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ADAM CHAPLIN (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Adam Chaplin
Parents : Emanuele De Santi
Livret de famille : Emanuele De Santi (Adam), Valeria Sannino, Alessandro Gramanti…
Date de naissance : 2011
Nationalité : Italie
Taille/Poids : 1h24 – Très petit budget

Signes particuliers (+) : Des références geeks rigolotes et un final carrément fun et givré du bulbe.

Signes particuliers (-) : Brouillon, confus, très cheap, avec aucun cachet « cinéma ». Une zèderie qui trouve le moyen d’être très prétentieuse en prime.

 

DEMON VS MAFIA

Résumé : Adam pactise avec un démon pour qu’il l’aide et le guide vers les assassins de sa femme, un clan puissant de la mafia locale…

Quand Ken le Survivant rencontre le mythe de Faust sur l’intrigue de The Crow avec l’esthétique d’une production Troma qui tâche, on obtient cet Adam Chaplin, délire mi-geek mi-expérimental réalisé par le jeune Emanuele De Santi, metteur en scène italien de ce petit film fauché de série Z au look d’apollon culturiste à faire pâlir Arnold Schwarzenegger et Hulk Hogan.

Adam Chaplin n’a pas de tunes et ça se voit. Autoproduit en famille et entre amis avec un maximum de débrouillardise par un auteur qui multiplie les casquettes, du rôle principal à la réalisation, ce modeste film d’horreur ultra-trash tente de combler ses carences par une imagination débordantes de tous les instants. Trop peut-être d’ailleurs. Confus, peu clair et encore moins linéaire et explicatif, Adam Chaplin nous convie à un véritable délire barré extrêmement particulier et original. Basé sur le mythe de Faust en reprenant le gros de l’histoire de The Crow, le film de De Santi nous fait suivre la trajectoire d’Adam, jeune homme dont la femme à été tuée par un mafieux dirigeant en maître une ville dont il a corrompu toutes les instances à commencer par la police, et qui n’a plus que comme seul but, de se venger dans une rage destructrice. Pour cela, Adam a recours à la magie noire et invoque un démon avec lequel il va pactiser. En échange de son aide pour mener à bien sa croisade, Adam va l’héberger  dans son épaule, pour qu’il le guide et lui offrir en retour, bien sûr, son âme. Dans un univers visuel proche du chaos apocalyptique, Adam va entamer sa marche ultra-sanglante et violente.

Adam Chaplin aurait pu être fun si le cinéaste Emanuele de Santi avait pris le parti de réaliser un film un brin plus conventionnel au lieu de s’acharner à vouloir se démarquer du cinéma trash-gore traditionnel duquel il se réclame par une narration hautement prétentieuse mais surtout s’il avait réussi à lui donner un cachet moins nanar de fin d’étude (comme si le récent Hobo with a Shotgun avait été fait pour 10 dollars en gros). Proche du cinéma expérimental, son film cherche de trop à se vouloir différent et « artistique » au point d’ennuyer considérablement par des artifices esthétiques forcés et une narration déviant du cinéma de genre simple et épuré. De Santi préfère s’essayer à l’œuvre formelle, sensorielle et défoncée, tellement perchée qu’elle en décontenance un spectateur finalement pris au piège d’un métrage atypique, dérangé, limite incompréhensible par moments faute, en prime, de ne suivre qu’un point de vue en partant dans tous les sens. De Santi fait des décrochages narratifs inutiles qui n’ont comme résultat que d’apporter encore davantage de confusion à un film qui n’en avait vraiment pas besoin. Dommage car au-delà de la cheaperie kitsch évidente de l’ensemble, le jeune cinéaste à des idées qui explosent l’écran de temps à autre. Des moments trop rares malheureusement mais sacrément inspirés et déments. Ce sont pour tous ces moments laissant entrevoir la culture ciné geek de son auteur, qu’Adam Chaplin mériterait presque le détour s’il n’était finalement pas si chiant et mauvais. Les scènes d’action gores ne font pas dans la dentelle entre visages éclatés ou ouverts en deux, membres arrachés ou brisés en morceaux, hémoglobine coulant à flot, tout ça avant un final épique, le grand moment de bravoure ultra-irrévérencieux du film. Directement inspiré du célèbre dessin animé japonais Ken le Survivant, il oppose notre Adam à ses principaux ennemis pour un duel attendu. Un duel qui vire à l’illustration trash-sanguinolente des pires mangas gores japonais et notamment Ken. Coups de poings démultipliés en plein tronche, arrachages de membres, de cœur, explosions de visages sous la brutalité des uppercut, ce moment de bravoure épique est sans aucun doute le passage le plus réussi du film, avec ses effets, certes peu onéreux, mais plutôt bien fichus. De Santi lâche les chevaux et pond un moment jubilatoire et archi-fun avec un humour jouissivement amoral rien que par son étendard de combat : le reste d’un corps encore vivant et enflammé, empalé sur une barre de fer !

Dans son ensemble. Adam Chaplin est une œuvre fumeuse, limite ironiquement pompeuse dont l’esprit fun régressif est annihilé par les délires surréalistes et expérimentaux de son auteur qui s’est un peu trop pris pour un artiste visuel au cerveau enfumé par quantité de drogues en tout genre au point de vouloir perdre le spectateur dans une péloche informe et barrée aussi bien narrativement que visuellement. Ajoutons à cela son incapacité évoquée à donner une esthétique cinéma à son petit budget tourne a la DV et qui par ses cadrages, ses couleurs sur-appuyées à vomir, sa mise en scène et son visuel, coule à pic vers la série Z douloureuse au regard et le constat en devient assez expéditif. Dommage car sur le fond, Adam Chaplin aurait pu être un trip décalé méchamment culte, ce qu’il parvient à être mais à  de trop rares moments, lorsque la culture geek de De Santi prend le dessus sur ses velléités de pondre un ovni radical et différent.

Bande-annonce :

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