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9 MOIS FERME d’Albert Dupontel
– critique – en salles – (comédie)

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note 7
Carte d’identité :
Nom : 9 Mois Ferme
Père : Albert Dupontel
Livret de famille : Sandrine Kiberlain (Arianne), Albert Dupontel (Bob), Nicolas Marié (Trolos), Philippe Uchan (De Bernard), Philippe Duquesne (Toulate), Bouli Lanners (le policier de la vidéosurveillance), Christian Hecq (Lieutenant Edouard), Gilles Gaston-Dreyfus (De Lime) et des surprises…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 16 octobre 2013 (en salles)
Nationalité : France
Taille : 1h22
Poids : 7 millions €

Signes particuliers (+) : Une farce à l’humour noir ravageur estampillée typiquement Albert Dupontel, qui s’en donne une fois de plus à cœur joie à rire de choses pas drôles sur le papier mais qu’il rend hilarantes avec une haute dose de cynisme positif, de folie débridée et de vrillage vers le bis déjanté parfois jubilatoirement trash. Et le pire, c’est que c’est jamais idiot dans le fond !

Signes particuliers (-) : Presque trop court !

 

LE SALE GOSSE DU CINÉMA FRANÇAIS A ÉTÉ LIBÉRÉ !

Résumé : Arianne Felder, une juge carriériste et célibataire endurcie, découvre tardivement qu’elle est enceinte sans savoir comment ce « malheur » est arrivé. remontant le fil des derniers mois, elle soupçonne la soirée du nouvel an du palais de justice où elle a bu plus que de coutume. Une recherche de paternité la conduit vers un dangereux criminel emprisonné pour des faits horribles…

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L’INTRO :

Et de cinq, comme les doigts de la main, pour Albert Dupontel qui revient avec une nouvelle histoire improbable et absurde investissant le Palais de Justice de Paris pour mettre cette fois-ci aux prises, un lointain cousin criminel crétin de Bernie (l’acteur lui-même) et une juge carriériste sans vie personnelle (Sandrine Kiberlain), réunis dans une farce longuement et douloureusement accouchée sur le papier mais qui, au final, ravira à coup sûr ses fans tant elle a tout du style singulier tant apprécié chez le comédien-réalisateur. Quatre ans après Le Vilain, Dupontel signe son retour derrière la caméra avec une comédie typique de son travail, qui puise son inspiration là où l’on ne s’y serait certainement pas attendu, puisque le cinéaste confesse que l’idée lui en est venue en revoyant le fascinant documentaire passablement dramatique voire déprimant de Raymond Depardon, 10e Chambre – Instants d’audience ! En effet, on est bine loin de l’univers de Dupontel… quoique.

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L’AVIS :

Comme à son habitude, voilà le mauvais élève Dupontel qui va détourner quelque-chose d’absolument pas drôle à la base en y injectant son acide regard de « méchant » garnement à l’humour bien particulier mais si jubilatoire. Et parce que son talent et son génie est si apprécié, nombreux sont ceux qui voit dans une participation à un « Dupontel’s movie », une chance délectable de collaborer avec l’un des plus purs talents de notre cinéma, un peu comme ce serait le cas avec un Woody Allen outre-Atlantique (juste en moins productif). De fait, outre la belle galerie de seconds rôles qui animent ce délire désopilant, nombreuses sont les surprises de casting à prévoir, qui viendront ponctuer le film, avec des guest nationaux ou internationaux totalement inattendus et à mourir de rire et dont on ne dévoilera pas l’identité afin de préserver l’étonnement en espérant que vous n’en sachiez rien jusqu’à leurs apparitions sur la toile (et que vous les reconnaîtrez, auquel cas, se reporter au générique de fin, rubrique « remerciements »).

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Neuf Mois Ferme est donc exactement ce que l’on en attendait, une nouvelle comédie complètement tarée où le trublion Dupontel narre une histoire monstrueuse et pas drôle pour un sou de prime abord, en la détournant comme un jubilatoire moment pétri d’humour noir férocement caustique. Ce nouvel effort arpentant encore les sentiers du décalé, c’est de l’horreur hilarante, c’est un drame terriblement comique, c’est une histoire d’amour loufoque, tout étant question de perception et d’angle dans l’abordage de l’histoire. Acerbe, dingue, trash et sans limite (merci à Dupontel de continuer à se battre contre des moulins pour garder sa liberté et son final cut au lieu de céder à la seule volonté cynique du triomphant succès financier), Neuf Mois Ferme a toujours ce ton unique qui fait la patte de l’auteur, cet humour second degré si singulier que l’on vient systématiquement rechercher dans son travail. Le bonhomme paraîtra alors ignoble ou régalant, tout est affaire d’humour personnel, et les fans adoreront autant que les détracteurs détesteront. Nous, on a choisi, et on adore cette débauche d’humour noir cinglant ultra-rythmée grâce à un sens de la concision efficace et du montage resserré qui colle parfaitement à la folie ambiante d’une histoire ancrée dans l’extrême. Avec beaucoup de surréalisme d’à propos et de comique corrosif qui se marre avec délectation d’abominations dont on pourrait croire qu’il est interdit de rire, et le tout non sans une pointe de cynisme réjouissant sur le genre humain, Neuf Mois Ferme est une farce grinçante, un enchaînement de séquences quasi-cultes dans une pépite inventive bourrée d’énergie et de folie qui ose beaucoup en tapant au passage avec mordant sur le système policier, judiciaire et médiatique. Car oui, on peut faire passer beaucoup de choses avec le comique exagéré et la caricature intelligemment grotesque.

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Explosif, excessif, impertinent, Neuf Mois Ferme est l’une des comédies françaises les plus follement originales et pêchue de l’année, et c’est pas étonnant puisque clairement, il n’y a pas deux Dupontel dans le paysage cinématographique français et chacun de ses films a un ton unique qui le place en marge de tout le reste de notre production souvent aseptisée, superficielle et sans identité. Dans ce mélange de bis, de finesse du fond et de joyeuse vulgarité pourtant jamais abjecte ni bassement potache où l’ensemble du casting s’en donne à cœur joie (Kiberlain parfaite dans son rôle de coincée, Dupontel qui régale en neuneu ou Nicolas Marié délectable en avocat bègue incompétent), le cinéaste joue une fois de plus avec une rencontre impossible à 99% et en tire un gigantesque gag tordant qui parvient au bout de son humour, à séduire et même émouvoir par la tendresse affichée envers ses personnages quelque-part paumés et mal raccordés à la vie. Aaaaah Dupontel, c’est décidément tout un poème et voilà peut-être l’un de ses meilleurs exercices à ce jour ! Un régal, du genre que l’on en redemande encore et encore à la fin, comme des gamins excités devant un joujou comblant de bonheur !

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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