Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Ce sentiment de l’été
Père : Mikhael Hers
Date de naissance : 2014
Majorité : 17 février 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Allemagne
Taille : 1h46 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Anders Danielsen Lie (Lawrence), Judith Chemla (Zoé), Marie Rivière (Adélaïde), Féodor Atkine (Vladimir), Dounia Sichov (Ida), Stéphanie Déhel (Sasha), lana Cooper (June), Thibault Vinçon (David)…
Signes particuliers : Un regard sur le deuil porté sur le temps.
DEUIL, CHAGRIN ET TEMPS QUI PASSE
LA CRITIQUE
Résumé : Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu’ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l’absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu’ils ont aimée.L’INTRO :
On avait connu Mikhael Hers en 2010 avec le plutôt décevant Memory Lane, son premier film après plusieurs moyens métrages très remarqués, notamment du côté de Cannes, qui en avait fait l’un des cinéastes les plus prometteurs de demain. Avec Ce Sentiment de l’été, le réalisateur est de retour avec l’espoir de le voir confirmer à travers un sujet difficile, le deuil, qu’il aura décidé d’aborder sous un angle s’écartant du pathos facile, pour mieux embrasser une vision plus générale, étendue à travers le temps, prenant de l’altitude pour observer la vie qui défile avec cette douleur intérieure qui accompagne. Pour le mettre en scène, Hers convoque des comédiens avec lesquels il a déjà collaboré, Stéphanie Déhel et Thibault Vinçon, par exemple. Mais ce sera au fabuleux Anders Danielsen Lie qu’il confiera néanmoins le premier rôle de ce drame solaire, l’acteur l’ayant bluffé (comme tout le monde) par son incroyable prestation dans le Oslo, 31 Août de Joachim Trier.L’AVIS :
Avec Ce Sentiment de l’été, Mikhael Hers confie avoir voulu parler du deuil en prenant comme sujet principal, la vie. Et le cinéaste d’ainsi livrer un effort fragmenté, suivant sur une poignée d’années, quelques personnages connectés par une perte commune. Les années passent, les périodes plus douloureuses que d’autres car chargées en souvenirs, reviennent, la vie essaie de reprendre le dessus, et le cheminement personnel se fait dans une perpétuelle oscillation fragile entre tristesse, éclaircies, mélancolie et renouveau. Un renouveau qui ne rime (et ne rimera) jamais avec l’oubli, mais plutôt avec un souvenir qui progressivement se dilate, le temps faisant son travail d’atténuation du chagrin, lentement mais sûrement, réapparaissant tantôt ici tantôt là, au gré de larmes se faisant plus rares. Jusqu’au jour où l’on se rappelle des bons moments, moins de la tragédie. Tapie dans l’ombre de l’espoir, cette mélancolie auparavant dominante, s’estompe doucement. Et Hers de résumer avec sa chronique, toute l’essence de la schématique du deuil, ce travail sur soi qui prend du temps, alors que son côté sombre est voué à nous accompagner éternellement, mais de manière de plus en plus discontinue et différente.Pour ce qu’il raconte et surtout, par la manière dont il le raconte, Ce Sentiment de l’été ne manque pas de justesse dans le regard qu’il propose sur la douleur de la perte d’un être cher, et la façon de l’appréhender au détour d’un besoin de reconstruction à l’équilibre précaire. Parfois sombre, souvent lumineux, errant comme la vie entre des sensations complexes et indicibles, le nouveau long-métrage de Mikhael Hers tente de toucher du doigt, une certaine authenticité traduite par une pureté sibylline. Sur un thème ô combien pesant et fidèle à ses intentions organiques de départ, Hers a voulu esquiver la lourdeur palpable de son sujet pour mieux s’en aller vers son extrême opposé, vers une sorte de style aérien, peut-être un peu trop d’ailleurs, ne laissant finalement que peu de place à l’emprise du spectateur pour s’y accrocher, pour ressentir ces sensations vraies soulevées par l’histoire. Et Ce Sentiment de l’été de curieusement manquer d’émotion, probablement le contrecoup d’une certaine distance imposée par une mise en scène privilégiant la chronique sobre et insaisissable au portrait poignant. Peut-être aussi le contrecoup de la chronicité de ce qu’il tend à montrer, ces sentiments de chagrin qui reviennent, pas forcément de la manière à chaque fois, mais qui reviennent cycliquement. Ce tournoiement narrativement répétitif est à la fois le coeur du récit et combattu par la subtile évolution du personnage, mais il plonge parfois le film et son illustration d’un processus lent, dans un léger ennui sauvé in extremis par son extrême et authentique délicatesse.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux