c’est bien dommage tant le cinéma muet italien était d’une vitalité incroyable. Italia, Le Feu, La Cendre lui rend un hommage vibrant sous l’impulsion de l’impressionnant travail des documentaristes Céline Gailleurd et Olivier Bohler. 

Italia, Le Feu, La Cendre est un ofni pour cinéphile et non un travail pédagogique classique sur l’histoire du cinéma muet italien. Il ne faut pas en attendre un cours d’histoire du cinéma ou un récit explicatif traditionnel déroulant chronologiquement les étapes de la naissance du cinéma transalpin. Il faut accepter de s’abandonner à un voyage sensoriel, de se laisser porter par une atmosphère envoûtante, de se retrouver comme ces spectateurs du début du siècle, captivés par des images pures qui transfiguraient une simple toile blanche. Des images auxquelles on a ajouté parfois des sons, de la musique, des souvenirs de ceux qui l’ont fait ou vécu (Pirendello, les icones Lyda Borelli ou Francesca Bertini, Giovanni Pastrone, Salvador Dali, Alessandro Blasetti, Fellini…) lus par la voix profonde de Fanny Ardant. Et Parfois rien, juste le silence face à l’image durant de longues minutes.

L’idée de faire revivre le cinéma muet italien selon une approche sensorielle et poétique était intéressante. Italia, Le Feu, La Cendre est un contrepied, pas un documentaire classique mais un film-expérience (voire expérimental) visant à nous replonger avec passion et authenticité dans ce cinéma muet italien d’alors, si vivant, si créatif, si fascinant. De longs extraits livrés tels quels, tel qu’ils ont été montrés la première fois, le documentaire de Céline Gailleurd et Olivier Bohler recrée l’expérience vécue par les spectateurs du début du XXème siècle. Il faut un peu de temps pour accepter la proposition déroutante mais au bout d’un temps, on est happé, hypnotisé par ce travail de re-création, par cette exhumation d’images oubliées, abandonnées ou perdues depuis longtemps. Derrière l’immense et mythique Cabiria de Pastrone, Italia, Le Feu, La Cendre ressuscite des images superbes, des plans formidables, des comédiens et comédiennes incroyables.

Néanmoins, très radical qu’il est dans sa démarche basée sur l’émotion cinéphile, le film manque quand même d’un poil de pédagogie. Certes son intention était justement de proposer autre chose, de ne pas raconter mais de faire revivre. Toutefois, l’on ressort parfois un peu frustré de ne pas avoir le contexte des choses, l’histoire, les explications. Les quelques cartons épisodiques affichés ne suffisent pas à nous permettre de suivre agréablement la chronologie des évènements.

 

 

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux