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Nom : C’est mon homme
Père : Guillaume Bureau
Date de naissance : 2022
Majorité : 05 avril 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h27 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Leïla Bekhti, Karim Leklou, Louise Bourgoin…
Signes particuliers : Une déception.
Synopsis : Julien Delaunay a disparu sur un champ de bataille de la Grande guerre. Sa femme, Julie, ne croit pas qu’il soit mort. Et quand la presse publie le portrait d’un homme amnésique, elle est certaine de reconnaître Julien. Ils se retrouvent et réapprennent à s’aimer. Mais une autre femme réclame cet homme comme étant son mari.
UN MARI POUR DEUX EPOUSES
NOTRE AVIS SUR C’EST MON HOMME
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Guillaume Bureau s’est entouré d’une distribution trois étoiles dont la réunion était particulièrement alléchante. Karim Leklou (qui décidément est partout en ce moment), Leïla Bekhti (idem) et Louise Bourgoin (moins). Ce trio que l’on espérait gagnant vient incarner un triangle tragico-amoureux. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, des centaines de milliers de soldats sont portés disparus. L’un d’eux est retrouvé sur le quai d’une gare, amnésique. Quand son portrait sort dans les journaux, Julie Delaunay reconnaît instantanément son mari. L’ennui, c’est que Rose-Marie Brunet aussi. Qui est-il ? Julien Delaunay ou Victor Brunet ?
S’il se regarde sans réel déplaisir, C’est mon homme coule sous le poids de ses trop nombreux défauts. En premier lieu et le plus ironique de tous, son scénario bancal qui oscille entre la crédibilité douteuse et l’improbable grotesque. Ironique car Guillaume Bureau s’est pourtant inspiré d’un mélange de plusieurs faits divers authentiques, notamment l’affaire Anthelme Mangin dont le feuilleton avait passionné la France. Ce soldat retrouvé amnésique sur un quai de gare avait été « réclamé » par plusieurs familles comme étant leur mari, leur fils, leur frère. L’idée de Bureau était de saisir ce ressort (très intéressant) du deuil impossible, ou quand la douleur prend le pas sur la raison. Toutes ces familles étaient sincères dans leur démarche mais leur désir de retrouver l’être cher perturbait leur sens des réalités les plus tangibles au point de faire fi des évidences pour ne voir que ce qu’elles voulaient voir. L’ennui c’est que trop de choses ne fonctionnent pas dans l’histoire romancée imaginée par Guillaume Bureau. Trop de choses interrogent, trop de petites incohérences perturbent (pourquoi en dehors de ces deux épouses, personne ne peut témoigner de l’identité du monsieur amnésique ? Pourquoi en avoir fait un photographe-portraitiste, la logique voulant qu’il existerait forcément des photographies de lui).
Bref, ces petites gênes mettent le spectateur dans une position de recul-frein, l’empêchant de vraiment se laisser happer tant par l’histoire que par son pseudo-suspens. Pseudo car c’est l’autre point faible du film de Guillaume Bureau, son incapacité à se saisir avec poigne de son triangle amoureux pour lui injecter un pouvoir de souffle court tenant en haleine. C’est mon homme donne l’impression d’avancer dans le vide, sans but, sans direction précise, sans exigence, seulement focalisé sur son idée absolu au point d’être figé dans sa dramaturgie. Manque d’aspérités, manque de puissance tragique, le film s’ecoule comme une rivière calme et sans tumulte peinant à passionner. Et puis il y a ces comédiens, excellents on le sait, mais fort mal dirigés et tous contraint d’appuyer ce que le scénario est incapable de sublimer. Donnant la sensation d’être tous en léger surjeu, ils ne sauvent pas un film qui aurait pu être fascinant d’ambiguïté s’il avait plus d’ambition, d’ampleur tragique et d’esprit d’initiative cinématographique, au lieu de se contenter de donner dans l’illustratif un peu faiblard.
Par Nicolas Rieux