Mondociné

CENDRILLON de Kenneth Branagh
[Critique – Sortie Ciné]

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Spectateurs

350162.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 3 -10
Carte d’identité :
Nom : Cinderella
Père : Kenneth Branagh
Date de naissance : 2015
Majorité : 25 mars 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h44 / Poids : 89 M$
Genre : Conte

Livret de famille : Lily James (Cendrillon), Cate Blanchett (la belle-mère), Richard Madden (Le Prince), Helena Bonham Carter (la fée), Stellan Skarsgård (le grand Duc), Holliday Gringer (Anastasie), Sophie McShera (Javotte), Derek Jacobi (le Roi), Nonso Anozie (le Capitaine), Ben Chaplin (le père de Cendrillon)…

Signes particuliers : Encore une version live d’un classique de Walt Disney…

LE PRINCE DE LU ET LA GODICHE DE LA FERME

LA CRITIQUE

Résumé : Le père d’Ella, un marchand, s’est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l’amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère et les filles de celle-ci, Anastasie et Javotte. Mais lorsque le père d’Ella meurt à son tour, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle. Les trois méchantes femmes font d’elle leur servante, et la surnomment avec mépris Cendrillon parce qu’elle est toujours couverte de cendres. Pourtant, malgré la cruauté dont elle est victime, Ella est déterminée à respecter la promesse faite à sa mère avant de mourir : elle sera courageuse et bonne. Elle ne se laissera aller ni au désespoir, ni au mépris envers ceux qui la maltraitent. Un jour, Ella rencontre un beau jeune homme dans la forêt. Ignorant qu’il s’agit d’un prince, elle le croit employé au palais. Ella a le sentiment d’avoir trouvé l’âme soeur. Une lueur d’espoir brûle dans son coeur, car toutes les jeunes filles du pays ont été invitées à assister à un bal au palais. Espérant y rencontrer à nouveau le charmant Kit, Ella attend avec impatience de se rendre à la fête. Hélas, sa belle-mère lui défend d’y assister et réduit sa robe en pièces… Pendant ce temps, le Grand Duc complote avec la méchante belle-mère pour empêcher le Prince de retrouver celle qu’il aime… Heureusement, comme dans tout bon conte de fées, la chance finira par sourire à Ella : une vieille mendiante fait son apparition, et à l’aide d’une citrouille et de quelques souris, elle va changer le destin de la jeune fille…cendrillon_8L’INTRO :

Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton, La Belle au Bois Dormant avec Maléfique, prochainement Le Livre de la Jungle, un autre La Belle et la Bête, Dumbo (encore par Burton) ou encore un Pinocchio dans les cartons, Disney n’en finit plus de vouloir produire des adaptations live de ses grands classiques de l’animation. Et au milieu de cette mode nouvelle, Cendrillon, réalisé par Kenneth Branagh. La magie de l’un des plus célèbres Disney confiée entre les mains du britannique qui reste sur deux déceptions en tant que réalisateur, Thor et The Ryan Initiative. Deux déceptions qui, cela dit, font écho à une carrière de cinéaste qui n’a jamais vraiment atteint des sommets. Scénarisé par le producteur des American Pie et auteur du script de Twilight II, Cendrillon 2015 ne partait pas sous les meilleurs auspices. Le résultat ne surprend guère, sans toutefois s’enliser dans les nimbes de la nullité.cendrillon_2L’AVIS :

