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LE CERCLE DES NEIGES de Juan Antonio Bayona : la critique du film

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Nom : La sociedad de la nieve
Père : Juan Antonio Bayona
Date de naissance : 04 janvier 2024
Type : disponible sur Netflix
Nationalité : Espagne
Taille : 2h25 / Poids : NC
Genre : Drame, Aventure, Thriller

Livret de Famille : Enzo Vogrincic RoldánSimón HempeMatías Recalt

Signes particuliers : Un film réussi et intelligent. 

Synopsis : En 1972, un avion uruguayen s’écrase en plein cœur des Andes. Les survivants ne peuvent compter que les uns sur les autres pour réchapper au crash.

HUMANITÉ ABANDONNÉE

NOTRE AVIS SUR LE CERCLE DES NEIGES

C’est une histoire bien connue et plus ou moins gravée dans la mémoire collective. En 1972, un avion de la force aérienne uruguayenne transportant une équipe de jeunes rugbymans s’écrase dans la cordillère des Andes. Les survivants vont devoir affronter l’isolement, la peur, le froid et la famine. N’ayant d’autres choix pour survivre aux conditions extrêmes en priant d’être retrouvés, ils vont devoir se résoudre au pire, manger les corps morts de leurs amis. 50 ans plus tard, l’espagnol Juan Antonio Bayona porte à nouveau cette histoire terrible au cinéma, après l’adaptation de Frank Marshall en 1993 (avec Ethan Hawke).
Cinéaste expérimenté dans le survival catastrophe se devant de respecter une histoire vraie, lui qui s’y est déjà frotté avec The Impossible sur le tsunami de 2004 en Asie, Juan Antonio Bayona signe un drame qui a l’intelligence de dévier légèrement de ce que l’on aurait pu attendre d’un film comme celui-ci. Plutôt que d’exploiter la corde sensationnaliste du fait divers pour en tirer un thriller-spectacle entièrement focalisé sur l’intensité du récit catastrophe (c’était un peu le cas du sur-appuyé The Impossible justement), Bayona explore surtout la dimension humaine du drame et les recoins les plus psychologiques de cette tragédie s’étant confrontée au sacré, au tabou, aux éléments définissant la notion même d’humanité. Plus qu’une aventure ayant opposé un groupe d’hommes à un territoire hostile, Le Cercle des Neiges est une plongée totale dans une fine tranchée, celle ayant séparé le sublime de l’horreur, l’immensité du piège étroit, l’humanisme bouleversant de l’inhumain horrifiant, le spectacle haletant de l’hommage pudique, l’oppressant du calme… Le Cercle des Neiges est la somme de toutes ces oppositions. Il est habité par la beauté de ces montagnes enneigées autant que par la terreur qu’elles inspirent. Il est bouleversant d’humanité quand des liens forts de solidarité et de fraternité se créent au milieu d’un cauchemar teinté de cannibalisme contraint. Il est saisissant dans ses séquences chocs et intimiste dans la chronique dramatique. Il raconte le pire tout en montrant le meilleur de l’homme quand il se bat ensemble en symbiose avec ses frères devant l’adversité.

Bayona ne s’éjecte pas complètement du carcan codifié du genre. Il ne le renouvelle en rien d’ailleurs. Prologue, catastrophe, récits privilégiant quelques personnages choisis et entretien constant du suspens. Mais parfois, des idées viennent sublimer tout ça, comme la trajectoire du héros-narrateur par exemple. Comme cette manière de ne pas occulter l’horreur des actes de cannibalisme sans pour autant verser dans le sensationnalisme impudique. Comme cette atmosphère particulière qui règne tout au long du film entre tension pure et quiétude métaphysique, lui conférant une allure de sépulture cinématographique propice au recueillement apaisé.

Très sobre, très propre, très soigné, parfois inspiré entre deux séquences plus conventionnelles, Le Cercle des Neiges est un beau film. Pas forcément un grand film mais de cette odyssée terrible et éprouvante, Bayona parvient à extraire une humanité émouvante. Au milieu du pire, naît du magnifique. Au milieu du magnifique, surgit le pire.

 

Par Nicolas Rieux

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