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SANS UN BRUIT de John Krasinski : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : A Quiet Place
Père : John Krasinski
Date de naissance : 2018
Majorité : 20 juin 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre
: Épouvante

Livret de famille : John Krasinski, Emily Blunt, Millicent Simmonds, Noah Jupe…

Signes particuliers : Un bon film d’horreur mais pas la claque annoncée.

LE SILENCE EST D’OR !

LA CRITIQUE DE SANS UN BRUIT

Résumé : Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard. 

Annoncé comme LE film d’horreur de l’année après son immense succès aux Etats-Unis où il s’est permis de bousculer les plus gros blockbusters au box office, le phénomène Sans Un Bruit débarque enfin chez nous après avoir terrifié l’Amérique avec son histoire de créatures monstrueuses ayant décimé l’humanité en attaquant au moindre son. Dans ce nouveau monde post-apocalyptique, les rares survivants tentent de s’adapter à ce nouvel environnement mortel avec un impératif primordial : ne pas faire le moindre bruit pour éviter de se faire dévorer dans la minute. Produit par Michael Bay via sa boîte Platinum Dunes (les remake de Massacre à la Tronçonneuse, Amytiville, Freddy ou Vendredi 13) et réalisé par l’acteur John Krasinski (13 Hours) dont c’est le troisième long-métrage et qui a su transformer un budget riquiqui en triomphe maousse costaud, Sans Un Bruit compte au casting, outre Krasinski lui-même, sa femme à la ville Emily Blunt et les jeunes Noah Jupen (Suburbicon) et Millicent Simmons (Wonderstruck).

On ne va pas se priver de dire que Sans un Bruit est vraiment un bon film d’horreur qui sait se montrer très efficace pour ficher une trouille bleue. La chose est assez rare au cinéma pour être soulignée et le plaisir de s’enfoncer d’angoisse dans son fauteuil est toujours délicieusement jubilatoire. Pourtant sur un plan purement horrifique, John Krasinski n’invente pas grand-chose dans le fond avec un film évoquant une sorte de croisement entre Alien et Jurassic Park, avec des touches de Starship Troopers. Humble, le cinéaste reconnaît bien volontiers qu’il n’est pas un expert en épouvante et qu’il a surtout voulu capter l’impact émotionnel et l’aspect familial de ce récit de survie. Tout faisant dans l’effrayant bien entendu, à y être.

Mais s’il n’y a rien de fondamentalement novateur dans cette approche de la terreur, là où Sans un bruit est en revanche bien plus surprenant, c’est dans son concept d’une horreur silencieuse, sans hurlements ni appels à l’aide, avec cet impératif suprême de devoir se contrôler pour n’émettre aucun son, pas même dans les pires situations. Car tout le principe du film tient dans son titre, un bruit et vous êtes mort. Les protagonistes vont donc devoir se priver de dialogues et gérer leur frayeur dans le silence, comme le spectateur va devoir s’habituer à cet univers chuchoteur, dont le faux calme renforce l’impact flippant. Ce pari du silence permanent était une idée audacieuse et Krasinski le gère avec adresse, s’efforçant tout de même de caler des montées de trouille régulières de sorte à éviter que son film n’ait un effet soporifique sur un spectateur peu habitué à ce type d’exercice aux dialogues minimalistes. Ce sera bel et bien sur ce point que Krasinski réussira le meilleur de son film.

Ironique. Bien des réalisateurs très expérimentés dans le domaine de l’épouvante n’arrivent pas à trouver la bonne formule pour faire grimper la jauge du trouillomètre au niveau maximal. Krasinski, qui ne s’est pourtant jamais frotté au genre, y parvient avec une réussite impressionnante. Dans ses séquences de terreur, Sans un Bruit produit une angoisse imparable, utilisant à merveille sa tension, ses jeux de silence et les seuls sons émis par ses créatures effrayantes, pour cristalliser la peur et la porter à ébullition. Et le film de réussir sa mission première, flanquer une trouille monstre, ce qui lui permet de compenser les défauts regrettables qui accompagnent son cauchemar viscéral, comme une utilisation parfois excessive et agaçantes des jump-scare et du hors-champs (le film se préserve de tout gore graphique) ou les trop nombreuses ficelles grossières d’un scénario perméable aux facilités.

Porté par une presse dithyrambique et un public qui l’a applaudi à l’unisson, Sans un Bruit aurait pu être une déception proportionnelle à l’attente impatiente de le découvrir. S’il n’est finalement pas aussi abouti qu’annoncé, le film d’horreur de John Krasinski en a dans les tous cas dans le moteur, jouant par moments sur les terres de l’indétrônable The Descent pour matérialiser un cauchemar que l’on finit par partager avec les protagonistes en se rongeant les ongles. Pour bien faire, Sans un Bruit aurait gagné à davantage chercher à surprendre, ce qu’il ne fait que rarement, mais il serait dommage de bouder son plaisir de voir un film d’horreur percutant qui sait bien jouer avec son univers, son cadre d’action et son caractère à l’ancienne.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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