Plus que le verdict lui-même d’un film, qui finalement ne fait que ressasser une histoire que l’on connaît par cœur depuis l’enfance en prenant peu de liberté et en se privant de toute surprise, le principal problème de cette adaptation live est de nous conduire doucement mais sûrement vers un questionnement plus général sur son intérêt. Quand Disney touche à ses classiques pour en faire tout autre chose, avec une autre vision et des intentions radicalement différentes (Blanche-Neige et le Chasseur, par exemple), la justification est là, quoiqu’on pense du résultat final. Ici, avec ces versions en prises de vues réelles, ni bonnes ni mauvaises en soi quand on essaie de prendre un peu de recul, Disney ne fait que dans la redite, sans le charme de la nostalgie de l’enfance. cendrillon_4Et pour les plus petits ? Allez savoir pourquoi, mais les dessins animés auront toujours une longueur d’enfance question sincérité et innocence. Peut-être car la magie féerique trouve bien mieux sa voie dans le langage crayonné que dans la matérialisation réaliste, qui se charge en grotesque là où l’animation est une fenêtre sur un « autre monde » onirique où tout est possible. Des souris qui parlent, une fée qui transforme un carrosse en citrouille et des lézards en cochers, un univers candide et coloré, un manichéisme exacerbé… Autant de choses qui sous l’impulsion de l’animation, passent comme de la poésie enchanteresse et merveilleuse. Autant de choses qui coincent au fond du gosier dès qu’elles sautent le pas de l’adaptation live. Et ce charme si propre aux animés, tué dans l’effort de transposition, de drainer avec lui une multitude de choses. Comme le fait qu’avec les films live, on ne peut s’empêcher de s’agacer de la similarité des sujets et des images, chose plus discrète avec les vieux dessins animés d’antan. Exemple typique, les vingt premières minutes de ce Cendrillon, n’ont l’air que d’une gigantesque reprise du récent La Belle et la Bête de Christophe Gans, le talent plastique en moins.423890.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxSi l’on s’efforce de passer outre ce point d’achoppement « animation vs live » qui met d’emblée du plomb dans l’aile au projet, triste de constater que derrière, le film de Branagh n’est tout simplement pas bien bon. Globalement, le cinéaste essaie de faire le job et de renouer avec la naïveté gentillette du conte aux belles images poétiques et enchanteresses, malheureusement elles se retrouvent sacrifiées par une mise en scène sans risque, sans génie, sans rien, seulement au service de l’histoire qu’elle montre platement sans jamais l’incarner. Rien n’y fait. Devant la caméra, l’endive mi-cuite aux sourcils taillés par Edward aux Mains d’Argent, Lily James, ne séduit jamais, pas plus que le bulot constipé qui lui sert de prince, Richard Madden, bien connu des fans de Game of Thrones (Robb Stark) et dont tout le charisme s’est envolé en quittant les Terres de Westeros. On tentera vaguement de dénicher un semblant de charme à la prestation cabotine de Cate Blanchett, mais c’est peut-être finalement la courte apparition de Helena Bonham Carter qui provoquera un micro-quelque-chose dans la torpeur de ce plat, qui aurait bien gagné à être relevé d’un supplément d’âme.cendrillon_3Si la forme affiche un vide artistique des plus regrettable, le fond n’est guère mieux. Lisse et fade comme un couscous mitonné chez Flunch, le script présente quelques curiosités narratives inexplicables. Comme le fait que le dessin animé de 1950 tenait sur une durée de 1h24 là où cette version live s’étend sur près de 1h45. Logique au fond quand on sait communément que les enfants ont un temps d’attention plus court et qu’il est indispensable d’aller à l’essentiel. Si l’on s’attendait donc à voir le récit s’étoffer pour parfaire une vision pour petits et grands, on s’étonnera d’autant plus de voir cette version « réelle » expurger quantité de scènes mythiques et défaire son liant dans un déroulé plus long, mais étonnamment plus condensé et plus mécanique, enchaînant les étapes de l’histoire comme on emboîterait la structure d’un tiroir Ikea. Coutures apparentes et grumeaux dans la pâte à crêpe, la préparation ne prend pas. Vie heureuse, drame, arrivée de la mégère et ses filles insupportables, re-drame, transformation en souillon, cendrillon_7rencontre avec le prince, bal. 45 minutes chrono sont passées, on y a vu que du feu, on a rien ressenti, on a pas eu le temps de souffler, pas eu le temps de s’immerger dans la cruauté du conte, pas eu le temps de voir naître une quelconque étincelle. Adieu la confection de la robe avec les petites souris, qui d’ailleurs ne parlent plus et sont reléguées au quatrième plan de l’histoire. Adieu l’édification de l’empathie en développant un vrai attachement au personnage, le quotidien harassant de la Cendri-boniche intervenant au bout de seulement un quart d’heure, en plus d’être lapidé en quelques minutes factuelles. En lieu et place, bienvenue au kitsch, bienvenue à des images de synthèse à la limite du moche, bienvenue à une régression premier degré de l’histoire, bienvenue à un anéantissement du goût. Sans vision, sans passion et sans personnalité, Cendrillon verse dans le raté, d’enchantement, de merveilleux et de magie. Reste de jolies robe et une pantoufle de verre ultra-classe qui auraient eu leurs places dans la catalogue édition DeLuxe de La Redoute 1692 et puis c’est tout. A part ça, ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants, il la plaqua, elle finit par faire le trottoir avant de crever d’une overdose… Ah non, ça c’est la version Téléphone, pardon. Bref, si l’objectif était de nous pousser à revoir le classique animé, alors, c’est très réussi.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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