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OMERTÀ (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Omertà
Père : Luc Dionne
Livret de famille : Michel Côté (Pierre Gautier), Patrick Huard (Steve Bélanger), Rachelle LeFevre (Sophie), Stéphane Rousseau (Sam Cohen), René Angélil (Fagazzi), Michel Dumont (Gilbert Tanguay), Paolo Noël…
Date de naissance : 2012
Nationalité : Canada
Taille/Poids : 1h47 – 7 millions CAN $

Signes particuliers (+) : Des contre-emplois malins et une intrigue efficace et divertissante.

Signes particuliers (-) : Un manque d’ambitions et de moyen donnant peu de relief au film qui passe plus pour un téléfilm qu’autre chose.

 

OMERTÀ : LA LOI DU CANADA

Résumé : Pierre Gautier, un ancien flic reconverti en patron d’une boîte d’enquête privée, reçoit un mandat de la police pour les aider à enquêter sur des activités criminelles depuis un restaurant fréquenté par la mafia locale. Sophie, une de ses fidèles, intègre le restaurant comme employée afin d’éclaircir de l’intérieur les relations entre le parrain Fagazzi, Sam Cohen, un truand récemment libéré et le gérant du resto, Steve Bélanger…

S’il y a bien une chose que Luc Dionne maîtrise, c’est incontestablement l’art du contre-emploi. Faire un film policier sombre avec Patrick Huard qui nous a fait hurler de rire dans Starbuck en flic trouble, avec le comique Stéphane Rousseau en tueur psychopathe et avec le légendaire mééééri René à Céline Dion en parrain de la mafia italo-canadienne, fallait oser ! Et pourtant… Et pourtant, Luc Dionne, dont c’est le quatrième long-métrage a osé. Le cinéaste retrouve la série éponyme qu’il avait créée pour la chaîne Radio-Canada en 1996 (et qui avait couru jusqu’en 1999) pour une transposition sur grand écran. A ce titre, l’acteur principal, Michel Côté, reprend son rôle de l’enquêteur Pierre Gauthier, de même que Michel Dumont qui réendosse le costume de son ex-patron, le directeur de la police Gilbert Tanguay. Et Omertà le film d’être plus ou moins une suite directe à la série télé, reprenant quelques temps après là où elle s’en était arrêtée. Le crime organisé, les flics ripoux, les agents infiltrés, les manigances et enquêtes difficiles font donc leur retour dans un long-métrage à cheval entre le policier et le polar noir voire violent.

Passée la surprise de choix de casting donc pour le moins curieux et originaux, Omertà se révèle être un plutôt bon film de genre, essayant de relancer l’industrie du cinéma québécois un peu à la peine en ce moment mis à part quelques succès rares (comme Starbuck justement). Surtout, Omertà s’aventure en dehors des sentiers habituels pour cette cinématographie qui généralement est plus à l’aise dans la comédie ou la comédie dramatique. Comme le générique de fin le précise, c’est à une vague histoire vraie à laquelle le film se confronte (la part de légende et de vérité restant encore à faire sur cette histoire), abordant une grosse arnaque montée autour d’une fabrication frauduleuse de faux lingots d’or bourré de tungstène.

Policier solide et froid à défaut de déborder d’originalité, Omertà a le mérite d’être un film haletant, prenant le spectateur dans son suspens mené de façon très conscience mais sans grande surprise. Au rang des bons points, on notera une conduite scénaristique carrée et concise, sans concession aussi, ne ménageant pas les personnages et jouant avec eux comme des pions pris dans un immense damier à échelle humaine. L’interprétation aussi, par des comédiens pour la plupart excellents, de Patrick Huard à la belle Rachelle LeFevre (le film fantastique The Caller) en passant par un Stéphane Rousseau sobre, même s’il manque un peu de charisme, contrairement au surprenant René Angélil. On ne manquera pas non plus de relever des dialogues juteux, très lointainement tarantinesques entre humour et impact fusillant. Avec un suspens qui fonctionne et un rythme sans temps mort, Omertà est on ne peut plus regardable.

Mais « regardable » seulement. Car le film de Luc Dionne fait dans le même temps pâle figure à côté des classiques ou des réussites du genre. Si le script a ses qualités, il a aussi ses défauts qui lui dénient toute aspiration d’envergure. Un manque de consistance, un manque d’ampleur, on a parfois l’impression d’être devant soit un excellent épisode de série étendu, soit devant un vrai long-métrage fortement raccourci au montage ou au tournage. Manque de moyens ? Une possibilité devant un film qui aurait gagné à être plus dense, résumant beaucoup de ses personnages au strict minimum, à leur fonction dans l’histoire plus précisément.

Pour résumer, Omertà n’est ni très bon, ni très mauvais. Juste un film policier correct, agréable et efficace, auquel on aurait voir être insufflé plus d’aspérité, plus de densité pour le métamorphoser en une œuvre totalement prenante. Trop court, trop rapide, trop concis aussi, le film de Luc Dionne ne marquera certainement pas et semble très éloigné de l’univers de la série exception faite en terme de narration alors qu’il peine à se muer en œuvre résolument cinématographique. Mais il reste plaisant, c’est déjà ça.

Bande-annonce :

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