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LA CENSURE À HOLLYWOOD : le nouveau documentaire sur le cinéma des soeurs Kuperberg arrive sur OCS Géants

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Capture d’écran 2015-11-28 à 11.16.10SOIRÉE ÉVÈNEMENT LE 03 DÉCEMBRE À 20H40 SUR OCS GÉANTS

Elles s’appelaient Barbara Stanwyck, Mae West ou Jean Harlow. Ils s’appelaient Tarzan, Scarface, L’Ennemi Public N°1, Baby Face ou La Belle de Saïgon… Leur point commun ? D’avoir brillé dans une période fascinante du cinéma américain, à l’aube des années 30, juste avant que le tristement célèbre Code Hays ne vienne imposer des barrières hautes comme la Statue de la Liberté autour d’un cinéma yankee au champ d’action et aux mouvements artistiques désormais limités. Avec leur nouveau documentaire, les sœurs Kuperberg se penche sur la censure dans le cinéma américain, plus précisément autour de l’avant et de l’après Code Hays. Une nouvelle incursion passionnante dans le septième art hollywoodien, menée par ces deux cinéphiles qui n’ont de cesse d’en autopsier l’histoire depuis 2002 à travers des efforts toujours pertinents, ludiques et riches. Après La Saga Warner, John Ford, Martin Scorsese, Howard Hugues, le syndicat des acteurs d’Hollywood, l’histoire secrète de la Universal, leur passionnant This is Orson Welles ou leur formidable documentaire sur le film noir, Clara et Julia Kuperberg explorent une nouvelle facette de l’histoire cinématographique américaine, pour notre plus grand bonheur de passionnés.

la-belle-de-saigon-2(Mae West dans La Belle de Saïgon)

Érigé en 1930 mais mis en application en 1934, le Code Hays a changé beaucoup de choses dans le cinéma américain. Il l’aura presque autant défiguré que transformé voire, ironiquement, aidé à progresser. C’est d’ailleurs tout le fond de La Censure à Hollywood, documentaire d’un peu plus de 50 minutes qui analyse le Code Hays sous toutes ses coutures, sa naissance, son entrée en vigueur, ses effets, son impact et son héritage. Durant les quatre années qui ont précédé sa mise en application, le cinéma américain jouissait d’une liberté incroyable, presque surréaliste. La morale était sans cesse mise à mal, la sympathie allait souvent vers les criminels, les thématiques développées osaient beaucoup de choses, les femmes y étaient provocantes, les contenus de plus en plus licencieux, la violence et le jeu de séduction étaient capables d’aller loin… Le cinéma américain sera peut-être justement aller trop loin, trop vite. Rapidement, les institutions catholiques ont entamé leur travail de lobbying pour éradiquer ces provocations incessantes à l’égard des bonnes mœurs, en cherchant à détourner le public de ces œuvres « impies ». Les salles se vidèrent, les studios s’inquiétèrent, la MPPDA fut créé et le Code Hays suivra de près.

Will-H-Hays(William H. Hays)

Toujours avec ce même sens de l’explicatif scolaire dans le bon sens du terme, à la fois simple, ludique mais néanmoins hautement passionnant et enrichissant, Clara et Julia Kuperberg plongent à bras le corps dans cette période sur le point de changer à jamais la face du cinéma américain. Le duo illustre avec une grande connaissance de leur sujet, cette période outrageante qui défiait la morale, il raconte comment le « Code » est né, comment les studios se sont retrouvés à la fois à l’origine du mal et du remède, comment ils ont eux-mêmes participé à l’instauration de la censure, comment il serait faux de les penser seulement victimes de ce néo-système, mais aussi comment le cinéma a su tirer parti des règles du Code pour se révolutionner, pour s’améliorer, pour le contourner. Car oui, si le cinéma américain a pu souffrir des ravages censeurs du Code Hays, il a su aussi en tirer des bienfaits substantiels de ses règles extrêmes, et La Censure à Hollywood explique très bien de quelle manière en mettant en lumière le travail des scénaristes qui ont redoublé d’efforts pour se montrer plus sophistiqués et ingénieux dans leurs méthodes d’écriture (voir les exemples du Port de l’Angoisse, Casablanca, Le Banni ou Le Grand Sommeil).

Capture d’écran 2015-11-28 à 11.26.30(Marilyn Monroe dans Sept ans de Réflexion)

Richement illustré avec de nombreux extraits de films choisis avec pertinence, entrecoupé d’interviews, et agrémenté de photos et d’archives aussi rares qu’intéressantes (comme les speech aux allures de pasteur hystérique de William Hays), La Censure à Hollywood est un nouveau voyage dans l’histoire du septième art, conté par deux réalisatrices dont la cinéphilie n’en finit plus d’enrichir nos connaissances à chaque nouvelle sortie. Très instructif, La Censure à Hollywood propose un éclairage édifiant sur son sujet, l’analysant de sa genèse à sa fin dans les années 50-60. Et en fond, une question. Qui commande vraiment ? Quand le public américain en eu marre de l’extrême pudeur de son cinéma alors que la France proposait des œuvres attirantes à l’image du mythique Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim et que la télévision grignotait de l’influence, Hollywood se m’y enfin à produire des films plus audacieux, quitte à défier le système étriqué afin d’éviter d’être dépassé. La censure… Un mal réellement entravant ou un mal bien volontiers accepté, tant qu’il servait certains intérêts sans faire ombrage à la toute-puissance de l’industrie du divertissement ?

Le documentaire La Censure à Hollywood sera présenté le 03 décembre à 23h10 sur OCS Géants, dans la foulée de la diffusion du mythique Lolita de Stanley Kubrick (20h40), objet d’un scandale lors de sa sortie en salle en 1962.

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