Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Early Winter
Père : Michael Rowe
Date de naissance : 2015
Majorité : 06 janvier 2016
Type : Sortie cinéma
Nationalité : Québec
Taille : 1h36 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Paul Doucet (David), Suzanne Clément (Maya), Micheline Lanctôt (Lucille), Lise Martin (Dominique), Alexandre Marine (Alexandre), Michael Riendeau (Sergei), Ambrosio De Luca (Maxim), Céline Bonnier (Julie)…
Signes particuliers : Un drame québécois qui observe le triste déclin d’un couple.
QUAND L’HIVER TOMBE SUR LA VIE DE COUPLE
LA CRITIQUE
Résumé : David, 40 ans, sa femme Maya, d’origine russe, et leurs deux enfants semblent mener une vie tranquille dans une petite ville au Canada. Afin de combler matériellement son épouse, David travaille jour et nuit comme homme à tout faire dans une maison de retraite. Quand David soupçonne Maya de le tromper, c’est toute son existence qui vacille. Le passé refait surface et menace de tout emporter sur son passage…L’INTRO :
Pour beaucoup, Suzanne Clément, c’était cette voisine bouleversante d’une mère confrontée aux démons de son fils adolescent dans le magnifique Mommy de Xavier Dolan. C’est à en oublier qu’il s’agit d’une des grandes comédiennes du cinéma québécois depuis vingt ans. Elle partage aujourd’hui l’affiche du drame Early Winter avec l’acteur Paul Doucet, sous l’œil de la caméra de l’australo-mexicain Michael Rowe, dont c’est le troisième long-métrage après Año Bisiestro (Caméra d’or à cannes en 2010) et Manto Aquifero en 2013. Présenté en avant-première mondiale à la dernière Mostra de Venise, le film en est reparti avec le prix de la section Venice Days, sorte de Quinzaine des Réalisateurs cannoise pour le prestigieux festival italien.L’AVIS :
L’approche de l’hiver, dehors dans une petite ville du Canada, et dedans, pour un couple confronté aux difficultés de la vie matrimoniale après plusieurs années d’union, c’est en somme ce que raconte de manière à la fois réaliste et métaphorique, ce Early Winter de Michael Rowe, porté à bout de bras par Suanne Clément et Paul Doucet. Dehors, le froid, la neige, la vie qui s’éteint lentement, faisant écho aux disparitions dans la maison de retraite où travaille David, alors que les patients en fin de vie quittent ce monde un à un. Dedans, dans le foyer familial, deux enfants et un couple ronronnant dans une monotonie quotidienne devenue terne et pesante. David travaille jour et nuit pour assurer le confort de sa famille, sa femme Maya semble se traîner un fond mélancolico-dépressif, certains démons du passé rôde au-dessus du couple, la routine est devenue source de triste… Le train de la vie est au bord du déraillement.Pour bien des scènes, des plans, des situations, Early Winter touche du doigt avec une extrême justesse, le quotidien d’un couple à la passion fanée. Le problème, c’est que Michael Rowe n’appuie sur rien son portrait ouvrant une fenêtre sur l’intimité de ses protagonistes. Le cinéaste se contente de montrer une « banalité tristement banale », se contente d’assembler des scènes de vie à l’utilité relative, se contente de suivre le fil de la pelote qu’il déroule sans y apporter quelque-chose, un propos dominant, une valeur forte, une idée motrice. Se cantonner à montrer la réalité dans sa plus pure linéarité ne mène finalement pas ce Early Winter vers quelque-chose de pertinent en dehors de le voir lâcher petit à petit, ses images témoins d’un vécu que l’on connaît ou redoute tous. Et Early Winter d’enfoncer des portes ouvertes avec le pathos comme outil d’action. « La passion, c’est fort au début, et puis ça s’atténue ». « Le vrai amour, c’est l’expression de l’engagement quand la passion s’amenuise ». « La vie de couple, c’est pas facile, il y a des hauts et des bas ». Merci pour l’information. Mais à n’amener ainsi nulle part ailleurs qu’un simple constat sur ce que tout le monde sait déjà, le spectacle de cette monotonie tueuse finit par devenir à son tour mort et monotone malgré le réalisme et la justesse de ce portrait de vie. Dommage que Michael Rowe n’ait pas su injecter quelque-chose de fort pour épauler la narration de sa chronique dramatique, car ses comédiens excellent, car dans les petites choses, il sait être pertinent, car de belles scènes subsistent… Mais le cinéaste regarde son sujet plus qu’il ne l’embrasse et se l’approprie, et c’est là où le bât blesse.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux